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CHAPITRE 18

CHAPITRE 18

Pubblicato 4 apr 2022 Aggiornato 4 apr 2022 Cultura
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CHAPITRE 18

Les révélations de M. l'abbé du Bréau – Poisons et alchimie – Les apostats.

Le retour au Sanctuaire m’avait agité. Au souper, je parus maussade. L’absence de mon frère qui continuait de m’éviter et ce qu’il s’était passé plus tôt m’enlevait le peu d’appétit que j’avais au soir. Je laissais quasiment tout sur la table en sortant de celle-ci. Bontemps affichait son éternel air inquiet, mais n’osa dire mot sentant à mon regard sombre qu’un rien pourrait faire éclater l’orage.

Au lieu de rendre visite à ma maîtresse ou à la Reine, j’allais dans la chapelle du château, qui plus tard disparaîtrait au profit de la magnifique chapelle Royale. À cette heure tardive, je craignais d’y trouver mon épouse et peut-être même mademoiselle de La Vallière. Mes rapports avec Louise étaient devenus compliqués. Je la délaissais pour madame de Montespan, j’aurais aimé retrouver mes sentiments d’antan. Hélas, je ne pouvais cependant me résigner à la laisser s’enfermer dans un couvent. Décision qui lui avait permis de puiser en ma fervente Reine amitié et soutien. J’en étais heureux, mais ne souhaitais me trouver entre ces deux femmes.

Heureusement, ce ne furent elles que je découvris, mais l’abbé du Bréau. Le vieil homme possédait encore toute sa vaillance et sa force de caractère. Il avait été le confesseur de ma mère avant de devenir le mien. Je crois qu’il aurait aimé être celui de mon père si Richelieu lui en avait laissé l’occasion. C’était un brave homme, quoiqu’un peu sévère. Mes amours ne lui plaisaient guère, encore moins ceux de mon frère, mais il avait la présence d’esprit de retenir son jugement. Et en matière de politique, il s’avérait être de bons conseils.

Justement, c’est de cela dont j’avais besoin.

Me sentais-je coupable de prêter oreilles aux vieilles légendes au point d’avoir ressenti devant le Sanctuaire une vive colère en voyant mes mousquetaires piétiner ces lieux ? C’est fort possible. C’est après tout pour cela qu’on venait se confesser, pour reconnaître ses moments de faiblesse et s’assurer que la prochaine fois, on les combatte plus aisément.

Je voulais également savoir s’il avait eu vent de ces messes noires. Mon instinct me soufflait qu’il y avait là un danger, mais j’avais besoin de quelque chose de plus tangible que l’avertissement d’un spectre en songe. En tant que confesseur, il connaissait tous les secrets de la cour.

— Mon père, je dois vous entretenir d’une affaire délicate.

L’abbé m’enjoignit à lui parler en marchant vers les fenêtres qu’il fermait au soir non sans observer longuement les jardins éclairés des milles et un flambeau disposés dans les allées et auprès des fontaines.

— Auriez-vous entendu parler de messes noires ?

Je ne pouvais m’empêcher de guetter ses réactions. Il pivota sur lui-même et me fixa d’un grand regard sombre, mais aucune stupeur ne s’y nichait, ce qui me surprit.

— Majesté, je reçois beaucoup de confessions inquiétantes. Il ne s’agit pas seulement de messes noires, de voyants et de sorcières consultées par vos courtisans, il y a également des poisons et des potions d’amour achetés auprès d’alchimistes. Certains demandent même des mauvais sorts. Je crains, Votre Majesté que votre Cour soit empoisonnée.

Littéralement, d’après ce qu’il disait. Hélas, les poisons avaient toujours été utilisés dans les Cours de tout pays, arme des espions évidemment, mais aussi arme des épouses empressées et des neveux ayant des problèmes d’argent. Cependant, en voyant l’air alarmé de mon confesseur, je devinais que ces horribles meurtres étaient plus répandus que je ne le pensais.

— Je suppose qu’il serait contraire au secret de la confession que vous donniez quelques noms de ces empoisonneurs à Monsieur de La Reynie ?

L’abbé s’approcha de moi, avec un air grave assombrissant ses traits.

— Lorsqu’il y a danger de mort, je pense qu’on peut briser ce secret. L’Église n’interdit pas de le lever afin de sauver des vies.

— J’organiserais une rencontre alors afin que vous transmettiez les noms de ceux que vous jugez dangereux et si possible, ceux que vous pensez en danger.

La Reynie qui enquêtait déjà sur le sujet saurait s’en occuper. J’étais plus inquiet à propos des messes noires. Si le sacrifice dans les bois avait été fait par des courtisans, il y avait là quelque chose d’effrayant, qui s’ajoutait au sentiment que j’avais eu face au Sanctuaire.

— J’aimerais que vous m’en disiez plus sur les messes noires, mon père.

Son regard se referma quand je prononçais ces paroles.

— Vous ne désirez pas entendre cela, Majesté. Je dirais tout ce que je sais à monsieur La Reynie.

Je me retins de lui ordonner d’un ton sec de m’en laisser seul juge. La colère parfois me possédait, toutefois j’avais appris à la garder en moi et à m'en servir comme énergie. Je devais veiller à ne pas la laisser éclater. J’avais blessé Mère autrefois avec et plus encore mon frère. J’inspirai donc longuement, puis posais sur l’abbé un regard parfaitement assuré sans être dur pour autant.

— Je dois savoir, mon père.

Ses yeux continuèrent à m’implorer un bref instant, rencontrant un mur de froideur et d’autorité, il finit par céder. Tous finissaient par le faire à l’exception de mon frère et d’Athénaïs, c’était peut-être bien pour cela que je les aimais autant, c’était les seuls à me tenir tête. Mais c’était les seuls à qui j’autorisais cela. Parce qu’ils possédaient tous deux les clés de mon cœur. Le reste devait ployer devant mon autorité.

— Les récits que j’en ai entendus évoquent des sacrifices de nouveau-nés, d’une chapelle désacralisée qui seraient les ruines d’un sanctuaire très ancien dans la forêt à quelques kilomètres du palais, et… oh sire… ne m’obligez pas à vous le dire.

J’insistais en lui imposant d’un regard ma volonté.

— Si vous insistez… il semblerait qu’il y ait des curés… des abbés… ce sont des apostats, sire, qui bafouent la religion et Dieu !

Le pauvre homme se signa à plusieurs reprises comme pour conjurer le sort. Ses mains tremblaient alors qu’il exécutait le signe de la croix. Je l’observais avec bienveillance pour le soulager.

— Ne vous inquiétez pas mon père, nous les arrêterons. Je sais bien ce qu’ils sont, et en tant que représentant de Dieu, je me dois de les arrêter. Nous le ferons ensemble si vous le voulez bien.

Bien qu’il était sans doute trop âgé pour une pareille chasse, il me jeta un regard reconnaissant. La honte le submergeait et j’en voyais les traces sur ses traits.

Suivez l'enquête et appenez-en plus sur les messes noires en lisant les chapitres suivants !

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