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Chapitre 4 Le jour de Noël

Chapitre 4 Le jour de Noël

Publié le 13 oct. 2021 Mis à jour le 5 févr. 2022 Culture
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Chapitre 4 Le jour de Noël

— Il faut dire que les idées de recette foisonnent dans ma tête.
— Ce n'est pas pour me déplaire, Didier ! C'est au moment de Noël où tu as le plus de temps pour cuisiner.
Valérie se lève.
— Je sais que nous n'avons pas de convive, mais ce n'est pas un prétexte pour glandouiller ! Surtout nos petites fourmis s'activent ! Toutefois, un peu ménage avant de se mettre à table serait nécessaire ! Ils ont cette négligence en eux ou cela vient de moi ce sentiment.
— Ils sont parfois indolents.  Il faut toujours les booster pour agir. Et toi, tu es la femme martyre. Je les vois mal marchands plus tard: ils ne sont pas assez facondes et trop renfermés sur eux-mêmes.
— Et nous ? Au lieu de jacasser, nous ferions mieux…
Valérie accapare le balai et Didier l'intercepte. Elle se courbe avec sa pelle ; Didier pousse la poussière avec les épines. Puis, Didier retourne aux fourneaux surveiller ses plats. Les vapeurs sur les carreaux pour la cuisson des casseroles réchauffent la pièce.
Le dîner se passe dans l’enthousiasme et la bonne humeur et le soir. Avant de se coucher, les pantoufles sont déposées auprès du sapin. Lorsque les enfants sont bien endormis, Didier et Valérie profitent pour poser les cadeaux. Le lendemain, la séance d'ouverture se déroule sans problème. Ils s'extasient avec des exclamations de joies. Les désirs sont réalisés. Quand le déballage est terminé, les enfants regagnent leurs chambres. Les papiers déchirés s'étalent un peu partout. Exaspérée, Valérie fulmine à nouveau et ne peut pas s'empêcher de s'écrier :
— Vous n'avez rien dans la tête ou quoi ? Vous prenez vos parents pour vos boniches ? Vous pourriez avoir la présence d'esprit de jeter le papier cadeau ? Mon cœur se transforme en cristal. J'ai tellement mal en ce moment. Irascible, désagréable avec des autres, je m'isole d'eux. Tout m'énerve, je n'avance pas. Renfermée sur moi-même, je ne sais pas à qui m'adresser. Enfoncé dans un gouffre, j'étouffe dans cette obscurité sans voir la lumière. Ma sensibilité à fleur de peau, mon humeur joue au yoyo. Malade au point de culpabiliser, chaque mot utilisé de ma part me plonge dans l'inquiétude et dans l'angoisse permanente. J'ai envie de quitter cette vie déplorable, misérable à mes yeux. Je m'adresse à des murs et j'exaspère, je perds patience un peu plus tous les jours. Ils ne se rendent pas compte de mon état. J'ai envie d'envoyer valser. Mon désarroi se masque par mon sourire crispé. Je suis au bout du rouleau au fond de moi. Ça va péter !
Aucune manifestation, Didier ne se mêle pas, il lave la vaisselle de la veille.
Assise sur le canapé pour attendre ses enfants, sa tête a commencé à lui tourner. Elle rêve. Elle a une paire de ciseaux dans sa main, elle tremble. Pourquoi faire ? Elle croit mourir foudroyée par ses pensées soudaines de les planter dans le corps de Matthieu et Stéphanie. Ses yeux s'ouvrent. L'image de sa grand-mère décédée qui survient, elle lui transmet un message :
— Petits enfants, petits soucis, grands enfants, grands soucis, ne l'oublie jamais.
Elle se réveille.
De rage, elle fonce d'un pas décidé. Elle plisse la glabelle avec son air sévère.
— Vos déchets ne sont toujours pas à la poubelle. Vous êtes fainéants avec un poil dans la main.
Hébétés, Stéphanie et Matthieu se regardent.
— Pourquoi dis-tu cela avec agressivité ?
— Matthieu, tu deviens ignare à ce point-là ?
— De quoi permets-tu de nous insulter ?
— Il n'y a que la vérité qui blesse ! Vous n'êtes plus à l'âge où je dois repasser derrière vous. Vous abandonnez tout en plan.
— Tu sais quoi maman ? Vu comment tu nous jaspines, je n'ai aucune envie d'exécuter et de me rebaisser.
Matthieu se montre encore menaçant avec ses yeux qui la fusillent. Stéphanie descend et elle laisse sa mère dans l'affrontement. Bien qu'il ait une beauté d'un apollon, elle le prenait pour un demi-dieu. Il ose avoir un regard de mépris. Elle tombe des nues. Il se rue sur elle ;  elle se déséquilibre et elle se rattrape à la rambarde de l'escalier. Son âme est blessée et elle ne peut pas nier. Didier n'est jamais témoin du comportement de son fils. Stéphanie remonte et snobe son frère. Jouer un rôle, c'est sa came, elle obtient souvent le succès avec le césar avec son père. Toutefois, elle l'agace et il utilise sa force pour la bousculer. Cet élan violent choque Valérie un véritable coup de massue. Affligée, elle se mord les lèvres. Les relents de la cuisine planent avec un mélange d'arômes. Par la lucarne, elle distingue les nombreux cumulus. Les larmes lui ruissellent sur le visage.
— Je ne suis pas faite pour être mère, c'est clair et sans appel. Je ne sais pas si Matthieu m'aime et ce qu'il a contre moi. Or, je n'ai rien provoqué cela particulièrement. Il utilise la violence pour me passer un message et je dois lire entre les lignes. Je suis peut-être loin d'être perspicace mais pas sotte. Si je m'absente un moment, je confronterai Didier à reprendre le flambeau. Il remédiera au problème mieux que moi. Je parais inapte, incapable, il sera plus à l'aise, il saura d'où vient le souci avec Matthieu. Je n'ai pas la patience ni le doigté ni la diplomatie. Allez, quoi, Valérie ! Ne te laisse pas abattre ! Tu ne peux pas agir ainsi ! Reprends-toi, c'est un coup de cafard !... L'hiver est toujours plus difficile à passer ! Il faut éliminer les mauvaises ondes. Vivement le retour du printemps que je puisse cueillir des œillets, car j'ai noté que Matthieu semble plus serein dans cette période. J'ai des envies de vivre sur une ilote pour une tranquillité au soleil. Avec ce froid de Sibérie, je me gèle ! Avec nos réserves, nous n'allons pas tomber d'inanition ! Plusieurs rôtis sont dans le congélateur. On pourrait organiser comme un bal et détendre l'atmosphère. Personne ne se préoccupe de mes désirs. Je nage en pleine émersion dans une eau. Si seulement je pouvais partir vers les Bermudes, je devrais prendre ma calculatrice pour le nombre de kilomètres. Je ne sais même pas dans quel coin de la planète où cela se trouve. Je perds mes marques en tant que mère. Je dis n'importe quoi.
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