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Chapitre 32 Entre le père et la fille. 

Chapitre 32 Entre le père et la fille. 

Publié le 23 févr. 2022 Mis à jour le 23 févr. 2022 Culture
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Chapitre 32 Entre le père et la fille. 

Valérie se réveille en sursaut. Son rêve sur son passé ne laisse pas indifférent et l'ébranle. Pourquoi songeait-elle à lui ? Ses pensées les plus profondes remontaient à la surface. Un simulacre, une fausseté, une menteuse auprès de ses parents et de Didier. Sa mère lui avait sommé à renoncer à cette union. C'était irrationnel d'épouser Pierre. Rose avait souvent répété le même discours et ce manque de décence de sa part. Jean se reléguait pour la raisonner avec plus de tact. Le jour de mariage, ils étaient chez eux. Ils n'avaient pas envie de champagniser.
Ce n'était pas une période propice. Toutefois, Valérie avait obtenu son sésame. Rose lui avait fait tant de mal dans sa jeunesse, l'avidité de Rose à vouloir absolument un bac avec mention, à exiger qu'elle fasse de grandes études. Elle était prête à débourser une fortune pour elle, même l'aider à créer sa propre entreprise sûre et qui aurait eu une rentabilité. Valérie se révoltait contre sa condition à la maison, c'était pour cela qu'elle se tournait à la danse. Elle implosait à rendre l'atmosphère. Au point de croire d'avoir le diable incrusté dans son corps.
Néantisée, Rose démissionnait avec sa fille et coupait les ponts avec elle.
Tout venait d'elle. Si seulement elle n'avait pas été une personne rustre, cela aurait été moins radical, il ne l'aurait pas séduite.
Son cœur se darde d'une pique, d'une estocade à la saigner. Le problème avec sa famille réside là. Elle réemploie les mêmes erreurs. Pour globaliser, elle a eu tort surtout depuis toujours.
Si elle voulait se redorer son blason, elle devrait fournir des efforts pour converger sa fierté, son orgueil. Retrouver une âme apaisée. Si Pierre ne s'était pas trouvé sur son chemin, elle aurait fini démuni. Elle ratait tout.
Elle jette un coup d'œil sur ses lettres enrubannées. Ses découvertes sur son passé la rendent encore plus triste.
Elle ne méritait pas Didier, d'avoir établi un mariage avec un tissu de mensonges. Ni Pierre. Matthieu ne devait pas garder la maison de son père, là, où était toute sa souffrance d'avoir agi à l'encontre de ses parents. Il devait rétrocéder aux enfants de Pierre. Ils étaient avant lui et habitaient jusqu'à leur majorité. De quel droit avait-il joui d'un bien, car Matthieu, lui-même, n'avait vécu que les trois premières années de son existence ? Il n'en avait pas le souvenir ou si peu. Elle était pourtant bien située dans la ville près des écoles et des commerces. Des structures autour d'elle permettaient de garder un pignon sur rue.
Son ancienne ardoise est encore sur son bureau. Le temps ne s'était jamais arrêté. La nuit commence à venir, elle ferme ses volets et laisse un espace. La lumière du réverbère ajoure à travers des petits trous. Elle va dans la salle de bains, elle tourne le robinet de la baignoire et l'eau s'écoule. Une fois remplie, elle se déshabille, elle pénètre en introduisant d'abord les pieds. Le temps de s'habituer à la température, elle bouge avec ses mains le remous de l'eau et la balance. Une envie de se noyer et de disparaître. Cette répugnance envers elle la torture. Trop de déceptions, trop d'écarts, elle enrobe tout en même temps. Cette similarité la gêne et c'est douloureux. Comment réviser tout cela ? Pierre était mort, Didier ne lui donne pas de nouvelles. Et si c'était terminé ?
Elle suffoque dans des sanglots à n’en plus finir.
Elle se déteste, elle se maudit. Elle pouvait perdre Didier, c’était contingent. Lorsqu'elle sort de son bain, un SMS de Didier n'amortit pas sa peine : j'ai besoin de réfléchir sur notre couple. Cette passion ardente entre nous s'éteint. Toi qui m'avais ébloui et émerveillé par ta beauté d'âme, tu as tout faussé. Je te dis sans filtrage : une séparation est envisageable. Je ne souhaite pas me précipiter ni me prononcer définitivement. Didier.
C'est rude, difficile à accepter une telle décision. Ses yeux se remplissent de larmes. Elle voudrait délester tout le poids de sa responsabilité. Ses parents étaient sortis pour une soirée animée dans la ville de Vannes. Jean d'humeur luron avec les cotillons dans les mains. Malgré sa maladie, il profite de petits moments de fêtes. Dans sa poche de son pantalon, un tract chiffonné dépasse.
— Valérie, que se passe-t-il ?
— Où est maman ?
— Tu sais bien que ta mère est toujours retardataire ! Elle rentre la voiture et elle flâne dans le jardin.
— Nous sommes tranquilles tous les deux.
Valérie lui lit le message de Didier. Sa voix s'étrangle et s'entrecoupe. Jean avec son corps corpulent, il l'attire vers elle. Elle pose sa tête sur son épaule, elle est plus grande que lui. Rose se ratatine de quelques centimètres alors qu'elle eut la même taille que Valérie. L'admiration qu'elle avait depuis toujours. Elle se retrouvait dans la peau d'une petite fille qui se confiait à son père. Elle le serre dans ses bras, alors qu'il n'avait pas fait jusqu'ici. Elle entend sa respiration saccadée. Ses mains chaudes la rassurent. Il n'avait pas consacré beaucoup de temps pour ses enfants. Avec sa retraite, il dispose de plus de liberté pour s'épancher sur les ennuis de ses enfants. Il mesure la chance d'avoir Valérie à côté de lui et cette carence affective. Il n'avait pas présent pour elle ni pour les autres. Il n'avait pas appliqué son rôle de père. Il déléguait son autorité à sa femme. Trop occupé avec les débats, les réunions, ses slogans qui se renouvelaient une vie de sprinteur. Il aurait dû choisir la filière politique pour ses études. Il s'était contenté de rejoindre un parti, il se donnait déjà beaucoup. Il avait tellement appuyé sur l'embrayage que sa santé a pris un coup.
— Tu peux gîter ici.
— Merci, papa.
— Ne t'occupe pas de ta mère, de ses réflexions.
C'était un moment si agréable pour elle. Il était extrêmement sincère qu'il est persuasif.
— Toi et moi, nous ne referons pas le passé, mais réparons nos fautes. C'est encore possible avec Didier.
— Je ne sais pas.
— C'est vrai que ta mère et moi, nous n'avons pas compris ta relation avec Pierre. Après mille et une question dans notre tête, la raison était si évidente. Je ne t'ai pas apporté mon affection et tu as vu en Pierre un père de substitution.
— Maman me faisait vivre un enfer, je voulais à tout prix me caser pour sortir de cet environnement qui ne me convenait pas. Je n'avais pas ma place.
— Je comprends.
— Je ne crois pas.
— Bien sûr que si.
— Tu ne te rends pas combien j'ai souffert.
— Je me doute.
— Tu as eu ta propre version de la part de maman qui m'a tellement sali.
— Je suis désolé. As-tu mangé ?
—Non, je n'ai pas faim.
Valérie se retire et l'embrasse.
— Je m'excuse de tout le mal que j'ai pu…
— Ma fille, nous sommes tous responsables de notre comportement.
— Papa… Merci, je t'aime.
—Moi aussi, je t'aime ma fille.
Ces mots étaient venus naturellement, ce n'était pas dans leurs habitudes ni à l'un ni à l'autre. Chacun en était bouleversé et lorsque Rose rentre, un blanc se crée pendant quelques secondes, Valérie fredonne un air d'une chanson. C'est pourtant un bon démarrage. Tout dépend de Rose.
—Je vais me coucher. Bonne nuit, à tous les deux.
— Bonne nuit, Valérie, rien n'est perdu avec Didier.
Jean sourit, Valérie regagne sa chambre. Rose s'étonne et ahurie de voir Valérie si calme et si dépitée.
— Je vais te l'expliquer, ce n'est pas la peine de faire des yeux gros comme une soucoupe !
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