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Chapitre 31 Vingt-deux ans plutôt. 

Chapitre 31 Vingt-deux ans plutôt. 

Publié le 22 févr. 2022 Mis à jour le 22 févr. 2022 Culture
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Chapitre 31 Vingt-deux ans plutôt. 

Vingt-deux ans plus tôt. Valérie a quatorze ans.
La communion solennelle de Denis.
Après la cérémonie religieuse, le repas a eu lieu au restaurant avec les cousins et les cousines, oncles et tantes. Pierre était là sans Christine. Il ressemblait à Rose et Valérie le remarque. Ses yeux ne se détachent pas de lui — elle l'épie dans sa manière de parler, sa gestuelle, ses mimiques, ses répliques. Il porte des mocassins marron et il est habillé tout en blanc qui lui donne une allure angélique et de séducteur. Il rit avec Rose. Valérie n'entend que des bribes de conversations, tout le monde discutait autour de la table.
— Je suis bidonné, Rose.
Le fond sonore empêchait la compréhension de tous les mots. C'était aussi bruyant que dans une cantine ou dans un poulailler où des poules caquettent.
— Christine n'est pas là pour des raisons de santé.
— Elle s'est enamourée d'un ancien codétenu trempé dans des affaires magouilleuses ! Il a écopé plusieurs années de prison. Un article était apparu à l'époque, cela a fait un tabac. Il parlait de rançon et d'un meurtre d'un artisan, un vrai polar. Ta femme a cotisé pour le remettre sur pied dans une nouvelle entreprise. Grâce à elle, il a pu monter une agence immobilière.
— Ce ne sont que des rumeurs.
— Ben, elle serait là sinon.
Pierre hausse les épaules.
— Lorsqu'il s'agit de polémiquer, la chasse est ouverte ! À partir du moment où on voit une femme avec un homme autre que son mari, c'est une histoire d'amant et de maîtresse. Avait-elle gagné à la loterie ?
—J'ai vu ton fils traficoter à la sortie du lycée.
— Pfffffffffff !
— De toute façon, je n'augurai rien de bon avec ton union Christine. Dommage que nous soyons cousins, nous avons flirté jadis.
— Rose, j'avais bu ce jour-là.
— Cela ne comptait pas pour toi, bien évidemment.
— J'ai eu honte et une envie de m'exiler après ce que je t'ai fait.
— Il n'empêche que je suis tombée enceinte, mais le bébé n'était pas viable.
Dérouté, cette nouvelle déstabilise Pierre. Cette journée riche en émotions rend Pierre dépité. Rose regrette sa confidence. Elle se retire et s'en va dare-dare d'un pas décidé. Pierre la suit. Valérie fait de même. Quelque chose se passe entre eux et vu la tête de Rose, c'était sûrement important. Ce n'était pas souvent qu'elle apercevait sa mère dans cet état. Valérie devine un lien affectif particulier.
Rose se perche sur un rocher surélevé. En contrebas, une rivière serpente entre les pierres. Rose accroche sa robe à une ronce prise dans les hortensias et un bout de couture se découd. Des copeaux font le contour des plantations. Une trace de griffures sur son genou. La végétation dense avec ses touches de couleurs se peint sur un tableau. Rose soupire et profère son mécontentement. Valérie se cachait derrière un arbrisseau.
— J'étais ingénue et péronnelle pour imaginer une relation avec toi Pierre.
—Nous étions jeunes.
— Juste avant mon mariage avec Jean. Ceci doit rester confidentiel.
— J'étais réputé comme un talentueux séducteur. La dérision est ma réussite pour plaire à une femme. J'ai une sacrée chance. Désormais avec ma nouvelle nomination, je vais monter en échelons. Je vais déménager vers Lyon.
— Tu veux toujours le prestige. Je pressentis qu'on ne se reverra pas.
— Ne dis pas ça.
— C'est mon intuition.
Ils s'entrelacent avec affection.
—Nous devrions retourner auprès des autres. Puis, tu sais, Jean est un petit veinard, si tu n'étais pas ma cousine…
Simon sortit du restaurant, court dans la cour cimentée. Polisson, une voix raucité le rappelle à l'ordre. Il venait d’ébrécher un verre à présent. L'eau s'était renversée sur la nappe. il jouait et riait avec les autres enfants.
— Ce n'est pas ma faute tonton, c'est Denis qui voulait me chiper dans mon assiette.
Rose, compromise, se retire des bras de Pierre. Embarrassée de voir son fils dehors, elle la rend calamiteuse.
— Difficile de tenir des enfants, ce n'est pas très émoustillant. Je ne suis pas d'humeur à supporter cela, surtout aujourd'hui.
— Pourquoi ?
—Simon a une telle tonicité et Denis capricieux et encore, c'est un euphémisme. Parfois, des baffes se perdent.
—Allons, dépêchons-nous de nous servir au buffet avant une pénurie de la pitance !
Pierre n'était pas nanti ni dans la luxure, il utilisait souvent l'ironie pour détendre Rose. Il ne voulait pas que des calomnies sur eux durant leurs absences.
Six ans plus tard, Valérie a vingt ans.
Entretemps, elle a oublié Pierre dans ses souvenirs d'enfant, elle est devenue une adolescente, lorsqu'elle revoit Pierre, c'est un coup de foudre.
Un instant bouleversant.
Inattendu.
Ne pas souhaiter.
Ne pas rechercher.
Ne pas calculer.
Cela lui tombe d'un seul coup.
Si soudain.
Pourquoi lui fait-il battre son cœur ?
C'était le genre qui l'attirait.
Les mains moites, elle se croit dans une étuve.
La chaleur lui monte le long de son corps.
Un vertige.
La sueur au front.
Troublée par ce sentiment.
Il faut espérer que ce n'est qu'un passage.
C'est le cousin de sa mère. Donc, c'est interdit, impossible. Elle retrouve les mêmes traits, c'est sa déduction.
Pourquoi cela lui arrive-t-il ?
Pourquoi lui ?
Les jeunes de son âge ne l'intéressent pas. Manque de maturité. Elle a besoin d'un homme mûr. Il est tout ce qu'elle recherche.
Le cœur qui s'emballe dans sa poitrineet les joues rougies. N'avait-il pas assez d'hommes sur cette planète pour tomber sur un membre de sa famille ?
Il a une certaine classe, une droiture et du charme. Il pose ses yeux sur elle. Il lui faut peu pour la valoriser. Elle qui a une mère castratrice, elle la brisait tout le temps.
C'était amoral de le chérir ainsi.
Inutile de s'attacher à lui, ce serait une relation stérile.
Il ne se passerait rien entre eux.
Ce n'est pas envisageable.
Si cela se produisait, ce serait un amour clandestin.
À côté de lui, c'était une minette.
Elle se négligeait, mais elle allait s'améliorer, pour lui.
Se montrer sous de meilleurs auspices, plus positifs.
Souriante.
Miroiter pour l'instant. Cela pouvait être fastidieux. Ce n'était pas un jeu de la coinche, elle devait gagner. Il était vital de le voir, l'approcher, le toucher par des mots. S'affirmer.
Lui et pas un autre.
Elle ne restera pas sur la chaussée, spectatrice, elle préfère taire sur ses sentiments. Fini les jérémiades de gamine. Une situation épineuse, un amour interdit. Elle ne dira à personne qu'elle savait qui il était. Sans date butoir pour révéler un jour, peut-être la vérité. Cette perpétration, c'était une atrocité de garder pour elle. Elle devait instituer une promesse à tenir, une discipline à conserver : voir sa mère de manière en restriction. Ne pas se trahir. Elle établit un projet, une ligne de conduite précocement. Elle n'avait jamais vécu une relation avec pérennité. Elle s'imaginait déjà avec Pierre de cette façon. Un exercice périlleux afin de ne pas se vendre et de lâcher le morceau dans un moment de joie excessive. Un brouillon dans sa tête. Un problème récurrent avec la différence d'âge, ainsi que le lien de parenté tout en faisant l'innocente. Insécurisé dans le mensonge, tout pouvait se dérégler un jour ou l'autre.
Valérie transvase une décoction dans un flacon. Elle boira plus tard. La séduction et épater un homme, ce n'est pas son fort. Pierre est tactile et Valérie ne le repousse pas. Peut-être que personne n'avait posé son regard sur elle avec autant de tendresse et d'attention. Tout lui plaisait : cossu, il lui parle avec douceur, délicatesse et diplomatie. Il neutralisait ses angoisses. Casanier lorsqu'il vivait avec Christine, mais depuis son départ, il s'échappait le soir au cabaret. Valérie aimait les déguisements pour se grimer et s'embellir. Un besoin de sortir du milieu familial.
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