Retrouvailles
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Retrouvailles
Deuxième partie : Mélodie vagabonde (15)
Le cercle
Alain Péters ne pouvait pas rester enfermé comme ça dans un hôpital, maître de rien, pantin ballotté d'une activité à une autre, d'une pièce à une autre. C'est beaucoup trop de contraintes pour lui. Marco est capable de le comprendre, mais pas question de faire n'importe quoi pour autant. Finies les conneries, disparaître comme ça sans rien dire à personne. La cure se poursuivra ici, en métropole, mais de façon plus informelle. Il y veillera personnellement.
Les deux compères se rendent alors à Paris. Là, Marco réunit tout un cercle de réunionnais exilés autour d'eux, au premier rang desquels Daniel Sauvaget, qui va les héberger durant un temps. Marco connaît beaucoup de monde et les gens l'apprécient. Une petite société vivante et amicale se forme. Ces gens connaissent aussi tous Alain Péters, ils apprécient ses chansons, admirent son talent. Ils ressentent aussi son mal-être, sa détresse, et veulent l'aider. Ils l'encouragent comme ils peuvent. Quelqu'un lui offre une guitare afin de lui redonner le goût de jouer de la musique. Madeleine Beauséjour, une cinéaste, doit partir en tournage pour plusieurs mois, elle leur prête donc son appartement. Tout semble ainsi aller de soi, facilement. C'est en grande partie grâce à Marco. Daniel Sauvaget présente Alain et Marco à Henri Deluy, le rédacteur en chef d'une revue littéraire. Et il se trouve que celui-ci voulait justement publier un numéro spécial sur La Réunion. Alain Péters lui confiera un texte. Ainsi peu à peu, le goût de faire revient grâce à des gens bienveillants qui forment autour de lui comme un cocon protecteur. Cela lui permet de se stabiliser, même s'il lui manque encore le déclic, le petit événement qui lui permettra de se remettre en selle, vaillant à nouveau.
Les retrouvailles
Une fois de plus, c'est Marco qui en sera à l'origine. Il organise des retrouvailles avec Loy Ehrlich, qui vit lui aussi à Paris. Il a même son propre studio d'enregistrement à Montreuil. Les deux amis étaient en froid et ne s'étaient pas revus depuis l'époque de Carrousel. C'était à La Réunion, dans une autre vie. Mais ils avaient beaucoup compté l'un pour l'autre. Alain Péters avait accueilli Loy Ehrlich à bras ouverts et lui avait tout montré de son île, de sa langue et de sa musique. Et Loy Ehrlich avait offert à Alain Péters la fameuse takamba. Ce sont des choses qui comptent, bien plus que la distance ou le fait de se perdre de vue. L'amitié se relève de ça. Le froid se dissipe aussitôt. C'est maintenant au tour de Loy Ehrlich de faire visiter son monde à Alain Péters. Il lui montre son studio et, un soir, l'emmène voir Eric Clapton en concert. Il en ressort très impressionné, avec le goût de faire à nouveau quelque chose de son talent, l'envie de s'y remettre. Il écrit alors de nouvelles chansons, dont l'une de ses plus belles, et l'une de ses plus déchirantes aussi, Rest' là maloya, dans laquelle il revient sans détour sur des pans entiers de sa vie. Il parvient à prendre assez de recul pour faire le point. La situation s'y prête bien : il est à plusieurs milliers de kilomètres de chez lui, entouré mais toujours seul, en pleine introspection. Il ne peut donc pas s'échapper comme il en avait pris l'habitude.
Le fidèle Marco a encore eu le nez creux sur ce coup-là. Alain Péters en est bien conscient, et il profitera de cette nouvelle chanson pour lui rendre un poignant hommage.
Et on retrouve aussi Eric Ausseil, merci.