Le temps des métamorphoses (1)
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Le temps des métamorphoses (1)
histoire, géographie
Cascades et rochers, baignade et plongée
L'île de La Réunion est située dans l'Océan Indien, à l'est de Madagascar. Elle fait partie, avec l'île Maurice, Rodrigues et quelques autres petites îles, de l'archipel des Mascareignes. Son point d'entrée historique et symbolique est la commune de Saint-Paul, « berceau du peuplement et baie du meilleur ancrage », située à l'ouest, en face de Madagascar et, au-delà, de l'Afrique de l'Est. C'est là que les premiers navigateurs ont débarqué. Dans les faits aujourd'hui, ce serait plutôt Saint-Denis, la capitale, au nord, avec son aéroport qui se tient à onze heures d'avion de Paris.
La Réunion est une terre paradoxale, à la fois accueillante et inhospitalière, dont le peuplement n'a commencé que longtemps après la découverte. Cela est dû à sa géographie tout à fait particulière : un peu de plage, très peu de plaine, et beaucoup de montagne. C'est une île volcanique assez jeune au regard de l'âge de la Terre, la plus jeune de toutes les Mascareignes. Elle est constituée de trois grands cirques : Cilaos, Mafate et Salazie. Le littoral cède très vite la place à la montagne et l'on passe brusquement de zéro à plus de deux mille mètres d'altitude. Le sommet le plus élevé de l'île, appelé le Piton des Neiges, culmine à 3071 mètres. Le pourtour de l'île se divise en deux zones : le côté au vent, correspondant à la partie est, tourné vers l'Asie, est plus verdoyant et plus sauvage, cascades et rochers, et le côté sous le vent à l'ouest, plus sec, qui constitue la partie plage, protégée par endroits par une barrière de corail elle aussi assez jeune au regard de l'âge de l'océan, qui forme des lagons, baignade et plongée. Tout autour, les villes se dressent comme des sentinelles aux noms de saints, reliées entre elles par une route circulaire. Pour le reste, ce sont de petits villages perchés sur les hauteurs, dont certains, dans le cirque de Mafate, ne sont encore aujourd'hui accessibles qu'à pied ou en hélicoptère. Des porteurs descendent tous les jours faire leur marché dans les villes avant de remonter, le sac à dos rempli à déborder.
île Bourbon, le temps des esclavages
C'est une île presque ronde dans laquelle Alain Péters a beaucoup voyagé, beaucoup tourné, beaucoup déménagé, passant d'une ville à l'autre selon les événements. La grande diagonale, qui va du nord-ouest au sud-est, fait 75 kilomètres. La petite diagonale, du nord-est au sud-ouest en fait 55. Avec une superficie totale de 2500 kilomètres carrés, c'est la plus grande île de l'archipel, mais seule la partie qui longe le littoral est réellement exploitable en termes d'agriculture. C'est pour cette raison que La Réunion est restée très longtemps inoccupée : on ne pouvait rien y cultiver et elle n'a pas de ressources minières. Les premiers habitants officiels étaient des mutins malgaches qu'on avait déportés là. L'île n'était alors qu'une étape sur la route des Indes, à peine un comptoir délaissé qui a d'ailleurs souvent changé de mains entre le moment de sa découverte officielle et la prise de possession par la France, qui en a fait sa colonie au 18ème siècle sous le nom d'île Bourbon. C'est à ce moment-là qu'on a commencé à cultiver le café et la canne à sucre et qu'on y a importé des esclaves en provenance de l'est de l'Afrique et de Madagascar. Tardivement donc.Mais à La Réunion comme ailleurs, l'esclavage a fait son lot de victimes : dans son histoire l'îlea connu aussi une grande révolte et beaucoup de marrons, des esclaves évadés, qui se sont réfugiés dans les Hauts de l'île. Pourtant il s'est passé ici une chose singulière : une rencontre, et plus encore, un métissage exceptionnel entre les populations venues d'Inde, d'Afrique et d'Europe, et ce très rapidement. Cela s'explique par le fait que les grandes exploitations comptant des centaines d'esclaves sont quasiment inexistantes. Le plus souvent, un petit propriétaire possède entre un et quatre esclaves, moins que les doigts d'une main. Le rapport n'est donc pas le même que dans les grandes propriétés déshumanisées, de structure pyramidale, où l'ordre vient d'en haut, et passe par des intermédiaires, des contremaîtres appelés des commandeurs, où la brutalité et la violence sont partie intégrante du quotidien. À La Réunion, si tout n'est pas rose évidemment, les maîtres sont souvent très proches de leurs esclaves, au point même de leur faire des enfants et de favoriser un grand métissage salutaire.
Un grand merci à Eric Ausseil pour son soutien permanent et ses belles illustrations, il y en a un peu plus par ici.