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Un rire d'homme, une voix de lionne 6/15

Un rire d'homme, une voix de lionne 6/15

Published Oct 20, 2023 Updated Oct 22, 2023 Culture
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Un rire d'homme, une voix de lionne 6/15

 

Le feu au milieu du campement brillait dans la nuit. La fête s’achevait dans des éclats de rire entrecoupés de silences satisfaits. Anastasia, accompagnée par Khadija, la femme d’Ahmad, se glisse sous la tente. Quand Anastasia était là, Ahmad dormait à la belle étoile, pas loin du feu du campement. Anastasia lança un dernier regard au cadeau reçu: une magnifique chamelle blanche qui venait de naître.

— Elle est pour ton fils ! Comme ça il aura une bonne raison pour venir ici chez nous...

— Merci, Ahmad ! Tu sais qu’il joue depuis tout le temps avec le poignard que tu lui as offert ? Au départ je l’ai caché, car il était encore petit et j’ai eu peur qu’il se blesse avec, mais enfin j’y ai renoncé: il le retrouve tout le temps.

— Tu n’as rien à craindre. Il ne lui arrivera rien de mal. S'il le retrouve tout le temps, ça veut dire que c’est Son Poignard. Il ne se blessera jamais avec.

— Mais, il est un gamin... avec un poignard...

— Tu sais, se battre ça ne vaut pas forcément dire attaquer. Avant tout c'est se défendre, se protéger; défendre et protéger ceux qu’on aime. Tu ne vois pas forcément la chose de la même manière que moi. Tu es une femme, tu es une Mère, pas besoin de poignards. La Mère, ça protège mieux qu'une armée. Quant à toi, si quelqu’un voulait vous nuire je suis sûr que des crocs te pousseraient sur le champ, on entendrait ton cri de lionne à des milliers de kilomètres à la ronde, il terrasserait tes ennemis bien avant qu'ils puissent vous atteindre. Pour rien au monde je voudrais me trouver dans le rang de tes adversaires.

Elle rit fort.

— Tu ris fort, comme un homme.

— Mais je suis une femme.

— Je sais que tu es une femme: tu regardes comme une femme, tu souris comme une femme, tu danses comme une femme, tu as la peau douce des femmes, tu aimes les enfants comme une femme, tu te soucies de tout le monde comme une femme, donc tu es belle comme une femme. Mais tu ris comme un homme, tu causes comme un homme et tu décides comme un homme. On n'y peut rien, c'est fait. C'est un peu étrange, mais à moi ça me plaît. Beaucoup même.

— Un rire d'homme, une voix de lionne, des crocs poussés du jour au lendemain, rien que ça... Et dis-moi Ahmad, ils vont rester, les crocs une fois poussés?

— Mais non, pas du tout ! Ils vont disparaître comme ils sont apparus, dès que le danger ne sera plus là !

— Alors, tout redevient comme avant ?

— Non, Anastasia. Rien ne redevient jamais comme avant : parce que toi, tu auras vu tes crocs pousser, tu auras entendu la force de ton cri. Et tes ennemis aussi. Plus rien ne sera pareil. Ni pour toi, ni pour eux. Et, crois-moi, c’est mieux ainsi.

 

Autres Nomades, Paris 2016

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