Au milieu de nulle part 1/15
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Au milieu de nulle part 1/15
Au tout début du XXIème siècle une seule monographie traitait de manière assez étendue de l'université de Sankoré. Elle avait été écrite par Felix Dubois. Timbuctoo the mysterious, éditée à New York en 1898.
Environ un siècle de silence, puis quelques articles de moins d'une dizaine de pages avait paru sur des revues spécialisés, vers la fin des années soixante-dix. La Bibliothèque Marciana de Venise avait fermée ses portes en août pour la révision et le dépoussiérage annuel. Anastasia était partie pour le Mali avec le cahier de notes de travail le plus léger qu'elle n'avait jamais rédigé en préparant une mission de recherche.
Dès son arrivé à Tombouctou, elle s’était dite qu'elle avait fait un voyage dans le temps, non pas dans l'espace. Rien semblait avoir changé depuis la fondation de Sankoré, la plus grande université d'Afrique sahélienne du moyen âge, qui trônait au milieu de la ville. À peu près aussi ancienne que les premières universités anglaises, italiennes ou françaises, cette Sorbonne du désert avait formé des générations d’érudits, de théologiens, d’astronomes, médecins, historiens musulmans. Mais à la différence des universités d’Oxford, Padoue, Montpellier, Sankoré avait été effacée des circuits du savoir de l’humanité. Seuls les grands spécialistes d’études islamiques étaient au courant de son existence, tout comme de l’existence de sa bibliothèque datant du XVIème siècle.
La ville de Tombouctou vante une cohérence de fonds manuscrits unique au monde qui se ramifie à partir de l'université dans un dédale de bibliothèque privées, dont certaines ne contiennent que quelques volumes, d'autres sont de taille monumentale. Visiblement les collections d’ouvrages avaient été constituées avec un but très précis, mais tellement éloigné dans le temps que l’on en avait perdu toute traçabilité.
Peuplée de textes aussi inédits que précieux, Tin-Buktu se dressait, imposante, devant ses yeux, parfaite et intègre, immense de mots cachés, dans son désert de pierres et de poussière.