Épisode 33 : Trahison
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Épisode 33 : Trahison
Les jours passent, et Siegfried tient la promesse qu'il vient de se faire à lui-même.
Il met à jour sa connaissance du Notre Père, qu'il tient désormais à connaître par cœur - certes ce n'est pas encore grand-chose, à vrai dire ça devrait même être la base la plus élémentaire pour un chrétien, mais Siegfried a de sérieuses lacunes en matière de religion - il faut dire que jusqu'à présent, il ne s'y est guère intéressé - et puisqu'il faut bien commencer par quelque chose, au moins c'est un début, et ma foi, tenant compte du niveau d'où il vient, ce début-là en vaut un autre. Il compte bien étoffer ses connaissances par la suite, mais chaque chose en son temps.
Mais, surtout, et c'est bien la partie la plus difficile de ses nouvelles résolutions, il se prive du réconfort de Mélusine et il la tient à distance.
C'est la partie la plus difficile parce que, bien sûr, ce réconfort, il en ressent lui-même cruellement le besoin - c'est justement ce qui fait de ce renoncement un sacrifice. Mais c'est aussi parce que Mélusine elle-même en souffre aussi - et parce qu'elle, contrairement à lui, elle n'y comprend rien. Elle n'a pas le contexte, elle n'en a pas les clés. Et il ne se voit pas non plus lui expliquer qu'il se sent désormais indigne de son affection... ni qu'il a désormais un sacrifice à faire en la matière, et encore moins pourquoi.
Il prend juste quelques décisions pour réorganiser la façon dont on prendra soin de lui jusqu'à son rétablissement. Les soins les plus personnels, les plus intimes, dont Mélusine se chargeait jusqu'ici, il les confie désormais au physicien du château et à un valet de chambre - qui eux aussi trouvent ça bizarre et qui n'y comprennent pas grand-chose eux-mêmes non plus, mais puisque c'est ce que veut Monsieur le Comte et qu'en ce moment, il est moins que jamais conseillé de le contrarier... Här ass Här a Max ass Max.
Et ça, Mélusine le prend comme une claque en pleine figure.
Une claque imméritée, un désaveu dont elle ne s'explique pas la raison et qui la laisse paralysée sur place, sans pensée et sans voix. D'autant plus que c'est elle qui a été chargée de faire mander ces deux messieurs. Et pour leur annoncer la nouvelle, il avait encore ce terrible regard rouge sang, et puis cette voix...
Elle n'a pas seulement pris une claque. C'est toute la masse de la Petite Forteresse qui vient de lui tomber sur le dos en entier d'un seul coup. Et c'est littéralement l'épée de Siegfried, son épée perdue qu'il est en train de faire forger à nouveau, qui s'enfonce dans son cœur de part en part.
Elle réussit l'impossible pour garder sa dignité devant ces deux hommes - et devant lui surtout. Elle est la châtelaine après tout, elle est Madame la Comtesse. S'il y a une chose qu'elle a apprise en fréquentant la société des humains, c'est bien que son statut lui interdit littéralement de se laisser aller devant de simples domestiques. Elle fait comme si elle était au courant de la décision de Monsieur le Comte, comme si elle y avait même participé, comme s'ils en avaient discuté ensemble et qu'ils avaient trouvé qu'agir ainsi était pour le mieux - alors même qu'en réalité, elle est en train d'apprendre la nouvelle en même temps qu'eux. Comme une simple femme de chambre qui se serait montrée incompétente. Mais elle arrive à peine à respirer, ses oreilles bourdonnent, ses joues sont en feu et elle est sûre que ça se voit.
Elle est trop abasourdie pour pouvoir réagir, et le pire de tout, c'est que c'est justement ça qui l'aide. Ça l'aide à tenir le choc, à conserver sa dignité, à paraître indifférente, à ne pas faire une scène, à ne pas s'écrouler. À éviter toute réaction intempestive.
Mais lorsque Siegfried les congédie tous les trois, elle a beau percevoir de la consternation sur leurs visages une fois sortis, elle n'a rien de plus pressé que de s'éloigner d'eux. D'autant plus que, justement, ils sont consternés. Leur pitié serait son coup de grâce. Peu importe si sa hâte leur révèle ce qu'elle voudrait leur cacher. Tout ce qui lui importe en ce moment est d'être loin de tous. Elle se réfugie dans cette chambre spécialement aménagée pour elle pendant la convalescence de Monsieur le Comte, et là, elle laisse déborder les larmes et la tempête de sanglots qui la submergent.
Mais ce n'est pas encore assez. La tempête gonfle gonfle, gonfle encore.
Ne pas se montrer faible. Ne pas exploser devant les autres.
Alors Mélusine prend un chemin dérobé qu'elle connaît par cœur, celui de sa grotte au creux du Bockfiels, l'endroit qui l'a peut-être vue naître en des temps immémoriaux, elle n'en est même pas sûre. Et une fois là, une fois arrivée là, là où personne ne la verra et où seul celui qui vient de la trahir reconnaîtra sa voix, elle se met à hurler. Hurler. Hurler. Si elle était rivière, mer, océan, elle serait un tsunami. Elle voudrait être vent polaire pour ensevelir ce pays sous des couches de glace. Puis devenir elle-même son sarcophage, à lui, en plein milieu.
Musique : LOST IN THE ECHO (Official Music Video) - Linkin Park
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos