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Épisode 57 : Résurgence

Épisode 57 : Résurgence

Pubblicato 31 dic 2025 Aggiornato 31 dic 2025 Tale
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Épisode 57 : Résurgence

Un dernier petit groupe ne repart que le soir, donc Mélusine a encore des instructions à donner en cuisine pour faire dresser des tables dans la cour juste avant leur départ. Elle sera contente quand tout ce branle-bas de combat sera enfin terminé. La cour du château, elle préfère y voir jouer ses enfants.

Mais elle est contente de rentrer et de passer à autre chose. Rien de tel que d'être active et d'avoir l'esprit occupé pour garder la maîtrise de ses émotions et ne pas se noyer dans ses conflits intérieurs.

En rentrant, il lui semble bien se sentir observée... mais elle écoute la résistante en elle et décide de ne pas y accorder d'attention. Après tout, maintenant, elle sait bien de qui ça vient. Ou tout au moins elle s'en doute. Même si les invités restants sont des hommes et qu'ils traînent eux aussi dans la cour, il est peu probable qu'aucun d'entre eux ait encore l'audace de l'observer de cette manière après l'incident de tout à l'heure. Surtout en sachant que Siegfried rôde encore dans les parages. Nonobstant, elle ne se sent plus à sa place dans cette cour tant que ses instructions n'auront pas été données et qu'elle n'y aura pas retrouvé quelque chose à y faire ou à y superviser.

Elle rentre, donne ses instructions, fait arranger les chambres, vérifie que tout va bien chez les enfants, passe même du temps avec eux. Elle n'oublie pas à proprement parler l'incident de l'après-midi, mais elle se concentre sur autre chose. Elle a assez à faire pour en avoir l'occasion.

Puis, en fin d'après-midi, elle fait dresser les dernières tables avec les collations d'avant départ. On a le sens de l'hospitalité à la Petite Forteresse, même si elle n'est qu'un petit château, et elle ne laissera à personne l'occasion de dire le contraire. Elle retourne donc dans cette fameuse cour où les hommes discutent par petits groupes. Elle dirige les opérations, telle un chef de chantier. Et, de nouveau, elle se sent observée.

Elle tourne la tête dans la direction d'où elle sent venir le regard. Et, à bonne distance, à l'écart des derniers invités et à l'écart de toute l'agitation qu'elle supervise, elle aperçoit Siegfried. À demi caché des regards par le bâtiment derrière lequel il a disparu tout à l'heure.

Mais là, à l'abri tout relatif de son poste d'observation, il ne détourne plus la tête. Il ne se cache plus d'elle. Il ne détourne plus le regard. Et ce regard... comme il brille dans l'ombre.

Elle baisse le sien, détourne la tête, reporte son attention sur les allées et venues du personnel en train de disposer les tables et les victuailles dessus pendant que les invités, petit à petit, s'en rapprochent. Mais de nouveau, pendant que tout le monde s'agite et que, sans s'en rendre clairement compte, elle a physiquement pris ses distances par rapport à la foule, elle sent le regard de Siegfried peser à nouveau sur elle. Encore plus lourd.

Cette fois-ci, alors que chacun s'agite pour son propre compte et que personne ne fait attention à elle, ce n'est pas seulement la tête qu'elle tourne vers lui, c'est tout le corps en entier. Pour prendre en pleine face ce regard qu'elle s'est juré de défier. Ce regard dont elle a sous-estimé la force... Il brûle dans l'ombre pendant que les lèvres esquissent un sourire.

De quelles profondeurs du temps a-t-il surgi, ce regard qui réveille en elle toute une mémoire qu'elle croyait morte, oubliée à jamais ?...

La flamme qui y brûle. Ces lèvres qui sourient - qui sourient, ou est-ce lui qui cherche son souffle ? L'entend-elle vraiment respirer, ou est-ce juste son imagination ?... Ce corps droit comme il ne l'a plus été depuis longtemps, ce menton projeté en avant, ce port de tête altier d'homme qui part au combat... oh mais elle les connaît trop bien, ces signes-là. Touchée au cœur qui bat plus vite, touchée au ventre prisonnier d'ondes qui clouent sur place, touchée aux cuisses qui vont faiblir... Siegfried mais que fais-tu ? Arrête avec ça, arrête tout de suite. Tu n'en feras rien alors à quoi bon ?... Elle cherche son souffle. Elle sait que ses lèvres s'entrouvrent aussi, elle craint de donner le mauvais signal mais elle manque d'air. Elle devrait bouger, se secouer, elle le sait, mais ces fils qui se tendent à travers son corps pour y faire circuler elle ne sait quoi, elle ne veut pas les rompre, elle y tient... mais elle ne devrait pas... À quel jeu joues-tu, Siegfried de Lucilinburhuc ? À quel jeu cruel ? Qui es-tu au juste, un chat qui s'amuse avec une souris qu'il tuera par instinct mais dont il sait qu'il ne la mangera pas ?... Arrête, Siegfried. Maintenant. Tout de suite... Il relève encore un peu la tête, plante son regard dans le sien comme un couteau, l'immobilise. Son sourire essoufflé et sauvage s'élargit encore, il ne bouge pas d'un poil mais semble s'avancer... Il est sûr de sa victoire, et c'est de sa faute à elle. Elle croise les bras par-dessus ses seins dans l'espoir pathétique de lui cacher qu'elle les sent gonfler... Cette fois-ci, il s'avance vraiment. D'un pas.

C'en est trop. Elle se détourne et commence par courir, trois pas, puis elle perçoit le rassemblement autour de la table, reprend conscience du monde autour d'elle et se rappelle qu'elle ne doit pas attirer l'attention. Alors elle ralentit sa course en une marche rapide, poursuivie par le rire de Siegfried, limite méchant sans l'être vraiment.

Elle perçoit vaguement les hommes s'interpeller mutuellement par les noms de leurs seigneuries. Elle se réfugie à l'intérieur. À l'abri. Cherche un endroit désert. Pas les cuisines, il y a du monde. Pas les chambres, on s'y affaire. Pas son boudoir, il est trop loin. Elle avise juste une pièce, une réserve quelconque où il n'y a personne. Et là, à l'intérieur, à l'abri de tout regard, au moins pour un moment, elle se plaque le dos au mur, se laisse aller à la pensée des sensations qui viennent de se réveiller en elle, puis, au bout d'un moment, elle se laisse aller et elle s'affaisse.

Bien sûr qu'elle comprend parfaitement ce qui est en train de se passer. L'altercation de cet après-midi a rallumé chez Siegfried le feu qui couvait sous la cendre depuis des années et qui ne demandait qu'à repartir. Ce feu dont elle se méfiait depuis tout ce temps, ce feu que justement elle ne voulait pas raviver. Se sentir défié, concurrencé, par un autre homme lui a fourni la petite brise qui manquait encore pour enflammer la braise. C'était à prévoir. Elle se rappelle les suites que ce genre d'altercation avait dans le passé. La nuit qui suivait, peu importe où ils la passaient, était torride. Elle a même toujours eu la sensation que deux de leurs enfants ont été conçus lors de telles nuits, dont leur aîné, Heinrich - bien sûr, sans rien avoir pour le prouver. Rien d'autre que sa propre intime conviction. Et c'est exactement la même chose qui est en train de se passer aujourd'hui.

Mais ce qui la surprend, c'est d'avoir elle-même encore aujourd'hui cette fragilité. D'être aussi facilement prête à céder. D'être encore vivante, elle qui pendant si longtemps s'est crue cautérisée. C'est vrai que c'est bon... Mais a-t-elle vraiment oublié à ce point, en aussi peu de temps, tout ce qui les a séparés avec le temps pendant autant d'années ? Tout peut-il être aussi facilement balayé comme autant de fétus de paille emportés par le vent ?

Le vent... Elle se souvient, dans son passé lointain, d'en avoir vu, des tornades. Elle se souvient de leur force destructrice. Elle se souvient comme elles abattaient même les grands arbres, comme elles faisaient s'envoler choses et gens, comme elles faisaient tournoyer le tout dans les airs pour le laisser ensuite retomber n'importe où une fois que leur force s'était épuisée. Elle se souvient de l'imprévisibilité de leur naissance, de leur parcours, de leur fin... Est-ce ce qui est en train de se passer ici aussi ? Sont-ils juste les jouets d'une force de la nature, aveugle, imprévisible et incontrôlable ? Ne seront-ils finalement que deux de leurs victimes ? Et après ? Que feront-ils, après ?... Que faisait la nature, après la tornade, dans le temps ? Eh bien, la vie reprenait juste son cours, là où la tornade l'avait laissée... L'inerte était réarrangé en nouveaux paysages pendant que le vivant récupérait, regardait autour de lui, évaluait la situation puis recommençait sa vie à partir de la base nouvelle. Est-ce ce qui est en train de leur arriver ? Et est-ce une si mauvaise chose, au fond ? Après tout, les arbres abattus par les tornades étaient surtout des arbres morts... abattus pour laisser la place aux vivants. Vie et mort se succédant dans un cycle sans fin.

Tu cherches des excuses pour abdiquer ta responsabilité, lui crie désespérément la résistante en elle. En vain...

Une fois l'agitation de ses sens et de son esprit un peu calmée, Mélusine se relève, lisse sa robe et retourne auprès de ses invités. En tant qu'hôtesse, elle se doit de prendre congé d'eux avant leur départ.

En sortant dans la cour, elle les voit tous debout autour de la table, engagés dans une conversation animée. Si ça se trouve, ils n'ont même pas remarqué son absence. Tant mieux. En allant vers eux, elle tarde à remarquer Siegfried s'avançant vers elle un peu à l'écart. Quand a-t-il quitté leur cercle ? Sous quel prétexte ? S'est-il juste discrètement éclipsé à la faveur d'un débat auquel il n'avait pas pris part ? L'attendait-il même en embuscade ? Son esprit embrumé ne saurait le dire. Toujours est-il qu'il se rapproche d'elle et qu'en la croisant, tout en faisant mine de rien, il lui murmure un message.

- Ce soir, à l'extinction des feux, dans ma chambre.

Puis il s'éloigne, comme si de rien n'était. Elle, un éclair la traverse de haut en bas et la cloue sur place, le souffle coupé et le regard fixé droit devant elle. Pendant combien de temps reste-t-elle paralysée ? Trois secondes ? Trois heures ? Trois cents ans ?... Le temps de reprendre son souffle, son premier réflexe est de se retourner. Un peu trop brusquement peut-être. A-t-elle bien entendu ? A-t-elle rêvé ?... Son regard cherche Siegfried qui est déjà loin - prêt à disparaître derrière le groupe autour de la table. Juste avant de disparaître, il se retourne lui aussi. Leurs regards se croisent. Elle a bien entendu.

Le tout dure un moment, pas plus, puis il disparaît derrière le groupe. Et elle, elle sait à peine encore où elle en est. Un rendez-vous. Comme des jeunots. Plus de vingt ans d'âge, d'expérience, de sagesse, viennent de lui être enlevés d'un seul coup. Elle plonge dans une demi-conscience. Elle se rend à peine compte qu'elle rejoint les invités, qu'elle prend congé d'eux. Elle donne ses instructions ensuite comme un automate, par la force de l'habitude. Elle passe les heures qu'il lui reste à attendre comme dans un rêve. À prononcer son nom à voix basse, seule dans son boudoir. Un rendez-vous. Comme une promesse.


Musique : Nina Simone - Feeling Good


Épisode 58 : Le chemin dans la nuit


Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos

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