Épisode 19 : Préparatifs
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Épisode 19 : Préparatifs
Depuis sa jeunesse à Koerich, Siegfried a toujours été connu pour être un bon cavalier. Cette réputation le suit encore maintenant qu'il est comte de Lucilinburhuc. Sa forteresse a beau être petite comme son nom l'indique, il possède une écurie de cinq chevaux. Parmi eux, il y en a un qu'il affectionne tout particulièrement, un cheval blanc élégant, fier et rapide avec lequel il a une connexion toute particulière et qu'il appelle Wanterglanz, "Éclat de l'Hiver". C'est celui-là qu'il fait préparer et harnacher, car il a décidé de se rendre à Koerich. Wanterglanz devrait lui porter chance, et Siegfried ne disposera pas de trop de talismans pour le combat qu'il se prépare à mener.
En le voyant arriver et en recevant ses ordres, le palefrenier est frappé par le visage fermé de Siegfried et son air buté. Mais il fait comme si de rien n'était - tout le monde à la Petite Forteresse se débrouille depuis déjà bien des années pour gérer les humeurs changeantes et orageuses du maître des lieux. Här ass Här, a Max ass Max. Le maître est le maître, le domestique est le domestique, chacun à sa place et personne ne doute de la sienne à la Petite Forteresse. Et pour tout dire, que Monsieur le Comte s'en aille ne serait-ce que quelques heures fera du bien à tout le monde et permettra de respirer un peu plus librement.
Mais ici, les instructions sont particulièrement précises et un peu spéciales... Ce harnais d'apparat ? Et son meilleur cheval ? Mais où donc va Monsieur le Comte ? À Saint-Maximin ? À Cologne ? À Aachen ? Entreprend-t-il un long voyage ? Qui va-t-il donc rencontrer de spécial ? Aucune fête n'est prévue à ce moment-là, et aucun tournoi non plus.
- Et harnache-le bien, il faut qu'il tienne solidement.
Après une hésitation qui ne peut échapper au palefrenier, Siegfried ajoute :
- Je pars pour Koerich.
Et là, pris de court, le palefrenier ne peut pas cacher sa surprise. Koerich ?! Là où Monsieur le Comte ne va pratiquement plus jamais et où il ne se passe jamais rien depuis déjà longtemps ? Avec cette large chaussée qui commence à être envahie par les herbes tant elle est peu fréquentée désormais ?
Bien qu'intimidé par la présence du maître des lieux, estomaqué, il ne peut s'empêcher de lâcher une réflexion .
- Koerich ?... V... Vous êtes sûr, comte Siegfried ?...
Une brusque volte-face, un regard noir et une flamme mauvaise dedans l'arrêtent net.
- Oui, Koerich ! Pourquoi ?...
Le ton brusque et mordant de Monsieur le Comte achève de lui faire rentrer ses doutes dans la gorge :
- ... P... pour rien, Monsieur le Comte. Pour rien.
Silence lourd.
- Activez-vous au lieu de poser des questions inutiles.
Siegfried se détourne et s'en va sans attendre le "Bien, Monsieur le Comte" du palefrenier qui s'en retourne préparer Wanterglanz.
Il se rend à la chapelle pour demander au Père Adalbéric de dire une messe à son intention. Le Père Adalbéric accède à sa demande sans autre forme de procès : avec le comte Siegfried, il a depuis longtemps cessé de se poser des questions. Enfin - de lui en poser. Parce qu'en réalité, le comte Siegfried lui paraît de plus en plus bizarre avec le temps qui passe. Mais, bon, il met cela sur le compte de l'âge, peut-être aussi de la maladie, qui sait - et il la lui dira, sa messe. Il n'est jamais inutile de contenter Dieu par une messe. Au pire. Et au mieux, ça ne peut faire que du bien.
Pendant ce temps-là, Siegfried se prépare. Sa cotte de mailles. Son armure. Ses bottes. Ses éperons. Son heaume. Son épée. Sa cape. Mélusine le rejoint, s'étonne.
- Où t'en vas-tu, Siegfried ?
Il ferme les yeux, prend une profonde inspiration.
- Je vais à Koerich.
- À Koerich ? Que se passe-t-il là-bas ? Ton régisseur t'a-t-il apporté des mauvaises nouvelles ?
Siegfried soupire à nouveau et son regard semble se perdre au loin.
- J'ai une affaire importante à régler là-bas.
- Rien de grave, j'espère ?
Siegfried ferme les yeux. Mon Dieu, si elle savait. Il lui prend doucement les poignets pour lui porter les mains à son front. Comme il brûle, se dit-elle.
- Prie pour moi, Mélusine. Je vais en avoir besoin.
Il parle si bas qu'elle l'entend à peine. Elle les connaît, ces signes. Ils n'annoncent rien de bon. Et ce qu'il vient de lui dire n'a rien de vraiment rassurant.
- Que se passe-t-il, Siegfried ?
Pour toute réponse, il la serre dans ses bras. Tellement fort... Comme si c'était la dernière fois. Pourquoi pense-t-elle ça ? Un frisson lui en parcourt l'échine. Pour toute réaction, il la serre encore plus fort. Jusqu'à ce qu'elle arrive encore à peine à respirer. Il la serre si fort qu'elle le sent trembler contre elle. Elle ne le souligne pas : elle sait à quel point il a horreur de paraître faible, et c'est un trait de caractère qui ne fait que s'accentuer avec les années. Mais elle devine sa peur. Elle se sent traversée par elle. Et cela non plus, ça n'annonce rien de bon. Elle lui passe les bras autour du cou, dans le dos, sur les épaules, pour tenter de le rassurer, de se montrer forte pour lui, mais elle non plus n'en mène pas large de le voir ainsi.
- Qui t'accompagne ?
Il desserre son étreinte - comme à regret.
- Personne.
Elle sursaute et écarquille les yeux.
- Tu y vas seul ?!
- Oui.
Ce n'est peut-être pas si grave finalement s'il pense pouvoir y aller seul... mais alors, pourquoi ce tremblement ? pourquoi cette étreinte ? pourquoi lui a-t-il demandé de prier pour lui ?... Non, là, il y a visiblement quelque chose qui ne va pas. Et d'abord, pourquoi tout cet attirail guerrier ? Certes, les routes ne sont pas sûres pour qui voyage seul, même un homme, même à cheval, mais quand même, il est comte de Lucilinburhuc, il a des gardes qui peuvent l'accompagner, rien ne l'oblige à y aller seul...
Sans un mot, sans le consulter, elle l'aide à se préparer, il la laisse l'assister, elle l'accompagne dans la cour. Mais une fois en bas, quand elle voit que le palefrenier lui ramène rien moins que Wanterglanz en harnais d'apparat, elle est définitivement sûre que quelque chose cloche.
- Siegfried, ne te mets pas en danger s'il te plaît... Tout le monde ici a besoin de toi, la ville a besoin de toi... N'y va pas seul, s'il te plaît. Fais-toi accompagner par des gardes.
Siegfried s'arrête, mais ne se retourne pas. Une fois de plus, son regard se perd au loin, on ne sait où...
- Ce que je dois y faire, je dois le faire seul.
Mélusine fronce les sourcils un moment. Si ce n'était pour son étreinte, pour la peur qu'elle a physiquement ressentie chez lui et pour sa prière à voix si basse, elle serait prête à jurer qu'il s'en va voir une autre femme. Et elle ne peut pas se nier à elle-même que même avec tout cela, cette idée lui a bien effleuré l'esprit. Et qu'elle en a même ressenti, brièvement, la morsure de la jalousie. Mais elle la rejette très vite. Il peut vouloir impressionner une autre femme avec un beau cheval blanc et un harnais étincelant, mais une cotte de mailles, une armure, un heaume et une épée, ce n'est pas ce qu'il faut pour un rendez-vous galant.
Non, il s'agit d'autre chose. Mais de quelque chose de pas forcément plus rassurant. Siegfried enfourche son cheval. Mélusine lui prend la main, il tourne son visage vers elle.
- Reviens-nous sain et sauf.
Sain et sauf, il n'en sait rien.
- Ne t'en fais pas. Je reviendrai.
Puis il lui lâche la main, se concentre sur le chemin, saisit les rênes de Wanterglanz, l'éperonne, quitte le château et s'élance sur la chaussée vers Koerich.
Mélusine suit pendant longtemps la crinière de Wanterglanz et la cape de Siegfried qui flottent au vent. Elle imagine sa chevelure en train de faire de même. C'est quelque chose qu'elle a toujours aimé voir, Siegfried à cheval au galop, la chevelure de l'homme et la crinière de l'animal flottant au vent. Mais ici, son cœur se serre, et elle ne sait pas vraiment pourquoi.
Le palefrenier s'est rapproché d'elle.
- Monsieur le Comte vous a-t-il dit où il allait, Madame la Comtesse ?
Elle fixe toujours la chaussée.
- À Koerich.
Le palefrenier fixe le même endroit.
- Mais que peut-il donc bien vouloir aller faire là-bas ?
- Je n'en sais pas plus que vous.
Musique : IT WAS TIMELESS* new age
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos