Épisode 44 : Aveux
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Épisode 44 : Aveux
Mélusine hésite un moment. Doit-elle vraiment le faire ?...
Mais finalement, elle se plie au rituel et pose la tête au creux de l'épaule de Siegfried.
Comme elle l'a fait, avec tant de joie, de confiance et d'innocence, seize ans auparavant.
Il la serre dans ses bras avec les forces qu'il lui reste - et de nouveau, à travers la barrière de ses vêtements de reine, la connexion s'établit. L'éclair.
Plus avec la même force, bien sûr. Oh, elle les connaît, ces éclipses. Elle les a connues sept fois, quand chacun de leurs enfants sont nés. Un bébé, ça impose d'autres priorités, plus encore quand d'autres enfants sont déjà là. Il y a les obligations de chacun, il y a tout ce que l'on construit ensemble et tout ce qui en découle. Malgré tout, même avec des intensités variables, la connexion a toujours été là.
Et cette fois-ci, même avec un Siegfried fortement affaibli et malgré la rancune de Mélusine, envers et contre tout, la connexion subsiste encore, la connexion prometteuse de magie, d'autant plus stable qu'au cours du temps, elle a tenu ses promesses à maintes occasions. Cette connexion messagère de la force qui les dépasse et qui les unit.
C'est pour cela que Mélusine se demande si elle a bien fait d'accepter l'invite de Siegfried et de se plier au rituel.
Elle se dit que décidément, ces forces qui dépassent humains et autres créatures ont bien peu à faire des blessures, des souffrances et des bonheurs de ceux qu'elles unissent ou même séparent. Bien peu à faire de la justice, de l'injustice, de la rétribution. Être unis par une force qui les dépasse est autant une malédiction qu'une bénédiction...
- Je n'aurais pas dû faire ce que j'ai fait.
- Non. Mais tu l'as quand même fait.
Surtout ne pas demander pourquoi. Éviter toutes ces questions futiles autour du pourquoi et du comment. Couper court d'urgence à tout ce ballet de pauvres excuses, réelles autant que bidon et bidon autant que réelles, qui de toute façon ne changent rien à ce qui a été. Ces excuses si souvent brandies pour justifier l'injustifiable. Ce qui doit être compris le sera toujours bien assez tôt.
- Tout à l'heure, tu m'as demandé qui je suis.
Mélusine relève la tête.
- Je suis un homme faible et lâche qui a commis des erreurs et qui tente l'impossible pour les réparer. Et qui n'est même pas sûr de pouvoir y arriver un jour.
- Que veux-tu dire, Siegfried ?...
- Toi, tu souffres depuis des semaines. Moi, ça fait quinze ans que je souffre. Et je vais souffrir encore bien plus pendant les quinze années qui vont suivre.
Le cœur de Mélusine s'arrête, sa voix à son tour n'est plus qu'un souffle.
- Quinze ans ? Siegfried ? Quinze ans de quoi ? Pourquoi ?...
Les questions maintenant se bousculent dans sa tête.
- Pourquoi ne m'as-tu jamais rien dit ?... Pourquoi quinze ans ? Que s'est-il passé ?... Siegfried ! Siegfried, y en a-t-il eu une autre dans ta vie ?
- Non !... Mon Dieu Mélusine, comment as-tu pu penser à ça une seule seconde ?...
Il lui prend le visage dans les mains.
Elle, elle est plus convaincue par l'immédiateté et par la force de son "non" que par tout le reste.
- Mais alors de quoi s'agit-il, si ce n'est pas ça ?...
Il ferme les yeux.
- De quelque chose de bien plus grave... Je nous ai tous mis en danger. Et pour ça, je dois payer. Expier. Sacrifier. Si je veux avoir une chance de m'en sortir...
- Qu'est-ce que tu racontes, Siegfried ? Je n'y comprends rien... Tu délires, de nouveau !
Elle lui pose les mains sur le front. Il brûle, oui - mais pas comme lorsqu'il délirait. Il soupire de soulagement, mais lui saisit les poignets et lui retire tout doucement les mains de son front.
- Même à ça, je dois y renoncer. Et tu t'imagines à quel point ça me fait mal... Mais il le faut.
Il ouvre les yeux et se raccroche à la colonne derrière lui.
- J'ai fait un vœu, Mélusine. Un vœu d'expiation. Et ceci n'est encore que le début.
- Qu'est-ce que tu dis ? Parle plus clairement... Je n'y comprends rien ! Explique-toi de façon à ce que je puisse comprendre !
Il détourne la tête.
- Je ne peux pas t'en dire plus. I
l s'arrête un moment.
- Si je t'en disais plus, tu me haïrais. Ou tu me mépriserais, ce qui serait encore pire. Je ne supporterais ni l'un ni l'autre...
Il ferme très fort les yeux, un moment. Puis il tourne à nouveau son regard vers elle et se raccroche à sa taille.
- J'ai besoin de ton soutien, Mélusine. Oui, je sais, je t'ai mise en danger. Je suis un danger pour toi. Mais j'ai besoin de toi quand même. Sans ton soutien, je n'arriverai à rien.
Mélusine a l'impression que son cerveau se brouille, et même son intuition pourtant bien supérieure à la normale ne lui vient pas en aide. Elle ne voit rien à quoi elle pourrait se raccrocher dans le discours de Siegfried. Tout cela n'a aucun sens...
Elle ferme les yeux, baisse la tête, la secoue.
- Si tu veux que je t'aide, dis-moi au moins quelque chose que je puisse comprendre. Qu'est-ce que tu as fait qui puisse être grave à ce point ? Dis-moi au moins ça !
Elle relève la tête pour le regarder en face.
- Ce n'était pas une femme mais un homme ? C'est ça ?
Siegfried se met à rire. Un pauvre rire.
- Tu crois vraiment une chose pareille ?
Puis il s'arrête et une moue de déception s'affiche sur son visage.
- Tu me connais vraiment si peu, Mélusine ? Après quinze ans et sept enfants, comme tu disais tout à l'heure ?
- Ça fait des mois que je ne sais plus quoi penser, Siegfried. Je croyais te connaître mais je ne te reconnais plus. Tu as changé. Tu n'es plus le même. Tu n'es plus celui que j'ai connu.
Celui que j'ai... aimé.
- Tu n'es plus toi-même.
De déçu, il passe à triste. Si profondément triste...
- Si, Mélusine. Je suis toujours moi.
Il serre les mains sur sa taille.
- Je suis Siegfried, comte de Koerich et de Lucilinburhuc, l'homme que tu as épousé. Ton mari depuis quinze ans. Le père de tes enfants.
Puis sa voix n'est plus qu'un souffle.
- Et l'homme qui t'aime, comme avant.
Il s'arrête un moment.
- Même si je ne peux plus te le prouver comme avant.
Mélusine baisse la tête pour cacher un sourire en coin. En fait, pour l'instant en tout cas, c'est plutôt une bonne chose qu'il ne soit plus capable de rien prouver du tout en la matière. Parce qu'elle sait bien comment, autrement, leur entrevue aurait fini. En réconciliation sur l'oreiller. Et franchement, même avec leur connexion rétablie, si faiblement que ce soit - non, elle n'est pas encore prête pour ça.
Oui, elle est contente que leur connexion soit faible en ce moment. Sinon c'est elle qui aurait faibli.
Quitte à se le reprocher amèrement par la suite - et à s'en vouloir à chaque fois qu'elle faiblirait encore. À le lui reprocher à lui. À se le reprocher à elle-même. Et à rendre la situation encore pire qu'avant.
Non, ce n'est vraiment pas le moment. Elle relève la tête.
- Drôle de façon de m'aimer comme avant tout de même. Avant, tu ne m'aurais jamais fait ce que tu m'as fait... ce jour-là. Ou bien est-ce que ça fait partie de ton... vœu ?
Siegfried hoche la tête.
- Je me suis montré lâche au dernier degré dans ma façon de le faire, je sais. J'aurais dû avoir le courage de t'en parler avant. Je ne savais juste pas comment faire... j'étais perdu. Mais dans ma tête, il n'a jamais été question de te trahir, de te renier ou de t'humilier, ou de te salir. Il s'agissait juste d'organiser la façon dont j'allais pouvoir renoncer à toi. Je n'ai pas dit que je vais me passer de toi - s'il ne tenait qu'à moi... tu serais la seule à t'occuper de moi. Je saurais t'épuiser, tu sais... Tu es la seule à savoir m'apaiser quand tu me touches. Mais je vais renoncer à toi. Malgré tout ce qu'il m'en coûte. Et Dieu m'est témoin que ça me coûte très cher.
Musique : Lisa Gerrard - Sacrifice
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos