Épisode 23 : Marché de dupes
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Épisode 23 : Marché de dupes
Si Siegfried avait encore un vestige d'assurance en faisant sa proposition, ce vestige se retrouve au bord de l'écroulement dès qu'il voit le regard moqueur du diable et sa bouche qui s'ouvre en un rire.
- Sérieux ?
Siegfried réalise qu'il est en train de perdre sa seule et unique chance de rattraper sa situation, et il lutte pour ne pas céder à la panique.
- Oui, sérieux. Tout ce qu'il y a de plus sérieux.
- Non mais sans blague ?... Ton âme a donc si peu de valeur à tes yeux, pour qu'elle n'y vaille pas plus qu'un bout de terre auquel tu ne t'intéresses même pas ?
Siegfried assure sa position physique pour tenter d'assurer également la sienne dans la négociation.
- Au fond, tu avais raison tout à l'heure. C'est la contre-proposition que j'aurais dû te faire il y a quinze ans, mais qui ne m'était pas venue à l'esprit à ce moment-là. Bon, j'ai eu tort à l'époque, je le reconnais. Mais il y a toujours dans la vie un moyen de rattraper ses erreurs, non ? Je viens rattraper les miennes et bien faire aujourd'hui ce que j'ai mal fait autrefois.
Le diable éclate d'un rire à faire exploser toute la forêt, qui fait exploser au moins le cerveau de Siegfried.
- Et qui te dit que je l'aurais acceptée, ta contre-proposition ? Hein ? Comte Siegfried ? Hahahahaha ! Elle est bonne, celle-là. Vraiment. Tu en as d'autres, des pareilles ?
Siegfried est tellement sidéré qu'il ne sait plus quoi penser. Il croyait pourtant que le diable lui reprochait de ne pas avoir fait de contre-proposition il y a quinze ans et qu'à présent il lui proposait bien d'en faire une ! Où s'est-il encore trompé ? Quelle est la partie du processus qu'il n'a pas comprise ? Il tente de rassembler ses esprits et arrive à bredouiller :
- Ben... je pensais que...
- Tu pensais que quoi, comte Siegfried ?
Cette fois-ci, le diable hurle, mais il ne rit plus du tout. Et le cœur de Siegfried se glace à l'idée que quiconque puisse entendre son nom prononcé en cet endroit.
- Tu pensais vraiment qu'en échange de ce que je t'avais donné, et qui comptait tellement pour toi, j'allais me contenter d'un pauvre lopin de terre qui ne t'aurait même pas permis d'en obtenir le dixième ?! Non mais tu me prends pour qui ?? Ta seigneurie de Koerich. Vraiment.
Le bloc de glace qui tient désormais lieu de cœur dans la poitrine de Siegfried retrouve le chemin du fond de son ventre, tandis qu'un nœud coulant se resserre inexorablement sur son estomac. Effectivement, en matière de différence de valeur, le diable a raison : entre son âme et sa seigneurie de Koerich, il n'y a pas d'hésitation à avoir... Et dire qu'en pensant faire cette proposition-là, Siegfried pensait avoir eu un éclair de génie. Il réalise maintenant à quel point son idée était ridicule. Il lutte pour respirer, lutte contre la honte qui est en train de l'envahir, et tente quand même une dernière objection :
- Ne m'avais-tu pas dit de te faire des contre-propositions ?...
Siegfried a honte de sa voix à présent si mal assurée. Il ne veut pas voir l'échec poindre au bout du chemin. Il lutte contre l'impulsion de détourner la tête pour ne plus voir...
- Que tu fasses des contre-propositions, ou des propositions d'échange, ou des propositions de rachat - peu importe comment tu les appelles - c'est une chose. Mais que moi, je les trouve acceptables, c'en est une autre !... Franchement, c'est là tout ce que tu trouves à m'offrir ?... Déjà à l'époque, je ne l'aurais pas acceptée comme contre-proposition. Alors aujourd'hui, je l'accepte encore moins comme proposition de rachat !... Non mais tu croyais quoi, hein ? Si déjà ce bout de terre qui a à peine une valeur même à tes propres yeux ne m'aurait pas suffi en échange de ta forteresse, comment crois-tu qu'il pourrait me suffire maintenant en échange de ton âme ?...
Siegfried lutte contre la nausée pendant que le diable continue sa tirade en faisant un grand tour autour de l'endroit où il se tenait.
- Décidément, vous les humains, vous êtes pitoyables. Vous êtes capables de vendre ce que vous avez de plus cher pour un bout de papier, quelques pierres ou une poignée de poussière. Puis dès que vous vous apercevez - enfin, après un temps souvent très long - que vous avez fait un marché de dupes, vous n'avez rien de plus pressé que de revenir sur votre parole et prétendre racheter ce que vous avez vendu pour encore moins que ce que vous en aviez obtenu !... Bande de voleurs de bas étage. Bande d'escrocs à la petite semaine. Et vous vous croyez si grands. Vraiment, vous faites tous pitié à voir. Vous vous agitez tous pour des broutilles, mais pas un seul d'entre vous n'est capable de reconnaître ce qui est vraiment important. Il n'y en a même pas un pour racheter l'autre. Tous pitoyables je dis, depuis le premier jusqu'au dernier ! Argh !
Il finit son tour en venant se planter pile devant Siegfried.
- Mais au moins toi, comte Siegfried, tu sauras que moi, je n'accepte pas de marché de dupes !
Musique : Nathan Larson - Margin Call score
Crédit images : toutes les images publiées dans cette Creative Room sont mes créations personnelles assistées par IA sur Fotor.com, retouchées sur Microsoft Photos