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Un hiver de glace

Un hiver de glace

Publié le 24 juil. 2021 Mis à jour le 11 janv. 2022 Culture
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Un hiver de glace

Je suis tombé sur ce roman de façon particulière. J’ai tout d’abord entendu parler du film Winter’s Bone qui a eu une presse assez élogieuse à sa sortie, et signait les débuts de la gloire de celle qui est aujourd’hui l’une des actrices hollywoodiennes les mieux payées, Jennifer Lawrence. Ce film de 2010 est l’adaptation du roman du même nom de Daniel Woodrell. Ce dernier, bien que s’étant fait connaître depuis le début des années 2000 pour quelques romans à succès m’était jusqu’alors resté inconnu…

Connaissant ma très forte tendance à ne plus lire un roman dont j’ai déjà vu l’adaptation cinématographique, et étant plutôt attiré par le point de départ de l’histoire, je me suis donc mis à la lecture du roman, m’interdisant la vision préalable du film.

 

Avant d’en dire plus, voici de quoi il s’agit. Un hiver de glace se passe dans la région des Ozarks. « Où ça ? » vous entends-je déjà demander ? C’est un coin paumé, une région montagneuse et oubliée, coincée à cheval entre l’Arkansas, le Missouri, l’Oklahoma et le Kansas. Bref, le trou du cul des USA. Ree Dolly, 16 ans, y survit tant bien que mal, avec à sa charge ses deux petits frères. Sa mère a tourné dingo et son père, Jessup, repris de justice en liberté conditionnelle, a disparu depuis quelques semaines. L’hiver est là, et un matin le shériff du comté débarque dans la bicoque des Dolly pour annoncer que Jessup avait hypothéqué la maison familiale pour payer sa caution. Et que si le bonhomme ne se présente pas à son procès tout proche, Ree et sa famille seront expulsés. La jeune fille décide alors de partir battre la campagne profonde à la recherche de son paternel, ce qui va s’avérer aussi compliqué que dangereux…

 

Outre le climat plus que rude du coin et les paysages de campagne américaine reculée, c’est surtout une plongée dans une Amérique profonde et rurale comme on a peu souvent l’occasion d’en voir (on peut en avoir un autre aperçu dans la série télé Outsiders que je recommande). Ici, le soleil de Californie et les gratte-ciels de New-York, c’est de la carte postale. Ici les hommes sont aussi rudes et âpres que le froid mordant de l’hiver. La pauvreté règne, le royaume de la démerde et de l’ignorance crasse c’est l’environnement dans lequel se débat du mieux qu’elle peut la jeune Ree. Et c’est peu de dire qu’elle ne peut pas compter sur grand monde dans sa quête. L’endroit est plutôt propice à la méfiance envers tous ceux qui l’approchent. Et justement, c’est parce qu’elle évolue dans un environnement aussi sombre, hostile et désespérant, que toute la force et la volonté qu’elle porte en elle la rendent par contraste extrêmement positive, lumineuse, solaire.

 

Avec elle, le lecteur croise une panoplie de personnages plus inquiétants et glauques les uns que les autres. On ne s’identifie pas forcément à la jeune Ree (en tout cas ce ne fut pas mon cas) mais on ne peut s’empêcher de s’inquiéter, d’avoir peur pour la jeune fille. Une jeune femme qui du haut de ses 16 petites années, donne une véritable leçon de courage, d’obstination et de volonté. Pourtant rien ne lui sera épargné, et je préfère vous prévenir, l’histoire se veut sombre et elle l’est jusque dans ses détails les plus sordides. C’est d’ailleurs, bien au-delà des températures extrêmes de l’hiver, ce qui est réellement glaçant dans ce roman : l’histoire est à la fois très glauque mais aussi d’un réalisme pétrifiant. Du genre à vous faire regarder cette si grande Amérique d’un tout autre œil à l’avenir…

 

Je ne vais pas m’étendre plus avant sur ce bouquin, de peur d’en dire trop et d’en gâcher le contenu à ceux qui voudraient s’aventurer dans sa lecture, mais je ne peux que le recommander à ceux qui n’ont pas peur de se confronter à la réalité d’une autre Amérique que celle qu’on nous donne à voir habituellement...

 

Cet article a été initialement publié sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com

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