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Les voies d'Anubis

Les voies d'Anubis

Publié le 16 juin 2020 Mis à jour le 16 juin 2020 Culture
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Les voies d'Anubis

Il est des livres qui vous poursuivent. Littéralement dans ce cas précis. Je m’explique…
Ce bouquin,
Les Voies d’Anubis de Tim Powers m’a été offert en 2001 par quelqu’un qui compte beaucoup pour moi, mon ex-collègue et ami Rémy. Et honte à moi, je n’ai réussi à le lire qu’en 2009 !! Pourtant je l’ai traîné avec moi dans beaucoup d’endroits avec pour but de le lire, il a ainsi traversé l’Atlantique et s’est fardé 4500 bornes de route dans l’Ouest américain, connu plusieurs séjours à Aix-en-Provence, mais rien n’y a fait, il restait obstinément au fond de mon sac sans que je n’arrive à m’y mettre sérieusement. Une fois pourtant j’avais entamé le prologue, qui est à mon sens tant bardé de noms complexes, de personnages non-identifiés et de dialogues imbitables que j’avais abandonné lâchement ma lecture, convaincu que je reprendrais sous peu mais sachant bien que le livre attendrait à nouveau un laps de temps indéterminé avant de revenir à mon programme…
Et donc quand je suis passé à mon opération « cette année je lis plus de romans », automatiquement m’est revenu à l’esprit
Les Voies d’Anubis, qui a donc bien fini par passer à la casserole ! Ça y est Rémy, si t’as un autre bouquin à me faire lire c’est bon, je suis prêt !!

 
Les Voies d’Anubis est considéré par pas mal de connaisseurs comme une référence en matière de roman de SF / Fantastique et en effet dans les thèmes abordés je n’ai pas été déçu : on côtoie pêle-mêle dans cette histoire des magiciens sanguinaires, un lycanthrope, des voyageurs temporels, des dieux égyptiens, des esprits qui changent de corps, des monstres mutants… et un clown sur échasses. Et ce dernier n’est pas des moindres.
Comme je le disais plus haut, le prologue est très difficile à lire, on n’y comprend rien et les termes employés sont à ce point obscurs qu’on est tenté de se dire qu’on a mieux à faire que de lire des trucs dont on ne pipe pas un mot sur deux. Honnêtement je pense que ce prologue ne peut que nuire à la lecture du roman car non seulement il décourage celui qui aborde ces pages par simple curiosité « pour voir », mais en plus il n’a aucun effet intrigant sur le lecteur, ni le moindre intérêt par rapport à un quelconque développement plus tardif dans le roman. Mais si vous passez le cap (que vous pouvez même carrément sauter pour les moins courageux) de ce prologue soporifique, dès le premier chapitre on aborde l’histoire par une narration de facture bien plus classique, agréable à lire et débarrassée de toute l’incompréhension des premières pages. On suit dès lors
Brendan Doyle, professeur de littérature au physique anonyme et sans âge, spécialiste de la poésie anglaise du XIX siècle et plus particulièrement du poète méconnu William Ashbless. C’est à ce titre qu’il est contacté par J. Cochran Darrow, un érudit milliardaire qui a la réputation peu sérieuse d’être un iconoclaste versé dans l’ésotérisme, les croyances et les shamaneries de toutes sortes. Ce dernier lui dévoile son grand projet : il a trouvé le moyen de voyager dans le passé et propose à Doyle de lui servir de guide à lui et ses amis (plusieurs autres très riches hurluberlus qu’il a convaincu de financer son projet de voyage littéraire temporel) dans l’Angleterre victorienne au cours de leur voyage de quelques heures et pendant lequel ils iront assister à une conférence de Coleridge
D’abord pas convaincu du tout, Doyle tente l’expérience et contre toute attente les voyageurs se retrouvent bel et bien dans le Londres de 1810 !! Évidemment, c’est lors du retour que les choses vont se gâter pour Doyle qui se voit enlevé par un sorcier gitan patibulaire qui l’empêchera de prendre la « porte » qui devait le ramener au XXème siècle…
Dès lors, prisonnier du passé, Doyle va devoir se débrouiller pour trouver non seulement un moyen de retourner dans son époque, mais aussi de subsister dans ce Londres inhospitalier où pourtant il ne semble pas être le seul « échappé du temps » puisqu’une personne insaisissable se promène ça et là dans la foule en sifflotant l’air de
Yesterday des Beattles !!!
Les pérégrinations de Doyle vont le mener de surprise en surprise, et il va vite se retrouver au beau milieu d’un conflit entre les deux troupes de mendiants qui se partagent la ville… ce qui ne sera que le début d’une longue course-poursuite émaillée de rebondissements, d’action et de suspense.

Vraiment je comprends pourquoi ce roman est considéré comme une référence en la matière, tant il est dense, aussi bien en thèmes chers au genre Fantastique (le voyage dans le temps, la lycanthropie, la magie noire –oubliez Harry Potter-, l’interversion des esprits entre deux corps), qu’en personnages forts et charismatiques (le clown, le docteur
Romany, Doyle, le géant). Le style est riche, la narration trouve le juste milieu entre dynamisme et sobriété ce qui lui confère du reste l’attrait d’un classique instantané du récit de voyage dans le temps (j’avoue avoir un faible pour ce thème). Et bien qu’on voit parfois quelques rebondissements arriver c’est pour mieux se laisser surprendre par ceux qu’on n’a pas du tout anticipés, d’autant que le suspense est gardé jusqu’à la toute fin de ce qu’il advient du personnage principal.

Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas lu un roman de ce style, ça m’a rappelé furieusement les années lycées où j’ai écumé les romans et nouvelles d’
A.E. Van Vogt, Philip K. Dick et autres Aldous Huxley. Car je range sans hésiter Les Voies d’Anubis auprès de ses glorieux aînés. Si le style vous parle, allez-y c’est du très bon !

 

Cet article a été initialement publiée sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com

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