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Le Voyageur imprudent

Le Voyageur imprudent

Publié le 10 juil. 2020 Mis à jour le 10 juil. 2020 Culture
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Le Voyageur imprudent

Les 2-3 internautes errants qui parviennent à suivre régulièrement mon blablatage ici-même s’en souviennent peut-être, voici quelques temps j’avais connu ma première immersion dans l’œuvre de René Barjavel, avec L’Enchanteur. J’avais été peu séduit mais comme il faut remonter en selle dès qu’on tombe de cheval on m’avait convaincu de retenter ma chance avec un autre de ses romans. Le Voyageur Imprudent a donc été celui-là (après les conseils de Delphine pour L’Enchanteur, c’est celui de Marie que j’ai suivi ici).

 
Le Voyageur Imprudent est le deuxième roman de Barjavel, paru en 1944. Il reprend l’idée du voyage dans le temps, développée bien avant lui par Wells dans sa Machine à explorer le temps.
L’histoire débute vers la fin de la seconde guerre mondiale,
Pierre Saint-Menoux est caporal et rencontre par un hiver glacial le physicien et chimiste Noël Essaillon qui lui dévoile comment il a pu, grâce aux propres travaux de Saint-Menoux (qui est lui-même mathématicien dans le civil), développer ses recherches et fabriquer une substance (qu’il a modestement nommée la noëlite) qui permet de voyager dans le temps, aussi bien dans l’avenir que dans le passé. Convaincu après avoir lui-même testé son invention, Saint-Menoux accepte de s’associer à Essaillon pour poursuivre ensemble leurs recherches et découvrir ce qui attend l’humanité dans le futur. Leurs motivations sont nobles, les deux scientifiques veulent comprendre et de ce fait éviter les grandes catastrophes à venir telles que des guerres ou des épidémies, espérant ainsi assurer un avenir meilleur à l’homme. Travaillant d’arrache-pied avec Essaillon en tentant expérience après expérience, Saint-Menoux va tomber sous le charme doux de la fille de son confrère, la jeune Annette. Et alors que Saint-Menoux s’aventure de plus en plus loin dans le futur, il est le témoin de la lente évolution de la race humaine vers une forme de vie en société totalement inattendue et peu réjouissante…

Barjavel explore le temps et pousse le concept dans ses retranchements. Bien que depuis lui bon nombre d’auteurs et d’œuvres se sont intéressés aux voyages temporels, Barjavel rend hommage au genre et se montre rigoureux dans la manipulation de ce type d’histoire bien particulier qu’est le voyage dans le temps. Il en explore les moindres possibilités, dans le futur (où il laisse parler son imagination) comme dans le passé (qu’il sait faire revivre dans le respect du détail), mais toujours en conservant une certaine logique, une cohérence tout du long de son récit. Bien évidemment il ira chatouiller aussi la notion de paradoxe temporel, et il le fait avec malice et intelligence, donnant ainsi une vraie crédibilité à son histoire et c’est à mon sens la meilleure partie du roman. Le tout saupoudré d’une sensibilité et d’une émotion toutes en retenue, un ton sobre, classique, bien ancré dans son époque pour le coup.

C’est peut-être ce ton un peu daté, pas vraiment précieux mais pas loin, qui aura mis une distance entre le personnage et moi. Il n’y a pas eu d’identification, j’ai eu du mal à me sentir vraiment impliqué dans l’enchaînement des événements, j’ai lu cela avec un certain détachement. Pas du désintérêt parce que l’envie de savoir ce qui allait se passer était bien là, mais je n’étais pas autant à fond dans le roman qu’on peut l’être lorsqu’on se sent à la place du personnage principal.

Bref, pour ma deuxième incursion dans l’univers littéraire de Barjavel, j’ai été très intéressé par le thème abordé, par le traitement du paradoxe temporel, j’ai beaucoup aimé la note de fin en forme de Post-Scriptum, mais je suis encore une fois resté un peu en retrait de ce que je lisais. J’attendais la « révélation » tant promise vis-à-vis de l’auteur,  et j’ai beaucoup plus accroché à ce roman qu’à
L’Enchanteur, mais je suis encore resté un peu sur ma faim. La passion a manqué à l’appel.
Le prochain Barjavel sera-t-il le bon ? Pour le moment je n’en ai pas d’autre au programme… des suggestions peut-être ?

 

Cet article a été initialement publiée sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com

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