Disparu à jamais
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Disparu à jamais
Les thrillers et les polars en romans, ce n’est pas mon rayon de prédilection. Jamais ouvert un livre de la collection Série Noire, et tous les grands maîtres du suspense et des enquêtes policières avec moult révélations à la clé ne font pas partie de ma culture littéraire. Si tant est que je puisse parler de culture littéraire. Hum. Bref. Pour moi, les enquêtes les plus palpitantes et les plus passionnantes se déroulent en images. Au cinéma, mais surtout à la télévision. Columbo, Les Experts, Dexter… les exemples sont légion, et ont de tout temps envahi mon espace cathodique.
Mais en bouquin, le genre ne m’attire que très peu.
Cherchant à explorer un peu ce pan immense de la littérature (souvent populaire d’ailleurs), je me suis dit que tant qu’à faire, autant découvrir le genre avec un de ses maîtres incontestés. J’ai donc choisi de m’intéresser à Harlan Coben, dont on a bien voulu me prêter deux livres. Le plus connu certainement, Ne le dis à personne (dont j’ai déjà parlé ici) et un second, à bonne réputation, Disparu à jamais donc.
L’action démarre à New-York. Will Klein vient de perdre sa mère, autant morte de son cancer que de chagrin. Car la famille Klein a vécu onze ans auparavant un drame qui aura changé l’existence de tous ses membres. Il y a onze ans, Ken, le frère aîné de Will a été accusé du viol et du meurtre de sa petite amie. Il a alors purement et simplement disparu et n’a jamais reparu depuis. Will, qui croit fermement en son innocence, pense également que son frère est mort. La logique veut que Ken n’aurait jamais pu échapper aussi longtemps aux forces de police du pays entier, sans ressource et sans aide extérieure. Will en a donc conclu comme beaucoup qu’il était certainement arrivé malheur à son frère et s’est résigné à ne jamais en apprendre plus. Mais deux événements viennent bouleverser la vie de Will. Ken aurait été aperçu sur la tombe de sa prétendue victime. Et quelques jours plus tard c’est Sheila, la fiancée de Will qui disparaît à son tour, sans laisser ni trace ni explication. Et le FBI semble penser que tout est lié…
Voilà pour l’intrigue. Le mystère est posé, et il semble épais. Le héros va progresser pas à pas dans un monde dont il ignore tout, et découvrir, révélation après révélation, que ce qu’il pensait savoir de ses proches pourrait bien s’avérer totalement faux. Le style Corben est plutôt efficace il faut bien le dire. L’auteur ne s’embarrasse pas de temps morts, de moments d’introspection ou de quoi que ce soit qui pourrait ralentir son récit. Tout repose sur le rythme soutenu auquel les rebondissements surviennent tout au long de l’intrigue. Pourtant, il faut lui reconnaître qu’il réussit à ne pas pour autant trop survoler ses personnages principaux. Il n’entre pas dans de grandes études psychologiques et reste dans la description de caractères simples mais il le fait avec une simplicité qui rend les personnages crédibles et parfaitement identifiables et qualifiables en quelques mots. Pas de fioriture encore une fois, de l’efficacité. Mais peu de ses personnages ne me sont apparus attachants. Ceux qui sortent un tant soit peu du lot sont les plus marginaux, en l’occurrence ici Sheila la fiancée disparue aux lourds secrets et Carrex l’ami yogi-ex-néonazi-repenti (fallait oser, et pourtant ça passe plutôt bien). Mais bon, ça reste du traitement en surface, ne vous attendez pas à des personnages travaillés en profondeur. Harlan Coben préfère laisser remplir les trous par ses lecteurs, et si ça se trouve c’est aussi ce qui participe à sa réussite, puisqu’il laisse chacun trouver un peu ce qu’il veut bien dans ses personnages.
Évidemment il s’agit d’un livre qui se lit vite, le contraire serait suicidaire pour un auteur qui veut conserver l’effet de suspense haletant inhérent à ce genre d’intrigue. Et c’est là que je tique un peu. Parce que tout au long de ma lecture, je n’ai pas pu réellement entrer dans l’histoire à fond. Je voulais comprendre, je voulais savoir, mais je gardais mon œil extérieur. À aucun moment je n’ai été happé par le roman, à aucun moment je ne me suis senti impliqué. En fait, j’ai eu cette désagréable sensation tout au long du bouquin que Coben appliquait –consciencieusement et avec un certain talent- des recettes types. Un peu comme si au lieu de savourer un bon plat je me fardais toute la recette à la lettre tirée de marmiton.org.
Un parfum, très léger mais entêtant, d’artificiel. Et je n’ai pas réussi à m’en défaire de tout le livre.
Alors de deux choses l’une : soit je suis tombé sur un thriller bien ficelé dans l’ensemble mais moyen malgré tout du point de vue de l’implication du lecteur dans l’histoire, soit je ne suis pas vraiment fait pour lire des thrillers de la trempe de ce qu’écrit l’un des maîtres du genre. Ne le dis à personne m’avait déjà laissé sur un sentiment mi-figue mi-raisin, avec cette impression d’avoir lu un bon livre mais assez mineur là où la majorité voit un chef d’œuvre du genre.
J’imagine que les afficionados de polars et de thrillers apprécieront plus à sa juste valeur Disparu à jamais, pour ma part il m’aura laissé un sentiment assez neutre. Je ne me suis pas ennuyé en le lisant, pas du tout même, mais pour être franc, ça ne m’a pas donné plus envie que ça de lire d’autres livres de Harlan Coben. Ma découverte de cet auteur en restera donc là je pense.
Cet article a été initialement publiée sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com