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Cercle vicieux

Cercle vicieux

Publié le 7 nov. 2020 Mis à jour le 11 janv. 2022 Culture
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Cercle vicieux

Ce qui m’a poussé à lire ce livre, c’est le nom de son auteur : Mike Carey. S’il n’est pas spécialement connu comme écrivain, il l’est en revanche comme scénariste de comic books. Et ce n’est pas le plus mauvais d’entre eux, loin s’en faut. Parmi ses œuvres phares il faut avant tout citer une tripoté d’épisodes de la série Hellblazer (qui met en scène le personnage de John Constantine) pour le compte de DC / Vertigo. Il a également adapté au format BD le roman Neverwhere de Neil Gaiman. Pour Marvel il s’est frotté à différents personnages dont les X-Men et la version Ultimate des Quatre Fantastiques. Puis, ce fut avec la très chouette série The Unwritten (toujours chez Vertigo) qu’il tint le haut du pavé. Mike Carey a un style bien à lui, alliant intelligence, originalité et humour dans un cocktail assez détonant. J’ai donc voulu voir ce que ça donnait dans un autre format, celui du roman.

Dans
Cercle Vicieux, le héros principal se nomme Félix Castor. Le bonhomme est exorciste (bien qu’il puisse communiquer avec les morts il n’en porte pas pour autant la soutane, loin de là) et détective privé. Il exerce ses talents à Londres, à une époque où le surnaturel a éclaté au grand jour. Les fantômes et autres morts-vivants sont devenus monnaie courante et à ce titre les législateurs anglais planchent sur une loi qui doit donner un statut juridique à tous ces êtres post-mortem qui partagent le quotidien des humains. Castor pour sa part utilise ses dons pour résoudre énigmes et enquêtes tantôt en free-lance, tantôt comme soutien aux forces de l’ordre. Quand un couple en deuil vient lui confier une enquête un peu spéciale, il ne peut s’empêcher de l’accepter : des parents lui demandent de retrouver leur fille kidnappée. Ou plutôt de retrouver le fantôme de leur fille, qui a été enlevé, par un confrère exorciste qui plus est. L’affaire n’étant pas banale, Castor va mettre sur le coup son meilleur indic, Nicky, un zombie geek, paranoïaque et plein de ressources, ainsi que son associée Juliet, succube au charme dévastateur. Et comme rien n’est jamais simple dans la vie de Félix Castor, il doit également gérer le cas de Rafi son meilleur ami qui est interné depuis qu’un démon de la pire espèce ait possédé son corps.
L’enquête va bientôt le mener sur les traces d’une secte d’adorateurs de Satan, dans les pattes de Garous peu avenants et surtout ... droit dans de gros problèmes.

Bon alors quoi dire de ce roman ?
D’abord j’ai appris qu’il s’intègre dans un genre de littérature dont je ne connaissais pas le nom jusqu’ici : l’Urban Fantasy. En gros on prend les codes d’un genre ultra-codé, le polar urbain, qu’on plonge dans un environnement qui emprunte peu ou prou à cet autre genre qu’est le fantastique. Ça peut paraître un peu lourd dit comme ça, voire foutraque même, et pourtant quand c’est bien mené ça donne un mélange assez intéressant. Et justement donc, Mike Carey prouve qu’il sait aussi bien mener sa barque en tant qu’écrivain qu’en tant que scénariste de comics. Il crée dans ce bouquin un univers très particulier, assez sombre, qu’il fouille et bâtit consciencieusement le rendant cohérent et contre toute attente crédible. La force de Carey réside avant tout dans ses personnages. Il sait les rendre intéressants et attachants. Qu’il s’agisse de Castor ou des seconds rôles comme Nicky le zombie et Juliet le succube. D’ailleurs le personnage de Félix Castor n’est pas sans rappeler le John Constantine qu’il a maintes et maintes fois mis en scène dans
Hellblazer. Le gars revenu de tout, qui ne s’étonne plus de rien et qui prend tout d’un air faussement détaché, avec un humour piquant et une pointe de cynisme... tout cela en fait un détective alliant classicisme et modernité. On l’apprécie d’autant plus que la narration se fait à la première personne et qu’on « vit » toute l’histoire à travers son regard particulier sur le monde. L’autre point fort de Mike Carey c’est son sens des dialogues et les répliques cinglantes qui fusent, soulignant ainsi un peu plus l’humour souvent noir de Castor.
L’intrigue quant à elle, sans être exceptionnellement géniale, sait se montrer suffisamment  tortueuse pour ne pas décrocher le lecteur avant la fin. Si Carey sait gérer avec brio tous les éléments fantastiques qui émaillent son récit, il prouve aussi qu’il se débrouille pas mal du tout dans le registre plus spécifique du polar.

À savoir cependant sur ce roman, c’est qu’il s’agit du deuxième tome d’une série de romans ayant pour héros Félix Castor. L’éditeur français
Bragelonne a sciemment décidé de laisser tomber le premier tome et de commencer directement la traduction par le second tome de cette série. À la lecture il n’y paraît rien, on a tout ce qu’il faut dans ce tome pour bien appréhender l’univers et les personnages.
En ce qui me concerne l’expérience de ce
Cercle Vicieux s’est révélée positive, et je ne serai pas contre une autre dose des aventures de cet exorciste détective privé (un second tome –le troisième dans la langue de Shakespeare, suivez un peu quoi- existe, toujours chez Bragelonne, et si l’occasion se présente je le lirai avec plaisir).

Cet article a été initialement publié sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com

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