Malavita encore (2008) Tonino Benacquista
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Malavita encore (2008) Tonino Benacquista
Mafieux un jour, mafieux toujours
Le grand public a découvert Tonino Benacquista avec Saga, un roman assez fascinant. Il faut dire que le sujet faisait écho à une époque télévisuelle aujourd'hui disparue dans les limbes. Depuis on a pu suivre les productions du prolifique auteur, et saluer son entrée avec bonheur dans le monde cinématographique, notamment lors de ses jolies collaborations avec Jacques Audiard. Et on a plutôt pu se régaler en lisant Malavita, sorti en 2004, puis adapté mollement par Luc Besson. Quatre ans plus tard, Benacquista s’attelait à la tâche une nouvelle fois en écrivant la suite des aventures de cette famille de mafiosos. Et on reconnait bien dans Malavita encore la touche de l’écrivain d’origine italienne.
Le début
Frederick Wayne est désormais un écrivain américain plus ou moins célèbre résidant dans une bourgade du sud de la France. Mais il ne s’est pas toujours appelé comme ça, puisque son nom de baptême est Giovanni Manzoni. D’une famille de mafieux, il exerçait ses activités dans le New Jersey jusqu’à ce qu’il se fasse pincer par le FBI, qu’il balance quelques noms et soit pris en charge par le programme de protection des témoins, de crainte des représailles des membres de la Cosa Nostra. Arrivé en France avec sa femme Maggie, son fils Warren et sa fille Belle, ils ont d’abord vécu en Île de France pour s’installer quelques années plus tard dans le petit village de Mazenc.
Analyse
L‘imaginaire de Tonino Benacquista est foisonnant, et il s‘en donne à cœur joie dans Malavita encore. On pourrait penser que cette suite perdrait de son intérêt, eu égard au fait que les protagonistes avaient déjà fait pas mal les quatre cent coups dans le premier opus de la série. Que nenni : si Malavita était plus centré sur le personnage de Giovanni Manzoni, sa suite se partage à temps égal entre les quatre membres de la famille, qui ont grandi depuis. On suit ainsi les pérégrinations de deux adolescents qui se rebellent et d'une épouse qui a toujours suivi son mari mais qui rêve de plus en plus d'idépendance. Ce qui n'est pas sans provoquer quelques remous, bien évidemment.
Et c’est un bonheur de retrouver la truculence latine de tous ces personnages, et l'on découvre ainsi plusieurs parties de leur passé, en se rendant compte qu'il ne les quitte pas. Quoi qu’ils fassent, qu’ils veuillent en échapper ou pas, l’héritage familial va venir les tarauder au moment où ils s’y attendaient le moins, à notre plus grand plaisir coupable. Avec une verve très distrayante, Malavita encore s’amuse donc à nous narrer les aventures de ces quatre héros, ou anti-héros selon les situations auxquelles elles et ils sont confrontées, en prise avec des difficultés du quotidien, dans un contexte qui l'est beaucoup moins, et qui vont les résoudre de manière peu orthodoxe.
C’est dire l’inventivité de Tonino Benacquista, qui va trouver des solutions abracadabrantesques à des problèmes somme toute banals. Malavita encore est frais, ça se lit vite, ça n’est pas de la grande littérature mais ce n’est pas non plus de la littérature de gare, et on devient très vite accro. Car c’est aussi le talent de Benacquista : son passage à l’écriture scénaristique lui a sans doute permis de peaufiner l’univers visuel de ses romans. Du coup, les personnages prennent chair très facilement dans notre imagination et on s’attache assez vite à eux. On a hâte de les retrouver au fil du roman et de découvrir la façon avec laquelle ils vont se dépêtrer de leurs petits souci du quotidien.