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La chambre des dupes (2020) Camille Pascal

La chambre des dupes (2020) Camille Pascal

Publié le 31 oct. 2020 Mis à jour le 31 oct. 2020 Culture
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La chambre des dupes (2020) Camille Pascal

Mais que Marie-Anne était jolie

L’auteur de La chambre des dupes est un personnage pour le moins atypique de la scène littéraire. Il participe à quelques ouvrages collectif d’orientation sociologique à la fin des années 1990, travaillant alors à l’École des hautes études en sciences sociales. Sa carrière politique est alors déjà entamée, ayant collaboré au Ministères de l’éducation nationale avec François Bayrou. Puis il travaille au Conseil supérieur de l'audiovisuel avant d’être nommé directeur général adjoint de France télévision. C’est là qu’il publie son premier essai, déjà autour des amours illégitimes du roi Louis XV, qui sera suivi d’un témoignage de son passage à l’Élysée auprès de Nicolas Sarkozy. C’est d’ailleurs là qu’il rencontre Jean Castex, qui plusieurs années plus tard le recrutera dans son cabinet. Entre temps, Camille Pascal aura écrit son premier roman, L'été des quatre rois, récipiendaire du Grand prix du roman de l'Académie française, et aura vu La chambre des dupes présélectionné pour le prix Goncourt.

Au début du mois de septembre 1741, la maîtresse de Louis XV meurt, une semaine après avoir accouché d’un garçon, fruit de sa liaison avec le roi. La marquise de Vintimille reçoit les soins de sa sœur Louise de Mailly, elle-même ancienne favorite de son amant. La foule habituelle des courtisans se presse dès le matin pour témoigner au roi leur affection, mais même la reine se voit refuser l’entrée de la chambre de son époux. La seule personne qu’il souhaite fréquenter est la sœur de la défunte, avec qui il entend faire son deuil. Alors que les domestiques tentent de subtiliser l’argenterie de la défunte, son cadavre est confié aux soins des médecins pour lui faire une autopsie afin de confirmer ou non les soupçons d’empoisonnement qui circulent. Le peuple se gausse de la mort de cette intrigante, infidèle à son mari et qui détournait le roi de ses pieuses aspirations. C’est à l’hôtel de Villeroy qu’un simple linceul couvre le corps nu de la marquise, gardé par quatre laquais jouant aux cartes.

Seulement quelques années séparent le début de La chambre des dupes de sa conclusion. Le roman s’ouvre à l’automne de l’année 1741 avec l’agonie de la marquise de Vintimille et se clôt en 1746 avec un épilogue introduisant le personnage de la marquise de Pompadour. Entre ces deux dates, le roi aura le temps d’approcher la mort à Metz, lors d’une longue séquence qui raconte, lors de la Guerre de succession d’Autriche, la dysenterie dont a été victime Louis XV. C’est semble-t-il le propos central du roman, qui met en lumière cet épisode relativement peu connu de l’Histoire de France, et qui fait écho à la même pathologie dont a été atteint Louis XIII et qui entraînera la Journée des dupes. Le parallèle est renforcé par le titre du livre, l’épisode de Metz provoquant lui aussi une cabale du roi envers ses plus proches conseillers, qui, profitant de sa condition affaiblie, l’avait contraint à désavouer sa maîtresse Marie-Anne de Mailly-Nesle, alias la duchesse de Châteauroux

Le regard que porte Camille Pascal sur ses personnages est assez ambigu. Les courtisans qui peuplent La chambre des dupes font peine à voir, tant ils sont avides de ces basses intrigues. L’action se déroule à une époque où un bon mot pouvait faire ou défaire une réputation, et où le vent pouvait tourner rapidement pour la carrière de ces aristocrates. Et l’auteur ne se gêne pas pour railler les attitudes sournoises des uns et des autres, et pour démythifier la figure de ces nobles qu’il dépeint comme des animaux mus par le sexe et le pouvoir. Avec force détails, il nous raconte toutes les petites stratégies de chacune et de chacun, s’attardant à l’envi sur les moindres anecdotes, souvent racontées avec plusieurs points de vue. Mais Camille Pascal a l’air d’être attiré par toute cette cour et par ses apparats ; au lieu de narrer les faits tel un mémorialiste, il semble prendre un malin plaisir à dépeindre ces scènes qui, il faut bien l’avouer, n’ont au final rien de bien passionnant.

Et c’est avec un style très ampoulé que l’auteur nous raconte ces événements. Il use et abuse de substantifs et de tournures de phrases alambiquées qui alourdissent son récit. Ainsi La chambre des dupes, à trop vouloir coller à l’époque que le roman dépeint, en devient un objet de lecture difficilement appréciable. La lourdeur de la syntaxe n’encourage pas le liseur, qui déroche souvent d’une intrigue un peu molle. L’accumulation de patronymes n’arrange rien à l’affaire, il faut être féru d’Histoire de France pour ne pas consulter une encyclopédie afin de se rappeler quelle est cette duchesse ou cet évêque qui gravite dans ces lieux chargés de mémoire. Le livre en devient un objet désuet, et l’on en vient à se demander quelles sont les intentions de Camille Pascal, qui hésite entre la fibre annaliste, il fait d’ailleurs intervenir brièvement Saint-Simon, et l’angle pamphletiste, tant les personnages apparaissent comme des pantins sans profondeur.

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