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Hysteria (2020) Beth Draven

Hysteria (2020) Beth Draven

Publié le 25 oct. 2021 Mis à jour le 25 oct. 2021 Culture
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Hysteria (2020) Beth Draven

Qui suis-je, où vais-je, dans quel état j’erre

En 2018, Beth Draven publiait chez Lips ans Co éditions une saga policière en trois volume dont le personnage principal est Alicia Smith, une étudiante en droit new-yorkaise. Fin 2020, c’est chez Chambre noire que paraît Hysteria, où l’on suit les péripéties d’une femme de Seattle confrontée à des événements mystérieux. De l’autrice on ne sait pas grand-chose, si ce n’est qu’elle habite Lille, qu’elle est presque quarantenaire et qu’elle est mère de deux enfants. Elle se spécialise visiblement dans un genre de romans très calibrés, les thrillers dont les personnages principales sont des femmes. Une des papesses de cette littérature est Mary Higgins Clark qui, entre le milieu des années 1970 et sa mort en 2020, a publié une cinquantaine de romans et autres nouvelles. Le principe est simple et se décline à foison, mais la base et de suivre une héroïne américaine, souvent aisée, belle et intelligente qui subit les foudres d’un homme méchant. 

Une femme se réveille dans un parc, la bouche pleine de sang, et elle ne sait pas qui elle est, ni où elle se trouve, si ce n’est qu’elle reconnaît le Space Needle, et en déduit qu’elle est à Seattle. Un homme qui faisait son jogging vient l’aider et appelle les secours, mais quand il lui demande son prénom, elle ne sait pas lui répondre. Elle se retrouve dans le service psychiatrique d’un hôpital, où elle est prise en charge par le docteur Daniel Scott. Ayant commencé sa garde il y a une heure, après une nuit où il a cuvé tout l’alcool ingurgité la veille, celui-ci se voit expliquer le cas de cette « Madame X » par un interne. Amnésique, la patiente est marquée par de nombreuses contusions, mais le mystère demeure entier quant à savoir comment elle s’est trouvée couverte de tellement de sang. Daniel se demande pourquoi on l’a appelé, lui qui n’exerce plus vraiment et qui ne conserve son poste que grâce à la bienveillance du directeur adjoint de l’hôpital, qui se trouve être son beau-frère.

Les personnages et la trame d’Hysteria sont bien connus des amateurs de polars. Olivia Reed est une jeune femme riche, dont le mari est beau et prévenant et le médecin qui s’occupe d’elle a beaucoup de charme. Les problèmes  n’en sont pas moins légion, puisqu’elle ne se souvient de rien, et qu’elle ne sait donc pas sur qui elle peut réellement compter. Car bien entendu sa situation est dramatique car on va bientôt l’accuser d’un crime, puisqu’on a retrouvé ses empreintes partout et qu’elle est incapable de se justifier. Les doutes vont bientôt l’assaillir sur cet homme qui prétend l’aimer mais dont les agissements sont troubles, sans compter le fait qu’il est un généreux donateur pour l’hôpital qui l’accueille et qu’il a l’air de vouloir tout régenter. Ajoutons à cela le caractère fantasque de ce neurologue, qui aimerait beaucoup l’aider mais dont l’historique professionnel éveille les soupçons. Le cadre est classique, la narration l’est tout autant.

Du reste, Hysteria semble évoluer dans un cadre balisé. Les personnages évoluent dans une ville américaine, et sont des prototypes habituels du genre. Ainsi l’hôpital dans lequel se déroule la première partie du roman n’est pas sans rappeler La Clinique du Docteur H, et les traumatismes d’enfance de l’héroïne sont tout autant des classiques dans le développement des protagonistes de ces récits. De même, l’artifice scénaristique de la perte de mémoire a été vue et revu, on peut à ce stade parler de poncifs de la littérature et des films de suspense. Bien entendu, tout le monde est suspect, et la lectrice ou le lecteur est sans cesse ballotté entre les uns et les autres, ne sachant pas plus que cette pauvre Olivia vers qui se tourner pour en savoir plus. D’ailleurs la narration à la première personne est assez troublante : on ne sait pas trop si l’on est agacé ou intrigué par ce subterfuge qui nous fait entrer dans les pensées de la personnage principale.

Ainsi l’écriture d’Hysteria est-elle un peu lourde, et l’ensemble du roman manque de finesse. C’est un attendu dans ce genre d’histoire, mais les divers rebondissements qui ne cesse d’émailler le récit finissent par lasser. Au passage, la résolution est on ne peut plus capillotractée, et l’on sort un peu de cette lecture en se disant : tout ça pour ça. Cela dit, globalement l’ouvrage se tient relativement bien, et les personnages, bien que trop stéréotypés, parviennent tout de même à exister. Ressort tout de même de cet ensemble un aspect artificiel, qui, une fois de plus, répond aux codes du genre, et l’on ne peut pas vraiment blâmer Beth Draven de s’y coller. L’autrice a visiblement lu beaucoup de thrillers, et elle parvient à nous convaincre de sa sincérité. Les amatrices et les amateurs devraient tout à fait prendre du plaisir à parcourir le roman, qui se tient tout à fait sans non plus révolutionner le genre. Mais cela ne semble pas son but, et l’objectif d’un divertissement teinté de frissons est visiblement atteint.

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