Quel éditeur de théâtre sera assez fou pour publier ma pièce ?
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Quel éditeur de théâtre sera assez fou pour publier ma pièce ?
Bonjour, bonsoir Panodyssey !
J'écris à la communauté pour essayer de trouver une perle méga rare : un éditeur publiant du théâtre (rare), plus précisément du théâtre en vers (très rare) et même une tragédie (méga rare).
Je sais que ce type de pièces est passé de mode depuis quelques siècles et que n'est pas Racine ou Rostand qui veut, mais... puisque je suis aussi rêveur qu'un songe une nuit d'été, puisque ce rêve-là, publier et faire jouer une tragédie en vers, est sans doute l'un de ceux que j'aimerais réaliser avant de rejoindre le royaume dont beaucoup passent leur vie à rêver, eh bien... j'essaie :
Si un lecteur émerveillé vient par ici,
Si ce lecteur est éditeur de poésie,
Si le théâtre est pour ce brave une évidence,
S'il cherche encore au cœur des mots un texte dense,
Qu'il lise bien ceci : Ma tragédie t'attend !
Elle dort au milieu des textes en sommeil,
De ceux qui, fort perclus au fond de mon tiroir,
Attendent jour et nuit tes yeux qui s'émerveillent.
Alors viens, prends ma main, suis mes mots dans le noir
Et lis. Découvre enfin mes personnages pris
Par leur passion qui tue et leur voix qui fascine.
Va, sous leur aile va, force leur destin gris
Et dans leur main tendue, vois l'or qui assassine :
Quand la belle Acacia, en son antique Athènes,
Voit le peureux Léandre au milieu de l'arène,
Son cœur en un éclair jaillit de sous sa robe
Et c'est tout le royaume au banquet de leurs noces
Qui applaudit jusqu'à ce que ne se dérobe
Le rêve d'Acacia face à l'âme retorse
D’Émilios qui en vain l'aime et voudra lui nuire.
La tragédie s'amuse et la comédie pleure
En ces vers que jadis j'écrivis plein d'ardeur,
Les espérant un jour joués. Tu dois les lire,
Maintenant, dès ce soir, jeune metteur en scène,
Juvénile éditeur ou passionné des haines
Qu'aime la tragédie, pour enfin exhumer
Mes doux personnages de leur cercueil d'acier.
Bref, voici l'acte IV. Chacun des cinq actes est divisé en 4 scènes. Bonne lecture et n'oublie pas de partager ma bouteille à la mer !
ACTE IV, SCENE 1
ÉMILIOS, MAKAR, NIKOS, VOIX DE LA VILLE.
A l'extérieur du palais. Dans les rues d'Athènes. Makar et Nikos marchent de chaque côté d'Émilios qui garde la tête baissée.
LES VOIX
Mort pour le traître ! Aucun remord ! Mort pour le traître !
Frappez, frappez, soldats ! Il a souillé Athènes !
Que le monde alentour l'affame ou le noie !
Que brille l'éternelle Athènes loin de lui !
Frappez, frappez, soldats ! Les dieux vous encouragent !
La mort pour ce parjure est un trop doux parfum !
Qu'il souffre et qu'il supplie la Grèce toute entière !
MAKAR (à Nikos)
N'écoutons pas ces voix, ne cédons pas au crime,
Accomplissons au mieux cette mission d'estime
En chassant de la ville un traître à nul pareil.
NIKOS (à Makar)
Tu as raison. Offrons aux mariés une fin..
Heureuse. Et à nous deux un retour plus... serein.
Taisons-nous maintenant. Les voix ont disparu,
Soyons dignes du roi, même loin de ses rues.
ÉMILIOS (monologue intérieur)
Je ne peux supporter une chute pareille !
Moi qui fus au combat le maître du soleil,
Moi qui pour ce royaume enchaînais les batailles,
Moi dont le bras ardent frappait vaille que vaille,
Moi dont les ennemis redoutaient jusqu'à l'ombre,
Moi dont l'éclair fit s'allumer tant de pénombres,
Moi dont l'épée mit à genoux tant de héros,
Moi qui après les coups défiaient les dieux si hauts,
En pointant vers eux l'œil baigné d'un sang bouillant,
Moi dont tout Athènes célébrait les talents !
Me voilà aujourd'hui à l'exil condamné...
Loin d'Acacia, loin du royaume et loin de tout...
Et ces deux larbins, là... Exclusivement nés
Pour en ce jour moi m'escorter comme un voyou !
Aux portes de la ville, oseront-ils clamer
Comme un seul courageux l'ordre de mon exil ?
Ou face à mes exploits si glorieux tairont-ils
Les mots qu'un roi déchu a pour moi prononcés ?
ACTE IV, SCENE 2
ÉMILIOS, MAKAR, NIKOS, DES VILLAGEOIS
Arrivés aux portes d'Athènes, Makar et Nikos s'arrêtent, Émilios toujours tête basse.
Endroit silencieux. Aucun garde.
NIKOS (ayant observé les alentours)
La sentinelle a fui son poste... Encore un lâche !
MAKAR (inquiet)
Non... Partie au palais sans que tu ne le saches...
ÉMILIOS (pour lui-même)
C'est le moment d'agir ! Ils oublient ma présence !
Sois prompt, guerrier ! Sois le seigneur des fulgurances !
Par surprise, Émilios parvient à se libérer rapidement des bras qui le maintenaient. Il frappe Makar à la nuque. Celui-ci tombe aussitôt.
Nikos réagit et un combat à mains nues démarre. Plus aguerri, Émilios prend le dessus et Nikos tombe à son tour.
ÉMILIOS ôte son costume et revêt celui de Makar.
ÉMILIOS (debout au-dessus des corps)
Il est des lois, messieurs, que l'on n'enfreint sans mal.
Penser pouvoir me battre... Ah ! Ah ! Ah ! Quelle farce !
Vous avez échoué à m'imposer l'exil
Et Athènes ce soir sombrera dans la nasse !
C'est à moi maintenant de maquiller mes traits
Pour m'offrir à la ville et à ma bien-aimée.
Il tire ensuite les corps de Makar et Nikos par les pieds et les éloigne hors champ.
A son retour, son visage est grimé de brun.
Deux villageois s'approchent et parlent tout d'abord entre eux avant de s'adresser à Émilios.
VILLAGEOIS 1
Ah ! Voici le héros qui a banni le traître !
VILLAGEOIS 2
Mais n'étaient-ils pas deux autour de l'ancien maître ?
Et vois-tu ce visage ? On dirait de la boue !
Qu'est-il donc arrivé à celui devant nous ?
VILLAGEOIS 1
Peu importe ! L'affaire est faite et tout s'arrange !
(à ÉMILIOS) Dis-moi, soldat, si Émilios maintenant mange
Les cailloux que les dieux placeront sur sa route ?
A-t-il donc supplié face à telle déroute ?
ÉMILIOS (pour lui-même)
Joue bien la comédie face au peuple soumis.
Fais taire ton hybris et réponds en ami.
(haut) Oui, il partit pleurant, tête basse et percluse,
Loin de notre cité qui démasqua sa ruse.
Je lui jetai au dos cette boue que tu vois,
Sur mes mains et ma tête, adjurant les sous-bois
De n'offrir à ce traître aucune nourriture
Et ordonnant aux dieux sa lente pourriture.
VILLAGEOIS 2 (bas)
Mais qui est-il pour ordonner ainsi aux dieux ?
VILLAGEOIS 1 (bas)
Tais-toi ! C'est un soldat ! Ne sois pas séditieux !
ÉMILIOS
Il me faut vous laisser. Je me dois au palais.
Je restais seul ici pour bien faire le guet
Mais je dois retrouver mon soldat compagnon
Afin de rapporter les nouvelles du front.
VILLAGEOIS 1
D'ailleurs, dépêchez-vous ! Les noces de Léandre,
Notre tout nouveau roi, approchent sans attendre !
Nous avons entendu proclamer la nouvelle :
La paisible Acacia ne fut jamais si belle !
Émilios sort en courant, tandis que les villageois l'observent surpris avant eux aussi de sortir.
ACTE IV, SCENE 3
BASILIO, ÉMILIOS
Chambre du vieux roi Basilio. Un lit richement décoré.
Basilio est en habits de nuit. Il s'assied sur le lit.
BASILIO
Enfin... Cette journée se termine et mon règne...
Avec elle se couche. Il devait être ainsi.
Mon fils si courageux prend seul ce soir les rênes
Du royaume athénien où la Paix a jailli.
(Il regarde derrière lui.)
Dors bien, jeune Acacia. Demain tu seras reine
Et ton devoir sera aussi lourd que l'amour
Qui coule sans faiblir pour mon fils dans tes veines.
Tout Athènes demain verra un nouveau jour.
(Reprend sa position initiale puis regarde vers le ciel)
J'ai dû bannir un traître et gommer ses exploits
Mais mon fils à l'épée s'est présenté en roi.
Bonne nuit, Athénien ! Moi, mon temps est passé.
Je m'endors dans l'amour et l'amour de la Paix.
Basilio se couche. Quelques minutes plus tard, on l'entend dormir.
Entre ÉMILIOS. Il s'approche en tenant un oreiller.
ÉMILIOS (monologue intérieur)
Il me fut si aisé de parvenir ici !
Personne dans tes rues ni dans ton vieux palais
Pour voir en moi le traître Émilios que tu hais.
Tous me croient exilé, vivant d'air et d'aumône,
Ils ont tous oublié mon art envers les hommes !
(Il s'approche d'un pas.)
Mais me voilà ici, dans ton auguste chambre...
Seul maître de ta vie... Disposant de tes membres...
Tu as osé gommer mon nom et mes victoires
Lorsque ta bouche aïeule a dit le mot « exil » !
Moi ! Oser m'imposer une vie dans le noir
Quand on chante ma gloire aux confins de chaque île !
(Il s'approche encore, jusqu'à être à la hauteur de la tête du vieux roi et il soulève l'oreiller bien haut au-dessus d'elle. Un temps.)
J'ai juré de donner ma vie pour un tel homme,
J'ai vaincu l'ennemi pour sauver son royaume !
J'ai tellement œuvré pour que s'élève Athènes !
(Il baisse violemment l'oreiller mais s'arrête à mi-hauteur.)
Non !... Je ne peux ôter la vie à un tel maître !
Il était mon modèle et j'étais son sauveur !
Je ne peux ajouter à cette déchéance
La honte d'étouffer dans sa nuit un vieux prince !
(Il laisse tomber l'oreiller au sol et regarde le roi dormir.)
Si une femme est venue frapper à mon cœur
Et a su malgré elle abattre mes défenses,
Puis façonner en moi traîtrise et arrogance,
Ce roi n'y est pour rien. Il a agi en chef,
Quand il a prononcé contre moi ses griefs.
(Il baisse la tête et, les bras ballants, fait demi-tour pour quitter la chambre du vieux roi. Il tourne le dos au lit.)
Il me faut accepter ma chute et ma défaite.
J'ai trahi mon bon roi, j'ai abusé les dieux,
L'exil est leur vengeance, leurs fers sont sur ma tête.
Je m'en vais par le monde épuiser mes adieux.
ÉMILIOS trébuche et fait du bruit. Cela réveille Basilio qui se met assis.
BASILIO
ÉMILIOS ! Toi, ici !
Basilio se tient la poitrine et retombe allongé dans son lit, victime d'un malaise.
ÉMILIOS (haut, sans se retourner)
Oui, mon roi, la sagesse
Que vous m'avez transmise avait fui mon faciès,
Mais elle a rejailli et j'accepte l'exil.
(Se retourne et rejoint lentement le roi allongé.)
Dormez, mon si grand roi, la nuit est notre asile.
ÉMILIOS observe Basilio et comprend qu'il est mort.
ÉMILIOS (tombant assis dos au lit du roi mort, monologue intérieur)
Par ma faute, le roi est mort en son sommeil...
Deviendrais-je ce lâche aux surnoms sans pareils
Que ce matin encore au comble de ma haine
Je rêvais d'envoyer aux enfers, loin d'Athènes ?...
(un temps)
Les dieux que j'ai trahis, en leurs rires déments,
Las ! me châtient d'avoir faussé leur jugement !
(se relève brusquement)
Eh bien ! Puisqu'il en est ainsi, qu'ils ont parlé,
Et qu'ils n'ont fait de moi qu'un parfait régicide,
J'accomplirai mon plan, le sang sur mon épée !
Et Athènes demain m'obéira sans brides !
Acacia sera là et, Léandre enfin mort,
Elle tiendra ce bras que tous verront si fort !
On entend des bruits de pas pressés dans le palais. Émilios quitte la chambre en courant.
ACTE IV, SCENE 4
BASILIO MORT, NIKOS, LEANDRE, ACACIA, CLAUDINE
Nikos entre en courant dans la chambre de Basilio.
NIKOS
Mon roi ! Mon roi ! Émilios a fui sans délais !
(Il s'arrête net, constatant la raideur de Basilio.)
Mais... La mort semble avoir déployé ses filets...
Entre Léandre.
LEANDRE
Par l'Olympe et nos dieux, que fais-tu donc ici ?
Qui t'a autorisé à approcher ce lit ?
NIKOS
Mon prince... Il est des soirs où le devoir vous porte
Et où le droit vous... fuit. Je cours depuis les portes
De notre ville aimée, garant d'une nouvelle
Qui, je le crus, serait de la nuit la moins belle.
LEANDRE
Eh bien, parle ! Et oublie tes précautions futiles !
Je suis désormais roi et protège la ville.
Dis-moi donc sans tarder quelles sont ces nouvelles.
Ce traître d'Émilios fuit-il à tire-d'aile ?
NIKOS
Voici bien le moindre des aveux à vous faire...
Émilios nous a échappé...
LEANDRE
Que puis-je y faire ?
Il ira par le monde implorer et mourir,
Alourdi de sa honte et de ses noirs désirs.
NIKOS
Cela aurait été le cas s'il n'avait fui...
Avec les habits de Makar qu'il a … tué.
LEANDRE
Tué ?
NIKOS
Oui, mon ami a vaillamment lutté
Mais d'un coup sec le traître a ôté toute vie.
Et je crains qu'en ce lieu il n'ait récidivé...
Nikos tend le bras vers le corps gisant de Basilio puis vers l'oreiller laissé au sol.
LEANDRE (regardant sans bouger le corps de Basilio. Un temps.)
Ainsi donc, c'en est fait. Je suis pleinement roi.
Je n'étais jusqu'alors qu'un roi par convenance,
Prêt à voir aux côtés de mon père les lois
Pour faire d'un peuple un complice de confiance.
Mais face à Émilios, son cœur pur a quitté
Les rives d'Athènes sans m'avoir éclairé.
Il me faut donc imaginer l'enseignement
Qu'il m'aurait murmuré comme son testament.
(Un temps.)
Que Hadès aux enfers accueille notre roi !
Que meure le traître devenu régicide !
NIKOS
Que Hadès aux enfers accueille notre roi !
Que meure le traître devenu régicide !
Un temps. Entre Acacia suivie de Claudine.
ACACIA (courant vers Léandre au chevet de Basilio)
Oh mon tendre Léandre ! Un écho de ta voix
A couru vers ma chambre et inquiété mes rêves.
Me voici devant toi, tremblante face aux glaives.
(Elle regarde Basilio.) Et je crois découvrir mon cauchemar qui croît.
LEANDRE
Mon devoir me condamne à lever mon épée (Il dégaine son épée.)
Pour apporter la mort au cœur de ma cité.
L'ennemi Émilios est tapi dans nos murs
Et Makar et mon père ont subi ses souillures.
(A Acacia et Claudine) Restez-ici vous deux (à Claudine) et toi, servante, écoute
Les plaintes d'Acacia face à cette déroute.
(A Nikos) Soldat, viens avec moi affronter l'ennemi
Pour honorer mon père et venger ton ami.
Léandre et Nikos sortent.
Claudine s'approche d'Acacia restée au chevet de Basilio.
Fin de l'acte IV.
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