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La meilleure part des hommes (2008) Tristan Garcia

La meilleure part des hommes (2008) Tristan Garcia

Publié le 22 août 2021 Mis à jour le 22 août 2021 Culture
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La meilleure part des hommes (2008) Tristan Garcia

Se battre pour ses idées, sa liberté, son ambition

À la rentrée littéraire 2008, un premier roman surprend pas mal de ses lecteurs. Avec La meilleure part des hommes, Tristan Garcia, normalien de son état, décrocha le Prix de Flore et beaucoup d'articles élogieux. À la base, son idée était de parler des années 1980 ; pas des strass et des paillettes, de Champs Élysées et de Madonna. Non, ce qu'il veut évoquer ce sont les personnes qui luttaient à cette époque, qui se battaient pour des idées et pour des causes. En l'occurrence, les fondateurs d'Act-Up Paris et les intellectuels de gauche. Mais il le fait à sa manière, son livre est une fiction, ses personnages sont (parfois très) inspirés des acteurs de l'époque mais ça ne va pas plus loin. Enfin quand même...

À Amiens nait William Miller, surnommé Willie. C'est un enfant renfermé qui grandit avec ses frères et sa mère. Il est souvent chahuté par ses camarades de classe et suffoque vite dans sa petite vie de province. Il arrive à 19 ans à Paris, sans un sou mais libre et heureux. Dominique, quant à lui, grandit dans un village corse où son père est un intellectuel. Dominique arrive à 17 ans à Nice pour faire ses études, puis à Paris où il milite pour « l'Organisation ». Jean-Michel Leibowitz a lui grandi en banlieue parisienne. Élève studieux, il fait sa classe prépa, devient plus ou moins gauchiste et devient écrivain, tendance philosophe. Et Élizabeth, c'est une journaliste de 33 ans, l'amie de Willie, la collègue de « Doumé » et l'amante de « Leibo ».

Le travail qu'accomplit Tristan Garcia dans La meilleure part des hommes est bigrement intéressant. D'une part il nous plonge dans plus de vingt ans de l'histoire récente, une époque passionnante que l'on redécouvre de plus en plus par la littérature ou la fiction. Il nous fait (re)vivre des moments qui ont marqué ces décennies et qui nous touchent, qu'on soit homosexuel-le ou qu'on ne le soit pas, gauchiste ou pas. Le fait que les personnages principaux de son histoire soient inspirés de Guillaume Dustan, de Didier Lestrade ou d'Alain Finkielkraut, comme nombreux commentateurs ont pu ou cru le déceler, importe finalement assez peu au final.

Car ce que Tristan Garcia nous raconte, ce sont des trajectoires d'hommes (et de femmes, en filigrane, même si le seul personnage féminin n'existe qu'à travers eux) qui luttent pour leurs convictions, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, justes ou opportunistes : ils y croient. On apprend ainsi beaucoup de choses en lisant La meilleure part des hommes, non seulement sur l'époque qui nous est présentée mais aussi, en miroir, sur les différents événements qui ont émaillés ces dernières années. Le début est assez impressionnant, et en deux chapitres, fulgurants et magnifiques, l'auteur nous pose le cadre : la libération formidable des mœurs avant l'apparition du Sida et l'arrivée trop rapide du virus dans le débat public.

À partir de là, nos héros vont se livrer bataille, s'aimer, se haïr, se soutenir et se trahir. Avec un sens du romanesque certain, Tristan Garcia nous emporte dans un tourbillon de passions destructrices aux conséquences malheureusement tragiques. Si l'on sent bien vers qui penche la raison de l'écrivain, il se garde toutefois de rester manichéen. William Miller est un salaud mais aussi un écorché vif lancé dans une bataille qu'il ne maitrise pas. Dominique Rossi est un homme de convictions mais qui a lui aussi mélangé raisons et sentiments. Avec son écriture heurtée et foisonnante, La meilleure part des hommes n'est pas un roman très facile à aborder au début, mais qui arrive très vite à conquérir son lecteur.

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