Plime la misère
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Plime la misère
Le temps des métamorphoses (22)
Inventaire
Outre La Pêche Bernica, Alain Péters interprète également Mon joli, mon joli marmaille et Plime la misère sur l'album Chante Albany. Jean-Michel Salmacis interprète lui aussi trois chansons : Un femm' mascarain, La Saison bichiques et Ça qui fait nacime. Hervé Imare et Pierre Vidot chantent une chanson chacun, respectivement Ti la femme et Commandeur.
L'album compte également deux morceaux instrumentaux signés Alain Péters, qui sont deux variantes du même titre, Ti cabart, un hommage au service kabaré pendant lequel on jouait le maloya. Il y a une version uniquement instrumentale à la fin de la face A de la cassette, et une seconde version agrémentée de voix psalmodiant à la fin de la face B. Pour le reste, ce sont des poèmes récités par Jean Albany. Les textes sont simplement dits. Parfois il y a un peu de musique en arrière-plan, enluminure plutôt que véritable accompagnement, mais ça s'arrête là. Le poète énonce le titre : Après-midi, La Fête du Pongol, Amour amoin, Pour faire plus, Dans l'temps longtemps, Là-haut Salazie, puis se met à réciter. La cassette contient également le conte Le Savon bleu, qui ne figure qu'ici.
Sur la bande, les deux différentes formes, poèmes récités et chansons, alternent avec à la fin de chaque face un morceau instrumental, comme pour laisser flotter les mots, pour qu'ils décantent et continuent d'infuser dans un sursaut de musique. L'atmosphère qui s'en dégage est très uniforme malgré les différents niveaux d'interprétation. On passe en effet du plus dépouillé, les poèmes nus récités par Jean Albany, au plus arrangé, les trois chansons interprétées par Jean-Michel Salmacis.
Une œuvre collaborative
En ce qui concerne les chansons, c'est Pierre Vidot qui livre le son le plus brut. C'est évidemment dû au choix du poème qu'il a mis en musique, lourd d'histoire, douloureux. Dans sa forme, la chanson Commandeur est très proche du maloya traditionnel, accompagnée seulement de percussions, le roulèr gronde, venu des profondeurs. Hervé Imare est juste un cran plus arrangé. Dans sa chanson, ce sont encore les percussions qui l'emportent mais on commence à entendre quelques cordes à la fin des couplets. Alain Péters arrive dans la continuité avec Plime la misère, au son encore assez brut, puis avec Mon joli, mon joli marmaille et La Pêche Bernica qui sonnent plus comme de vraies chansons et moins comme des incantations. Il y a dans ces trois titres un plus large éventail d'instruments, des cordes notamment. Enfin vient Jean-Michel Salmacis qui apporte à l'ensemble un esprit plus léger. Avec lui on est beaucoup moins dans le maloya qu'avec Pierre Vidot, mais cela n'est pas dérangeant, bien au contraire. Cela nous permet même de souffler un peu. Les différentes formes : poèmes, maloya, instrumentaux et chansons, cohabitent sans problème. Ce qui est mis en avant, ce sont les mots créoles de Jean Albany. Ce sont eux qui cimentent l'ensemble et en font quelque chose d'uni et de cohérent. Alain Péters est habilement parvenu à habiller le tout pour le faire briller, mais en toute modestie, en retenue. N'oublions pas qu'il est le directeur artistique de cet objet à part, le producteur en d'autres termes. Chante Albany est le premier album de sa carrière, il en partage la réussite avec les autres chanteurs, les musiciens, André Chan-Kam-Shu qui a mis son studio à disposition, Alain Gili, Alain Séraphine et, bien entendu, Jean Albany. Cela en dit long sur sa personnalité, sa générosité, sa solidarité.
Si Alain Péters est au son, c'est Eric Ausseil à la lumière.