De la vie d'un Cornichon
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De la vie d'un Cornichon
La question première qui se pose dans l'écriture d'un article sur le cornichon est de savoir s'il faut l'affecter en rubrique culture ou gastronomie...
Le cornichon, qui se définit comme "imbécile voire niais" chez la blonde (qui se ressemblent ça semble) mais plus pragmatiquement comme "petit concombre" chez Larousse, a de nombreux cousins germains éparpillés dans le monde au travers de la grande famille des Cucurbitacées.
Il descend principalement de la branche des Concombres Arméniens et Japonais mais pas loin de celle du Melon de Charentes, de la Courge Butternut, de la Courgette blanche d'Egypte et des Pastèques Goldy. Il est également apparenté aux Pickles de Grande-Bretagne côté mer, eux-mêmes issus de la branche vinicole des Vinegar. C'est dire qu'on trouve des cornichons dans tous les coins du globe...
Le cornichon français se meurt mais ne se rend pas, car il est digeste. Le malaise qu'il provoque vient de sa raréfaction en France du fait de sa difficulté d'exploitation associée à son goût élevé de main-d'oeuvre, lui préfereront les petites mains asiatiques pour l'équeuter à sa juste valeur...
Considérons que le cornichon futile français, a toute sa place dans notre gastronomie comme dans notre culture. La "Confrérie du Cornichon Amélioré de Bourbonne" en assure sa promotion au travers de simulacres de dégustations, mais ceux-là n'y suffisent pas. Plutôt que de confiner nos pensées sur sa petite personne étriquée, offrons lui le renouveau qu'il mérite en le révélant. Comment?
Ne tournons pas autour du pot, ce sera en remettant sur le feu ces plats si méconnus de la génération des kébabomacs si culturellement éloignée de notre gastronomie du fait de contraintes inhérentes à la modernité. La Potée au choux au centre, le Baeckeoffe et la Choucroute lestée de l'Est, charcutaille et cochonneries d'un peu partout et tant d'autres spécialités chaudes ou froides associées au fleuron franchouillard de notre malbouffe de tradition; pour ainsi dire le fameux sandwich jambon-beurre; suffiront-ils à le remettre en sel?
Le confinement ambiant pourrait commencer à y apporter réponse, tant les ingrédients se trouvent réunis du fait de la recomposition des familles et des plats roboratifs qu'exige tout bonheur de retrouvailles. Loin du niais près des yeux, ainsi pourra t'on redéfinir le cornichon -la blonde n'aura pas eu tout à fait tort- comme une "espèce dans potée"! Une nouvelle gloire pour lui... ou pour elle?
Quant on sait, à l'instar de la tomate, que le cornichon est un fruit, attendons qu'un Bocuse le glorifie au travers d'une tarte ou d'un sorbet pour lui donner les lettres de noblesse qu'aucun cornichon digne de ce nom n'aura reçu à ce jour; du fait d'une surconsommation profitable. Ainsi la production française pourrait refleurir aux quatre coins de l'hexagone!
Quand "espèce de cornichon" deviendra une référence pour label, la blonde rougira...
Une révélation pour la culture et la gastronomie française!
Un texte de Bernard DUCOSSON au profit des "Auteurs Confinés". Sur une consigne d'Alexandre LEFORESTIER