La main posée sur la poitrine masculine suivait le mouvement rassurant de sa respiration.
Un soubresaut la fit ensuite glisser sur l’épaule, douce mais inhospitalière. Les doigts se rattrapèrent au bras pour en faire leur refuge.
La femme les y abandonna.

Il avait l’air si tranquille cet homme endormi.
Il avait un côté faunesque : sexualité débordante, habile de ses doigts même s’il ne jouait pas d’un instrument, à la frontière entre les mondes civilisé et sauvage ; enfin son paganisme joyeux.

La créature qu’il était, avait toujours été très aimée :
pour sa légèreté,
la fantaisie qui tentait chaque instant à ses côtés.
Cette façon qu’il avait de faire rire sur les bobos de tout un chacun sans être méchant.

Aucun jugement de sa part ou de reproches sur quoi ou qui que ce soit.

Trop à se faire pardonner … Sans doute …

Elle sourit à son profil que la semi-obscurité redessinait.
Un enfant gâté,
voilà ce qu’il était et sous ses airs charmeurs il se comportait comme tel.

Elle nota l’absence de rides, la séduction intemporelle de ses traits.

Sûrement dû au fait qu’il ne s’en faisait ni pour lui ni pour les autres.

Il se serait sûrement esclaffé s’il l’avait entendue penser.
Parce qu’il ne prenait jamais ombrage de rien,

évidemment !

Une épitaphe aurait pu se contenter de ces quelques constats mais Eugène n’était pas que cela.

Derrière le Monsieur Loyal (ironie de l’expression) tant de contradictions et de tourments qui l’avaient poussé à changer de vie ; dans le chaos qui en avait découlé elle avait été le seul repère qu’il avait gardé.
Elle s’en étonnait encore.
Cet homme volage au coeur sensible l’avait choisie.

Cat se serra un peu plus contre Eugène.

Dieu qu’elle aimait cet homme !

Les gens aimaient souvent ceux qui ne le méritaient pas.

Photo de couverture et illustration : Chantal Perrin Verdier