Coup de foudre (Diane Kurys, 1983)
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Coup de foudre (Diane Kurys, 1983)
Troisième et dernier volet de la trilogie autobiographique de Diane Kurys, "Coup de foudre" ne puise pas son inspiration dans l'histoire de sa propre jeunesse comme dans les deux premiers films ("Diabolo menthe" et "Cocktail Molotov") mais dans celle de ses parents, même si elle y apparait brièvement sous les traits d'une petite fille, Sophie. "Coup de foudre", c'est l'histoire romancée de la mère de Diane Kurys et de sa meilleure amie qui se rencontrent dans les années cinquante et développent une amitié amoureuse émancipatrice puisqu'elle les conduit à se libérer de leurs mariages malheureux respectifs et à envisager de travailler et de vivre ensemble. Un choix iconoclaste dans une époque où les liens du mariage étaient sacrés, où la femme se devait d'être avant tout une bonne épouse et une bonne mère, éventuellement selon son rang social une bonne maîtresse de maison. Si Léna '(Isabelle Huppert) en petite bourgeoise frustrée colle bien à ce modèle, Madeleine (Miou-Miou) est une artiste passionnée dont l'énergie vitale déborde largement son mariage de convenances même si l'intensité de ses sentiments l'entraîne dans des épisodes dépressifs durant lesquels elle retourne chez ses parents. Une introduction se situant pendant la seconde guerre mondiale évoque les circonstances dramatiques qui ont conduit Léna à épouser un homme qu'elle n'aimait pas et Madeleine, à perdre celui avec lequel elle vivait une passion amoureuse. Si Madeleine se débarrasse facilement de son deuxième mari (joué par un Jean-Pierre Bacri assez désopilant dans son rôle de comédien raté et de combinard aux plans plus foireux les uns que les autres), il n'en va pas de même pour Léna qui est engluée depuis 1942 dans une relation patriarcale avec Michel Korski (Guy Marchand), scellée par le fait qu'il l'a sauvée de la déportation en l'épousant. Celui-ci fait d'ailleurs une composition touchante en homme d'hier dépassé par l'évolution de sa femme puis anéanti par sa décision de le quitter. A noter la distorsion entre trois époques, celle de l'action du film (années 50), celle de sa réalisation (années 80) et celle de sa réception aujourd'hui qui donnent à certains aspects un caractère franchement daté (le fait que les deux femmes se vouvoient jusqu'au bout, le mariage obligatoire et le divorce difficile ainsi que le fait que leur relation reste platonique alors qu'il est assez évident qu'elle va au-delà comme le ressent d'ailleurs Michel qui est fou de jalousie) alors que d'autres rattachent bien le film à un contexte post-soixante-huitard (l'évocation du plaisir féminin que Léna découvre dans les bras d'un soldat en permission interprété par François Cluzet sous l'œil de ses deux camarades dont l'un est joué par Denis Lavant).