Perrette et Martin vus par Brassens
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Perrette et Martin vus par Brassens
Margoton est comme Perrette au pot au lait. Son esprit bat la campagne. Elle descend toute joyeuse le sentier qui mène au bois. Elle est avec Martin, son amoureux. Elle se précipite un peu trop et butte contre une racine, tout près d’un grand chêne qui lui offre une ombre rafraîchissante et une cachette. Martin la console. Elle a perdu un peu de ses « veaux, vaches, cochons, couvées », un portable dernier cri avec tous ses contacts et ses selfies. Le portable s’est brisé contre une grosse pierre. Martin prend Margoton dans ses bras, il vaut mieux que « tous les gars du village » et Margoton l’appelle son « petit chat ». Elle n’écoute plus que son cœur et grave son nom et celui de Martin dans l’écorce du chêne. Et puis « elle entrouvre son corsage » et Martin « fait voler sa jupe ». « Beaux rêves flambants » sous le ciel bleu sans nuages, tous les deux ils épuisent « leur grand sac de baiser ».
Le soir tombe. Si « Clara veut la lune » Margoton, elle, veut son chêne. On sympathise, on refait le monde et on s’invite ! Le chêne accepte de sortir « ses grands pieds de son trou » et de suivre ses complices. Avant « la chasse aux papillons », Margoton et Martin se sont rencontrés sur un banc public dans un parc, un vieux banc en bois comme il n’en existe plus beaucoup. Ils étaient l’un et l’autre du « même bois » et le chêne aurait dû se méfier, laisser causer son instinct « un peu rustique, un peu brut »… Ne pas tout plaquer, rester « en dehors des chemins forestiers » et se tenir à l’écart des quartiers un peu trop fréquentés par « la sainte famille Machin, le Père, la Mère, le Saint Esprit… »
Et puis Margoton est la cousine de Perrette. Tout va trop vite avec elle, tout s’emballe. Sitôt transféré, sitôt oublié le chêne, abandonné dans un coin de jardin en compagnie de « roseaux mal pensants » et de « chiens levant la patte sur lui ». Ronde des saisons et ronde des chansons… Grand Pan, lilas, marguerites, jolies fleurs, orages, mauvaise herbe, vent, bois mort. Martin a vieilli. « Adieu veau vaches cochons couvées », il la connaît sa « Perrette ». Il trouve que son surnom lui colle à la peau. Leur ciel s’est couvert « de gros nuages lourds », au-dessus de la cime du grand chêne. Il fait froid, c’est l’hiver. « Bonhomme » a froid, mais « la vieille ne va pas chercher du bois mort pour chauffer Bonhomme »… et le malheureux chêne finit dans la cheminée comme du « bois de caisse, amère destinée ».