Je viens tout juste de me tirer des bras de Morphée, je fais battre mes paupières à plusieurs reprises pour y voir plus clair. Je suis tellement confortable dans mon lit et je ne veux pas le quitter, il fait noir dans ma chambre et j’ai l’intention de faire la grasse matinée étant donné que les cours recommencent demain et que je ne suis vraiment pas prête à ce terrible choc. Heureusement qu’aujourd’hui c’est mercredi, cela veut donc dire que j’irais seulement deux jours à l’école cette semaine et ensuite je pourrai profiter de la fin de semaine. L’école n’est même pas commencée et j’ai déjà hâte à la fin de semaine. Quelle élève je suis?

Amélia : Lève-toi Rose!

Quelle terrible phrase. Et si je m’étais trompé et que la rentrée scolaire est aujourd’hui? Non, c’est impossible.

Amélia : Rose?

Moi : J’arrive tout de suite.

Elle m’attend en haut des escaliers dans son uniforme de travail.

Moi : Qu’est-ce qu’il y a?

Amélia : Je voulais simplement te dire qu’après mon quart de travail je vais aller magasiner avec une collègue et que je risque de rentrer tard.

Moi : Pas de problème. C’est tout?

Amélia : Oui… euh non, j’aimerais que tu sortes un peu, il y a des plates-bandes à désherber et un peu de ménage à faire aussi.

Moi : J’y veillerai. Bonne journée maman.

Amélia : Je t’aime

Moi : Moi plus!

 Je sourie et elle me sourit en retour avant de disparaitre derrière la porte.

Je crois que je vais laisser tomber la grasse matinée et plutôt opter pour les tâches ménagères tout en me préparant mentalement pour la journée de demain. De toute manière mon sommeil a déjà été perturbé et je n’ai pas vraiment de chances de me rendormir.

J’engloutis donc des œufs brouillés et une pomme avec mon inséparable jus d’orange pour ensuite commencer à faire la vaisselle qui traîne depuis quelques jours sur le comptoir de la cuisine. Le fait que moi et ma mère ne sommes pas très assidues sur le ménage saute aux yeux, mais je vais tenter d’éradiquer la moindre trace de saleté. Après avoir mis le plus de vaisselle possible dans le lave-vaisselle, j’ai nettoyé le comptoir, la table de la cuisine et celle du salon. Passer l’aspirateur et nettoyer les planchers ne m’as pris qu’une heure alors je me suis mise au pliage de vêtements. Ma mère qui est contrainte par son horaire peut difficilement faire toutes ces tâches, sachant qu’elle est seule pour payer tout ce qu’il faut pour me nourrir, me vêtir, me loger et m’envoyer à l’école je n’ai aucune difficulté à lui rendre service le plus souvent possible.

Je me souviens de cette fin de semaine où ma mère était revenue du travail complètement à bout de souffle, car elle avait eu une très rude journée. Je devais avoir huit ans et je lui ai préparé un bain. Jusque-là rien de mal, mais une fois qu’elle fût dans l’eau, je me suis mis en tête de lui préparer à souper. À cette époque, je ne savais pas du tout cuisiner et que je trouvais que faire une salade était une très bonne idée. C’est alors que j’ai lavé la laitue (avec du savon) et j’ai ensuite essayé de l’essorer, mais je ne comprenais pas très bien le fonctionnement de l’essoreuse à salade alors j’ai essuyé chaque feuille avec un linge à vaisselle qui n’était pas tout à fait propre. Une fois ma laitue bien « propre » j’ai poursuivi ma préparation. J’ai donc disposé la laitue propre, des carottes en morceaux, quelques épinards, des avocats et quelques autres ingrédients sur une plaque de cuisson en aluminium et j’ai enfourné le tout pour faire cuire ma salade. J’en étais très fière, jusqu’au moment où j’ai sorti le repas du four. Quelle catastrophe. J’étais tellement triste quand, à sa sortie du bain, ma mère m’a informé qu’il y avait une étape de trop… la cuisson, mais elle a quand même goûté à mon festin (une bouché seulement) pour me faire plaisir. Finalement, nous avons commandé de la pizza et le lendemain elle m’a appris comment faire de la salade.

C’est une petite anecdote qui me fait rire chaque fois que j’y pense, mais je me rassure en me disant qu’aujourd’hui, je sais cuisiner et  je suis même très douée.

Je continue donc à plier nos vêtements tout en écoutant la télé. Bien que je veuille aider ma mère, le pliage de vêtements n’est pas mon activité favorite et c’est vraiment très long. Les vêtements s’empilent à toute allure sur la table basse du salon et je vais régulièrement porter une pile de vêtements dans ma chambre ou dans celle de ma mère pour me faire un peu de place. Cette activité palpitante qu’est le pliage de vêtement me permet de passer à travers deux épisodes de la série télé que j’écoute en ce moment.

Enfin terminé. Comme la journée d’hier a été plutôt calme et tranquille, j’ai l’idée de me dégourdir les jambes et d’aller courir un peu. Je me dirige donc vers ma garde-robe pour aller me changer et mettre des vêtements plus confortables pour courir. Une camisole de sport et des leggings. Avec mon lecteur de musique et mes écouteurs, je suis prête. Il est onze heures et quand j’ouvre la porte pour sortir de chez moi, une bouffée de la chaleur de septembre m’envahit et je sens tous les parfums de cette merveilleuse saison qu’est l’été. Les fleurs, les cèdres et les épinettes mélangées avec l’odeur de l’humidité qu’a laissée la légère pluie de ce matin m’enivrent. Je referme la porte derrière moi et appuie sur le bouton « jouer » pour démarrer ma musique. Je m