Chapitre 8

Florence, 13/09/21

            Après une semaine à l’hôpital, Clara est rentrée à la maison. Depuis que la tumeur a été enlevée, elle n’a plus de maux de tête ni de nausées. Elle est encore restée quelques jours avec moi à se reposer et aujourd’hui, elle s’apprête à faire sa rentrée scolaire avec une quinzaine de jours de retard. Pour autant, les résultats de la biopsie ne sont pas encore connus et je croise les doigts pour recevoir une bonne nouvelle. Qui sait ? Le vent du malheur a sans doute tourné et souffle-t-il peut-être désormais sur une autre victime.

Ce matin, c’est l’effervescence dans la cuisine du Hayon. Clara est surexcitée car impatiente de faire connaissance avec ses camarades de classe. Elle sait qu’elle arrive dans une petite école de village avec une classe unique d’une quinzaine d’élèves. J’ai été séduite par le concept « familial » de ce type d’enseignement. Les grands prennent bien souvent soin des plus petits, les entraident et parfois même leur réexpliquent ce qu’ils n’ont pas compris. La maîtresse étant seule pour assumer tous les niveaux, elle délègue assez facilement certaines tâches aux élèves. Je sais que beaucoup de parents sont réfractaires à ce système alors que moi, je n’y vois que des avantages. Il en faut pour tous les goûts, après tout et personnellement, je suis contente que Clara fréquente cet établissement scolaire.

            Ma fille est assise à table avec Mistigri posé sur ses genoux. Elle a retrouvé l’appétit parce qu’elle avale ses tartines de confiture avec gourmandise et ça me fait drôlement plaisir.

• Elle est trop bonne la confiture de mirabelles de Bérengère, commente-t-elle.
• Aussi bonne que le miel de Mathilde ?
• Aussi bonne ! A égalité ! me répond-elle en se léchant la lèvre supérieure.

Quel bonheur de la voir revivre. Bientôt, tout cet épisode stressant ne sera plus qu’un mauvais souvenir. C’est en tout cas, ce que j’ai envie de croire . Alors, aujourd’hui, comme Clara, je suis d’humeur guillerette. Dans la voiture, sur notre chanson préférée, nous jouons toutes les deux des vocalises. Je la fais rire en prenant la baguette de pain pour un micro tandis que Metropole Radio, une radio locale gaumaise, diffuse les hits du moment. Au moment de l’horoscope, Clara monte le son quand elle entend son signe astrologique.

• Bon, c’est pas pour moi, aujourd’hui. Ils parlent de couple et moi, j’ai pas d’amoureux.
• Qui sait ? Tu vas peut-être faire connaissance ce matin avec ton futur petit-ami.
• J’ai surtout envie de me faire des nouvelles copines, moi.
• Je suis persuadée que ce soir, tu auras plein de belles choses à me raconter.

Pensive, Clara ne me répond pas. Je gare la voiture pour l’accompagner et à peine avons-nous franchi le portail que sa maitresse nous accueille chaleureusement.

• Bonjour Madame, me salue-t-elle avant de s’adresser à ma fille, et je suppose que tu es Clara.
• Oui, bonjour Maitresse.
• Sois la bienvenue dans cette école. J’espère que tu vas t’y plaire.
• Moi aussi.

La maitresse se retourne et fait signe à deux fillettes de s’approcher.

• Voici Clara.
• Bonjour Clara. Tu viens jouer avec nous ?
• Oui, volontiers.
• Tu préfères jouer à la marelle ou aux billes ?
• J’ai pas de billes.
• Ok pour la marelle alors ?
•  

Dès qu’elles se sont éloignées, Madame Longla m’interroge sur la santé de ma fille.

• Tout va pour le mieux depuis qu’on lui a retiré sa tumeur. Elle est de nouveau pleine de vie et ça me fait du bien de la revoir ainsi.
• Très bien. Je vais tout faire pour l’intégrer en espérant qu’elle se plaira ici.
• Je n’ai aucun doute. C’est une petite fille très sociable. Regardez, on dirait que le courant passe très bien entre les enfants.
• Oui, en effet. Bon, je m’excuse, mais il est temps pour moi de les faire rentrer. Je vous souhaite une bien belle journée.
• Merci, bonne journée à vous aussi.

J’adresse un petit signe de la main à Clara. Elle me répond de loin, puis se range dans la file pour entrer en classe.

pour entrer en classe.

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