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Chapitre 33

Chapitre 33

Published Jun 8, 2022 Updated Jun 24, 2022 Culture
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Chapitre 33

Chapitre 33

Florence, 11 décembre

Le marché de Noël d’Avioth est un événement très attendu dans ma région. Il paraît que chaque année, ce village d’environ 150 âmes accueille plusieurs milliers de visiteurs durant ce week-end festif. L’année dernière, en raison de la pandémie, la dix-septième édition a dû être annulée. Les organisateurs espèrent donc que l’édition 2021 sera une trêve joyeuse dans le climat de morosité ambiant.

Il est presque midi, je viens d’arriver sur place avec la camionnette bien chargée. Une forêt de sapins éphémère a envahi le pied de la basilique et à proximité, une cinquantaine d’exposants attendent les instructions pour déballer leur stand. Comme tous les autres, je fais valider mon passe-sanitaire et accepte le vin chaud qu’on me propose. Je me force à parler de banalités pour éviter de sombrer dans un océan de désespoir. Il y a quelques semaines encore, je me faisais une joie de participer à ce marché pour rembourser rapidement ma dette envers Cézanne et Bérengère, mais depuis le départ de Clara, je n’ai plus goût à rien. Même ouvrir les yeux le matin me demande un effort surhumain. Si mes amis n’étaient pas là pour me soutenir, je pense que je serais déjà morte de chagrin.

  • Il va faire froid tout le week-end, paraît-il, dis-je à un artisan.
  • Avec le vin chaud, pas de risque de s’engourdir, ma p’tite dame, me répond-il en riant assez fort.

Avant, j’aurais sans doute ri à sa blague, mais là, je n’en ai pas le courage. Je lui souris poliment, puis prend congé.

  • Bon, c’est pas que je m’ennuie en votre compagnie, mais si je veux être installée avant l’arrivée des premiers visiteurs, il va falloir que je mette au boulot. Bonnes ventes !
  • Merci, bonnes ventes à vous aussi et au plaisir de partager un autre vin chaud.

Je prends place dans le chalet qui m’est réservé et me laisse imprégner par l’ambiance des lieux. Autour de moi, tout le monde s’agite gaiement. Les premières notes de musique parviennent à mes oreilles grâce à des musiciens ambulants qui viennent nous saluer. Je sais qu’ils vont déambuler dans les rues du village pendant les deux jours et que plusieurs concerts auront lieu au sein de la basilique, ce qui attire toujours du monde. Au fur et à mesure que mes voisins s’installent, les premières odeurs viennent titiller mon nerf olfactif. Sur les écriteaux, je peux lire : omelette au fromage d’Orval, soupe à l’oignon, boudin de Noël, marrons chauds, gaufres de Liège, vin chaud, jus de pommes chaud, chocolat chaud, bière de Noël. De quoi me mettre en appétit à l’heure du repas de midi.

Comme les stands n’ouvrent qu’à treize heures, j’avale mon sandwich en parcourant les allées. Les effluves des gaufres de Liège me donnent envie d’y succomber. J’essaierai de m’en faire livrer une à l’heure du goûter par un bénévole puisque je ne pourrai plus quitter mon stand. L’équipe organisatrice est très sympathique et a à cœur que chacun passe un agréable moment. Tous ses membres sont aux petits soins pour les producteurs locaux et les associations présentes. Je m’arrête au pied de la basilique près du sapin sous lequel les généreux donateurs sont invités à déposer des jouets collectés pour les enfants des hôpitaux.

L’affiche me ramène instantanément à Clara. Une boule dans la gorge m’empêche d’avaler ma bouchée tandis que j’essaie de ne pas pleurer. C’est peine perdue. Cela fait tout juste un mois qu’elle nous a quittés. Après la fête d’Halloween, quand ses amies sont reparties, nous nous sommes rendues toutes les deux sur le lieu de recueillement aménagé pour son papa. Ensemble, nous y avons déposé l’urne contenant ses cendres, mais comme Clara avait froid, nous ne nous sommes pas attardées. Elle m’a annoncé qu’elle voulait peindre une toile pour lui en m’expliquant qu’il faudrait la mettre sous-verre pour la protéger des intempéries. Elle a tenu à se mettre de suite au travail et a dessiné un homme portant un blouson de cuir assis sur une moto volante. Autour de lui, dans le ciel, elle a ajouté quelques étoiles et une touche de vert, sa couleur préférée. Mais alors qu’elle rangeait son matériel et nettoyait son pinceau, elle s’est évanouie. J’ai paniqué, j’ai crié, j’ai hurlé même. Pendant quelques secondes, j’ai été incapable de prendre une décision. Quand j’ai réalisé que j’étais seule parce que tous les résidents du Hayon étaient partis se recueillir sur les tombes de leurs proches, je me suis ressaisie et j’ai appelé le premier numéro qui m’est venu à l’esprit : la maman de Valentine qui est infirmière. Elle est arrivée très vite, juste avant les secours qu’elle avait prévenus. Entretemps, Clara était revenue à elle, mais elle était d’une pâleur extrême. La maman de Valentine m’a ordonné de préparer ma valise et celle de Clara. Dans la précipitation, j’ai failli oublier d’emporter son petit renne, mais heureusement, j’y ai repensé au moment de monter dans l’ambulance. Le médecin du Samu l’a mise sous oxygène parce qu’elle était en détresse respiratoire. Son rythme cardiaque était élevé et mon stress à son paroxysme. L’ambulance nous a déposées aux urgences de l’hôpital d’Arlon et quand j’ai expliqué à l’interne que Clara avait un glioblastome, il a immédiatement demandé son transfert au service d’oncologie du Dr Nemest à Namur. Là-bas, son état s’est stabilisé, puis s’est de nouveau dégradé au bout de quelques jours d’hospitalisation. Des soins palliatifs lui ont été administrés pour lui épargner des souffrances inutiles et un jour qu’elle se sentait mieux, elle m’a demandé du matériel pour peindre. Comme je n’en avais pas emmené, elle a passé commande par téléphone auprès de Mathilde qui lui a apporté tout ce dont elle avait besoin. Elle lui avait énuméré une liste d’objets à prendre en m’indiquant que je ne pouvais pas écouter ni regarder ce qu’elle préparait car elle voulait me faire une surprise. Pour me distraire pendant que Mathilde et Clara s’attelaient à la tâche, Théo m’a invitée à prendre l’air avec lui. Je me suis habillée chaudement et nous avons marché pendant plus d’une heure dans le parc situé à proximité de l’hôpital. Il m’a confié son lourd secret en m’expliquant pourquoi il était aussi distant avec moi et pour quelle raison il refusait tout contact physique. Il m’a raconté qu’avant d’arriver au Hayon, il avait été en couple avec une femme aussi jolie que violente. Elle se mettait en colère pour un rien, puis dès qu’elle était calmée, elle redevenait aussi douce qu’un agneau. Elle avait commencé par être jalouse et dès qu’une femme avait le malheur d’adresser la parole à Théo, elle s’énervait. Elle fouillait continuellement son téléphone à la recherche de messages compromettants et avait infiltré ses réseaux sociaux. Petit à petit, elle l’avait isolé de tous ses amis et s’était mise à diriger toutes ses colères contre lui. Au début, ce n’étaient que des insultes et des moqueries, mais au fil du temps, les violences physiques avaient remplacé les mots blessants, jusqu’au jour où elle lui avait lancé l’huile bouillante de la friteuse sur le corps. Hurlant de douleur et brûlé sur tout le torse, il s’était enfui en courant. Il s’était alors réfugié chez des voisins qui avaient appelé les secours et les gendarmes. Pour sa sécurité, il avait été transféré dans un hôpital d’une autre province de Belgique que la sienne puis envoyé ensuite dans un centre d’accueil spécialisé situé à Virton. Dans cet établissement réservé aux personnes battues par leur conjoint, il était le seul homme. Il m’expliqua qu’il n’y était pas resté longtemps, juste le temps de s’organiser et de trouver un nouveau lieu de résidence discret. C’est ainsi qu’il était arrivé au Hayon, ce qui lui convenait parfaitement. Son récit m’a fait froid dans le dos, mais contre toute attente, l’entendre m’a aussi fait du bien. Cela faisait plusieurs jours que j’étais enfermée avec Clara, et que je la voyais faiblir. Cette petite trêve hors du temps, avec ce voyage dans le passé de Théo m’avait projetée hors de mon quotidien stressant. Pendant cet instant suspendu, cette petite parenthèse, je n’ai pas pensé à Clara. J’ai été touchée par la confiance que Théo m’accordait pour oser me confier un secret aussi douloureux de son existence. A ce moment-là, j’ai compris qu’entre nous, rien ne serait plus pareil, qu’il y aurait un avant et un après. Cette confession m’a fait prendre conscience que je n’étais pas la seule à souffrir. Je ne sais pas trop expliquer pourquoi, mais j’ai eu l’impression que cette conversation m’allégeait d’un poids. Nous sommes ensuite allés prendre un café à la cafétéria de l’hôpital pour nous réchauffer et quand j’ai posé ma main sur la sienne, pour la première fois, Théo ne m’a pas repoussée. J’en ai été profondément émue ; lui aussi, si j’en crois les larmes qui ont perlé à ses yeux et le regard doux qu’il a posé sur moi. Main dans la main, nous sommes rentrés dans la chambre de Clara au moment où Mathilde terminait d’emballer le cadeau et que Clara écrivait une carte de vœux. Elles étaient rayonnantes toutes les deux, ravies de la surprise qu’elle m’avait préparée.

  • Il faudra que tu sois patiente, Maman parce que c’est ton cadeau de Noël.
  • Merci, ma petite émereaude. On l’emmènera en Laponie avec nous alors.

Clara n’avait rien répondu, comme si elle savait qu’elle n’effectuerait pas ce voyage au pays du Père Noël et des rennes. Quelques jours plus tard, elle s’est éteinte dans mes bras.

Dans cinq minutes, il sera treize heures. J’ai l’appétit coupé. Je jette mon sandwich dans une poubelle et rejoint mon chalet. Les premiers visiteurs se pressent déjà à l’entrée en attendant que les organisateurs scannent leur passe-sanitaire et ouvrent les barrières qui empêchent l’accès au marché. J’essaie de me recomposer un visage souriant pour accueillir mes clients.

Heureusement que mes amis du Hayon m’obligent à me lever chaque matin. Sans eux, le poids de l’absence me clouerait au lit. En me forçant à continuer les marchés du samedi, Thomas m’empêche de sombrer. Le contact avec la clientèle est une épreuve pour moi, mais rester à me morfondre à la maison serait encore plus destructeur. J’ai souvent envie de pleurer quand je surprends des regards pleins de pitié posés sur moi, mais la générosité des clients qui s’arrachent les boîtes de Noël m’apporte du baume au cœur. Je pense à toutes ces personnes défavorisées qui vont recevoir ces présents et cela m’emplit de joie. Grâce à la maîtresse d’école de Clara, des centaines de précommandes ont été récoltées dans toutes les écoles du secteur. Les dernières boîtes seront vendues ce week-end sur le marché de Noël d’Avioth. Je me dois d’être d’humeur festive, comme l’ambiance autour de moi. Tous les chalets de Noël sont décorés de guirlandes lumineuses. Seuls les artisans, les producteurs locaux et les associations sont autorisés à vendre leurs produits sur ce marché. Les commerçants, eux, doivent se contenter des marchés hebdomadaires habituels. Je me considère donc chanceuse d’être ici aujourd’hui.

C’est parti. Je sers le premier chocolat chaud au lait de nos chèvres, pour le plus grand plaisir des petits, mais aussi des grands qui les accompagnent. Ce n’est pas quelque chose de courant. De nombreux enfants font déjà la queue devant mon stand. Le Père Noël devrait faire son apparition dans l’après-midi. Autour de moi, les artisans ont démarré les ventes de compositions de Noël, bougies, bijoux de toute nature et autres bibelots susceptibles de trouver place sous le sapin ou sur les tables de fête. Je me sens d’humeur joyeuse tout à coup avec tous ces enfants qui se pressent devant moi.

J’aperçois Célia et sa famille au complet : sa maman, les jumeaux, Jérémy et leur papa. Dès qu’ils me repèrent, ils se dirigent vers mon stand et me commandent des chocolats chauds. Je suis ravie de revoir la copine de ma fille. Je sais que Clara lui manque beaucoup et à Valentine aussi. A son décès, tous les élèves de la classe lui ont fait de jolis dessins qui sont allés rejoindre son cercueil. Comme son papa, Clara a été incinérée. C’était le vœu qu’elle avait formulé quand nous avons posé l’urne de Stéphane dans le jardin. Elle avait même précisé que je devrais ouvrir les urnes pour qu’ils puissent s’envoler tous les deux, mais moi je n’arrive pas à m’y résoudre. J’ai comme l’impression que je les perdrais une seconde fois. Célia me ramène à la réalité en me posant une question qui me déstabilise :

  • Vous allez quand même venir en Laponie avec nous ?
  • Je ne pense pas non.

Ça n’a plus aucun sens pour moi d’aller en Laponie maintenant que Clara n’est plus là, mais je n’ose pas le dire franchement à Célia. Je lis la déception dans ses yeux.

  • Alors, vous n’allez pas acheter de bois de renne pour elle ? ajoute-t-elle tristement.

Je n’avais pas pensé à cela. Je suis troublée. Bien sûr, Célia a raison dans le sens où c’était ce que Clara souhaitait ramener, mais maintenant qu’elle est partie, je n’en vois pas l’utilité. Sa maman vient à mon secours.

  • On pourra en acheter un, nous et on le déposera au Hayon à côté de Clara et de son papa.

Célia semble satisfaite de cette réponse, mais après leur départ, ses paroles résonnent en boucle dans ma tête. J’y pense encore quand je rentre à la maison et je passe une nuit agitée. Le matin en me levant, c’est devenu une évidence : je sais exactement ce que je vais faire et ça me donne une pêche d’enfer. Je chantonne au son de la musique diffusée par Métropole Radio et c’est ainsi que Mathilde me surprend. Encore ensommeillée, elle frappe à la porte de ma chambre avant de l’entrouvrir et d’y aventurer doucement sa tête dans l’attente de ma réponse.

  • Entre Mathilde !
  • Bonjour Florence, dit-elle en baillant. Tu m’as réveillée avec ta musique. Tu m’as l’air bien joviale ce matin. Je peux en connaître la raison ?
  • Oui, j’ai pris une grande décision : je vais aller en Laponie et devine qui j’emmène avec moi ?

Mathilde écarquille les yeux avant de se pincer la joue.

  • Aïe !

Cette réaction déclenche chez moi un rire franc. Je réalise que ça fait un mois que ça ne m’est pas arrivé.

  • Non Mathilde, tu ne rêves pas ! Pas la peine de te pincer.

Son air hébété me fait rire de plus belle.

  • Si tu voyais ta tête, Mathilde !
  • Tu es sûre que tu vas bien, Florence ? Tu m’inquiètes.

 Je suis tellement excitée et ça fait tellement longtemps que je passe mes journées à pleurer que mes nerfs lâchent. J’évacue la pression accumulée et réitère ma question.

  • Bon alors, à ton avis, avec qui je vais partir ?
  • Je ne sais pas. Je ne suis pas très douée pour les devinettes…

Puis, tout à coup, une lueur traverse son regard.

  • Tu emportes ta petite Clara ?
  • Oui, c’est exact. Mais pas que.
  • Comment ça : « mais pas que » ?

Je suis tellement emballée par mon projet que je trépigne d’impatience. J’ai envie de lui dévoiler tout de suite mon idée de génie.

  • Eh bien, j’emmène d’autres personnes avec moi.
  • Ah, alors dans la même idée, je dirais que tu prends l’urne de son papa.
  • Je pourrais, oui, mais je ne parle pas d’une personne décédée.
  • Je ne sais pas.
  • Allez, je t’aide : j’ai un billet pour un enfant.

Mathilde n’a plus d’idée et moi, je n’en peux plus de garder ce secret :

  • Je vais emmener Valentine…enfin, si sa maman est d’accord. L’année prochaine, il sera sans doute trop tard car sa vue baisse à une vitesse incroyable. Bientôt, elle ne distinguera plus aucune couleur. Je sais qu’elle avait très envie d’effectuer ce voyage, mais que sa maman travaille à Noël.
  • Mais quelle bonne idée, Florence ! Les trois amies inséparables, Clara, Célia et Valentine, vont faire ce voyage qu’il leur tenait tant à cœur ensemble. En tout cas, ça fait plaisir de te voir aussi enthousiaste ce matin.

Elle accompagne ses paroles en m’entourant de ses bras. Ma confidente, ma meilleure amie, que ferais-je sans elle ? Où serais-je si elle n’avait pas été là pour moi ? J’admire son courage et sa résilience. Elle a réussi à survivre malgré la culpabilité qui la ronge et sa douleur lancinante. Elle arrive même à m’insuffler de la force. Quelle femme exceptionnelle ! Récemment, elle m’a confié son secret, celui qui a mis le Hayon sur sa route. Comme celle de Théo, son histoire m’a glacé le sang. Sans doute même davantage, je dirais. Elle aussi a une petite étoile qui brille dans le ciel : une petite Sophie qui avait quatre ans quand elle est décédée. Ce soir-là, comme d’habitude, son mari était rentré saoul et comme toujours, il s’était énervé sur leur fille. Il ne la supportait pas. Il avait désiré ardemment un petit garçon et dès qu’il avait su que Mathilde attendait une petite fille, il s’était mis à la battre, à frapper son ventre, dans l’espoir qu’elle perde l’enfant. J’en ai eu la chair de poule quand Mathilde m’a expliqué ça. Née prématurément, Sophie n’en était pas moins courageuse et forte puisqu’elle avait survécu. Malheureusement, son calvaire ne faisait que commencer. Son père avait continué à la détester, à se fâcher sur elle pour rien et à la violenter, tout comme Mathilde. Il rentrait de moins en moins souvent à sang frais et ce soir-là, alors que Sophie avait renversé son verre d’eau, il l’avait violemment projetée dans l’escalier. La petite était morte sur le coup. Aujourd’hui encore, Mathilde s’en veut de ne pas avoir quitté cet homme plus tôt. Si elle avait eu assez de courage, Sophie serait sans doute encore en vie aujourd’hui. Elle prétend qu’elle ne pourra jamais se pardonner sa lâcheté. Les séances de méditation et de relaxation qu’elle s’impose sont essentielles à sa survie. J’ai été bouleversée par son récit et aujourd’hui encore quand je repense à cette petite Sophie, les larmes ne sont jamais bien loin.

Théo se tient à son tour dans l’encadrement de la porte.

  • Je peux entrer, demande-t-il timidement.
  • Oui, bien sûr. J’ai une super nouvelle à t’annoncer.

Il dépose un baiser sur mes lèvres et je m’empresse de tout lui raconter. Mon excitation ne retombe pas, bien au contraire. Depuis le décès de Clara, nous nous sommes rapprochés. J’avais besoin de bras pour me consoler et lui aussi. Il s’était beaucoup attaché à Clara et sa disparition l’a affecté profondément. De fil en aiguille, de petits gestes en câlins, ses angoisses liées au contact physique se sont atténuées.

 

Durant le petit-déjeuner, je réexplique tout une troisième fois pour Thomas, Bérengère et Cézanne. Ils sont tous visiblement ravis de me revoir sourire.

 

Je m’installe dans l’atelier chauffé pour peindre. Je m’étais promis de réaliser une toile de Clara à cheval.(A voir si elle n’a pas déjà fait cette toile car j’ai un doute) Je reprends mon appareil-photo et visionne les photos et vidéos prises lorsque Célia est venue passer l’après-midi au Hayon pour la première fois. Je redécouvre Théo qui expliquait le principe de son paddock-paradise aux fillettes et je revois ma petite cavalière qui avait fière allure et son sourire qui en disait long sur son bonheur. Je suis émue, mais je ne pleure pas. Je m’applique pour que la peinture soit la plus représentative possible de ce moment heureux.

 

Fière de mon travail, je sors de l’atelier et m’arrête sur le seuil.

 

  • Je t’aime ma petite Clara, dis-je en déposant un baiser sur le bout de mes doigts avant de souffler dessus pour qu’il s’envole.

 

En levant les yeux au ciel, je découvre un nuage en forme de cœur. Je me sens aussi apaisée qu’émue.

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