Chapitre 7
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Chapitre 7
Chapitre 7
Timéo
Malgré l’excitation due au simulateur de vol d’hier soir, j’ai mieux dormi que la veille et le réveil de Titouan a été lui aussi plus doux que le précédent. C’est d’ailleurs lui qui est venu me tirer du mien ce matin. Il m’a légèrement secoué en m’appelant à voix basse. J’étais encore un peu fatigué, mais la perspective de revoir Lubin et Lova m’a tout de suite mis de bonne humeur. Nous allons ensemble chercher Tifanie.
Durant notre vol, Titouan m’apprends que sa sœur Sylvie a posé des questions sur le bébé étrange de l’arrêt de bus et que sa maman lui a expliqué qu’il avait un chromosome en moins. Sylvie a exposé ses craintes et sa maman l’a rassurée en lui faisant visionner des photos d’enfants semblables à Lubin sur son ordinateur. Tous arboraient un large sourire et Sylvie a fini par en conclure qu’ils n’étaient pas « si bizarres que ça », selon ses propres mots.
Aujourd’hui, il y a un peu moins de monde qu’hier à l’arrêt de bus. Les papas, qui tenaient absolument à accompagner leurs enfants pour le premier jour d’école ont repris le travail et les deux sœurs ainées de Lubin sont montées dans le bus précédent celui de Sabrina pour partir au collège et au lycée. Il n’y a donc qu’une poignée de parents et ce sont principalement des mamans.
- Le bus ne devrait plus trop tarder à arriver, me dit Titouan.
Comme la veille, c’est Sylvie qui tient Lova en laisse et de nouveau, comme le jour précédent, la petite chienne se dirige instinctivement vers Lubin. La réaction du garçonnet ne se fait pas attendre : il crie d’excitation en voyant l’animal arriver, agite bras et jambes, puis appuie son oreille contre le museau de Lova lorsqu’elle pose sa tête sur ses cuisses. Contrairement à hier, Sylvie ne tire pas sur la laisse pour récupérer son chien. Elle engage même la conversation avec la maman de Lubin :
- Il s’appelle comment ?
- Et ton chien ?
- C’est une femelle. Elle s’appelle Lova et ses frères là-bas, c’est Lary et Lilo.
- Ils sont très mignons tes chiots.
- Votre bébé aussi.
Noélie est aussi surprise qu’émue. Personne ne lui fait jamais de compliment sur le physique de Lubin. Au mieux, on lui dit qu’il a l’air bien sage. Au pire, on s’extasie sur ses vêtements, mais jamais, au grand jamais, on ne lui a dit qu’il était beau. La réaction de la fillette est tellement inattendue que le regard de Noélie se brouille. En observant la scène, je me dis que cette gamine n’a sans doute pas idée du tourbillon de bonheur qu’elle vient de déclencher chez cette maman. A coup sûr, les mots de Sylvie réchauffent son coeur. Je suis persuadé que ces trois simples mots vont égayer toute sa journée et ça me fait drôlement plaisir d’avoir assisté à ce moment magique. Le bus étant déjà là, la discussion prend fin.
- Elle me donne des ailes, cette histoire, dit Titouan.
- Des ailes !? lui répond Tifanie surprise par cette exclamation.
Je l’interroge, dubitateur en fronçant un sourcil et en levant l’autre.
- Mais…tu en as déjà, des ailes, Titouan !
- C’est une expression des Humains. Je les ai déjà entendus dire ça quand ils sont heureux. Ça signifie que quelque chose leur donne l’envie et l’énergie d’accomplir des choses importantes à leurs yeux.
Titouan peut être fier de sa grande sœur. Comme quoi, il suffit parfois de pas grand-chose pour faire pétiller la vie de quelqu’un. Moi aussi, je trouve que cela me donne des ailes tout ça. Le bonheur serait-il contagieux, comme le rire ou les larmes ? J’ai bien envie d’y croire à cet instant.
- Et du coup, qu’aimerais-tu faire ce matin ?
- Eh bien faire naître tout plein de petits pigeons, par exemple, me répond Titouan. On pourrait aussi retourner voir les marcassins. Vous en dites quoi ?
- Oh oui, oh oui, répond Tifanie. Les petits marcassins si craquants, ajoute-t-elle en inclinant sa tête sur le côté et en y posant ses mains jointes.
Nous retrouvons facilement le chaudron dans lequel cinq marcassins sont en train de téter leur mère. Nous ne tardons pas à comprendre que les deux autres n’ont pas survécu, en découvrant leurs corps inanimés.
- Ne sois pas triste, Timéo. Cinq sur sept, c’est pas si mal ! Ils sont peut-être partis dans un royaume aussi doux que le nôtre, qui sait ?
C’est vrai que je n’ai jamais réfléchi à cette probabilité. Y aurait-il un royaume qui accueille les animaux après leur décès comme celui de Séraphin pour les Humains ? Mystère. Notre grand maître a peut-être réponse à cette question.
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