Drôle de drame
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Drôle de drame
Véronique Rivière, Capitaine (Véronique Rivière), Polydor, 1989.
Ce qui est rare...
Chanteuse au phrasé gracieux qui a fait toute sa carrière à l’écart du clinquant et du bruit, Véronique Rivière a publié six albums entre 1987 et 2011. Dès la fin des années 80, elle se fait remarquer avec des chansons d’amour mélancoliques, telles Absence ou Capitaine, qui reste son plus grand succès.
Sur les deux faces de ce 45 tours, il y a deux chansons en forme d’exercice de style, construites sur le même modèle, déclinant le motif de l’alcool d’un côté et de la drogue de l’autre (mais où sont le sexe et le rock’n’roll?), jouant sur le double sens, le propre et le figuré.
Loch Lomond
(Face A : Capitaine)
Les amateurs d’onomatopées et de phylactères auront sans doute reconnu la marque de whisky préférée d’un capitaine au long cours et au patronyme de poisson. Véronique Rivière parle d’alcool dans cette chanson. Elle y fait défiler le même champ lexical, opposant « marin d’eau douce » et « vieux loup de mer », l’alcoolique et le sobre.
« Tu nages entre deux vins
Je me noie dans un verre d’eau
Et j’ai pas le pied marin
Dans les bars à matelots »
L’appellation « entre-deux-mers » détournée, devenant « entre deux vins », dans un texte qui compare l’alcoolisme à la mer, c’est tout de même une trouvaille…
« Je quitte le navire
Désolée, Capitaine
Si le chant des sirènes
Vous attire si fort
Moi je veux revenir au port »
Mais l’aventure du capitaine a son revers :
« Tu te mènes en bateau
De comptoir en comptoir
Dans les caniveaux
Tu largues les amarres
Et vogue la galère
Quand tu bois comme un trou
Si ta mémoire s’y perd
Moi je me souviens de tout »
C’est la chute finale, la grande marée, assommoir, jusqu’à la nausée, et le mot est enfin lâché :
« Tu sombres dans les eaux
Sans réagir
Y a plus que l’alcool qui réponde
À tes désirs
Et je ne veux plus voir le monde
T’anéantir »
Véronique Rivière ne rentre tout de même pas trop dans les détails, s’évitant ainsi les écueils des rues de la Soif dégoulinantes et les haut-le-cœur. Elle flotte à la surface, suggère, caution santé du propos, témoin muet qui préfère s’en aller en fin de compte. Son texte est tout ce qu’il y a de minutieux.
La blanche
(Face B : Stupéfiant)
Dans cette chanson, c’est le double sens du mot héroïne, à la fois drogue dure et personnage principal, qui est exploité.
« Drôle d’histoire qui tourne au drame
L’héroïne est une drôle de dame »
Là encore, le figuré rejoint le sens propre dans le refrain :
« Stupéfiant
Elle dit que le monde est stupéfiant
…
Elle jette la poudre aux yeux de tous ses prétendants »
La belle héroïne est sans concession et rit dans le chaos :
« Au suivant
Allez allez au suivant
C’est ce que dit l’héroïne après chaque enterrement »
Il y a là du Brel et du Prévert à la fois.
Capitaine est ici.
Stupéfiant ici.
Bide et musique
45 tours
vinyle
Face B
années 80
Polydor