« 5 heures du mat, j’ai des frissons »
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« 5 heures du mat, j’ai des frissons »
J-C. Paco, Exil (Julie Sogni Daroy/J-C. Paco), Carrère, 1983.
Il a un peu la tête d’Anthony Delon en sortie de boîte avec ses lunettes noires, sa chemise ouverte, sa chaîne en or qui brille, sa moquette sur la poitrine et sa coupe de cheveux des années 80. Franchement, la photo est pas mal (J-P. Sani), on ne peut pas vraiment en dire autant de la chanson :
« Dans ma vie drôles de larmes
Galères et vague à l’âme
…
C’est dur à dire
J’peux pas m’en sortir »
…
Refrain :
Exil
Je suis en exil
Dans ma tête y a des flashs
Des magasines
Exil
Je veux tuer ma ville
Je déchire tes photos
Face et profil »
Je ne suis pas sûr d’avoir saisi tous les mots à l’écoute tant cela est poussif et fumeux. Pourtant j’ai passé le disque plusieurs fois à fond, au point de rendre fou tout le monde à la maison et dans l’immeuble. Je crois bien que les voisins vont monter un groupe contre moi, et que même mon chien compte assister à la prochaine réunion.
Les paroles sont plutôt nulles (« je déchire tes photos/Face et profil »… la rime est forcée à se démembrer), pourtant la chanson est bien produite, avec des arrangements de cuivres assez propres. Ils sont signés François Feldman, dont la carrière de chanteur de variété n’a pas encore décollée à ce moment-là. Il officie encore en coulisses, arrangeant cordes, tuyaux et bidons. Son heure de gloire arrivera à la fin de cette décennie si étrange et hétérogène, en 1989 plus précisément, avec Joue pas et surtout Les Valses de Vienne.
À la limite, la face B est un peu meilleure, plus humaine, moins calibrée pour courir après un succès qui n’est jamais venu. La voix est plus rocailleuse, moins apprêtée, plus franche. Mais pas de quoi tomber non plus à la renverse. La chanson s’appelle Mais j’dis rien. Ce n’est pas horrible, juste de la gentille variété sans trop d’envergure. Tout ça manque malheureusement un peu d’âme et de charme.
Mais quelle image ! Dans une collection, le visuel compte aussi. Faute de pouvoir vous faire écouter le morceau (trop obscur, introuvable, on touche ici aux limites de l’exercice, il faudrait fouiller le dark web), je vous repasse la pochette, c’est cadeau. La photo est de J-P. Sani, inconnu lui aussi.