Le Grand incendie
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Le Grand incendie
Jeanne-Marie Sens, Méli-mélo, (Sens/Bonnecarrère), Atlantic, 1973.
La très grande majorité de l’œuvre de Jeanne-Marie Sens s’inscrit dans une tradition de chanson français intellectuelle, à texte.
En cela, on peut la rapprocher d’artistes comme Anne Vanderlove, Isabelle Mayereau ou Anne Sylvestre, avec cette dernière, elle a d’ailleurs aussi en commun d’avoir écrit et chanté pour les enfants.
Il y a dans sa discographie de très belles choses, notamment une version française d’un titre de Gianni Esposito, Les Clowns, empreint d’une grande tristesse, comme toujours lorsqu’on met en scène cette figure.
Méli-mélo, qui se trouve en face B du 45 tours extrait de son premier album possède une tonalité toute différente, ayant à voir avec la musique débraillée de Catherine Ribeiro quand elle collabore avec le groupe de rock progressif Alpes, ou certains morceaux de Léo Ferré (Le Chien, La Solitude), dans lesquels il déborde largement du cadre habituel de la chanson.
Le texte est scandé plutôt que chanté, le son est brut, lourd, répétitif, le discours est surréaliste et possède une énergie incendiaire :
« J’ai pris une auto
J’ai pris un chien
J’ai pris une maison
J’ai pris une grand-mère
J’ai pris un enfant
J’ai pris un réverbère
Avec l’auto j’ai fait un feu de joie
Avec le chien un gâteau d’anniversaire
Avec la maison un dessin
Avec la grand-mère un nœud à mon mouchoir
Avec l’enfant j’ai fait l’amour
Avec le réverbère la lumière
Avec le tout j’ai fait un gros bouquet ».
C’est une excellente chanson, dommage qu’elle soit ainsi cachée, comme condamnée, presque noyée au milieu de la discographie de Jeanne-Marie Sens, mais c’est le jeu : il faut savoir plonger en profondeur pour recueillir les perles, polir.
Pour écouter la face A, En plein cœur, c'est ici, sur Bide et musique. Pour la face B, Méli-mélo, c'est ailleurs