« Elle est prête à tomber Travolta »
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« Elle est prête à tomber Travolta »
Anita, Je suis amoureuse de Travolta (J-M. Rivière/F. Lecoultre), Delphine, 1979.
Johnny, Johnny
La chanson d’Anita est un hommage en forme de clin d’œil à John Travolta plutôt qu’une parodie. Elle ne reprend d’ailleurs ni le rythme, ni la mélodie d’un titre figurant dans le film Grease en détournant les paroles, et les auteurs originaux ne sont pas crédités comme c’est le cas lors d’une parodie (je pense à Où est ma ch’mise grise ? de Sim et Patrick Topaloff). Seuls les « wouh !wouh ! Wouh ! » de You’re the One That I Want sont maintenus. Travolta est ailleurs.
Anita raconte son admiration pour l’acteur et danseur star de la fin des 70’s :
« Je suis amoureuse de Travolta
J’ai appris par cœur ses moindres pas
Et pour toute la vie, il sera pour moi
Mon prince d’amour made in California »
Comme une adolescente lambda, elle s’entraîne à reproduire les chorés dans sa chambre aux murs probablement ornés de posters de son idole, pousse les meubles et le son à fond, et cale ses pas sur les pas de son modèle. Toute l’iconographie est convoquée dans les couplets :
« Sur mon oreiller
J’ai mis sa photo
Où il me sourit
Là sur sa moto »
Le cuir, la moto, l’amour, le disco, le lycée, l’attitude cool et rebelle, le chant et la danse, tout se mélange comme dans une comédie musicale.
Être fan, être femme
La jeune femme garde toutefois sa lucidité :
« Pourtant je sais bien
Qu’il n’est pas pour moi
Qu’une autre à la fin
Me l’enlèvera »
Elle ne sombre pas dans un délire schizophrène à la Misery, mélangeant personne et personnage, interrogeant le concept d’identification dans ce qu’il a de plus dérangeant et dérangé. L’autre en question, c’est Katie Bates, l’infirmière tortionnaire, pas la douce Anita. Comme toujours dans la pop, on reste à la surface sans chercher à montrer tous les mécanismes capables de nous plonger dans les eaux troubles de l’horreur pure. Les questions n’existent qu’à condition qu’on veuille bien se les poser.
Évolution stylistique et tour de taille
Petite précision : Anita est amoureuse du Travolta première période, celui de Grease et de Saturday Night Fever, pas de celui de Pulp Fiction au visage plus empâté quoiqu’encore capable de se déhancher, encore moins de celui de Battelfield Earth : maquillage bleu-gris, dents pourries, dreadlocks de Gorgone et scientologie.
I’ll Be There For You
Dernière remarque toute personnelle : je trouve que la chanteuse, sur la photo de pochette du 45 tours, ressemble un peu au personnage de Phoebe Buffay : frange, blondeur, et rondeur du visage jusque dans la moue, mais je ne parle que de l’image, en aucun cas des prestations vocales.
La chanson est ici