Saison de soi
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Saison de soi
Nous nous enfermons dans ce que nous croyons être une zone de confort. Nous nous y enfermons un peu plus chaque jour. Peur du pire, peur de tomber de Charybde en Scylla. Mais ce confort n’est qu’une miteuse couverture que d’autres nous offrent et parfois même nous vendent, afin que l’on reste à notre place, dans cette niche qui les rassure.
Je revois cette scène de Forrest Gump qui se met à courir sans s’arrêter. Pourquoi le fait-il ? À ceux qui l’interrogent et veulent coller une étiquette à son acte, il se contente de répondre : J’ai juste envie de courir. Réplique magistrale !
Vient alors le moment où il s’arrête subitement : « Je suis vraiment fatigué, je vais rentrer chez moi maintenant ». C’est le drame, non pas pour lui, mais pour les autres, ces suiveurs, ces followers désemparés : « Et maintenant, qu’est-ce qu’on est supposé faire ? ». Édifiant !
Cette scène mythique au travers des États-Unis se termine après trois ans, deux mois, quatorze jours et seize heures. Elle prend fin au Mile Marker 13, près de Monument Valley. Encore aujourd’hui ce besoin de repères, au travers les autres pour vivre sa propre vie, a transformé ce point d’arrêt en Forrest Gump Point.
Suivez, soyez suivi, mais ne soyez pas mouton.
Saison de soi
Il arrive un jour cet instant
On ne compte plus en printemps
La date des anniversaires
On arrive en fin du roman
Qui mène inexorablement
Jusqu’à nos premiers froids d’hiver
Alors plutôt que de courir
Ou bien de nous laisser mourir
Pourquoi ne pas simplement vivre
Le temps d’apprécier les plaisirs
De nos envies de nos désirs
Tout ce qui invite à poursuivre
Force est alors de constater
Ce que l’on rate à se hâter
Ce que l’on perd qui nous délivre
Beaucoup trop ont la faculté
De nous blesser nous occulter
Pour que ne reste que leur livre
Je vous écris ces quelques lignes
À creuser dans les interlignes
Pour trouver d’autres évidences
Mais quand viendra le chant du cygne
À mes écrits je serai digne
L’esprit le corps en concordance