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Stevie Wonder - Des clés pour la vie

Stevie Wonder - Des clés pour la vie

Publié le 9 déc. 2020 Mis à jour le 9 déc. 2020 Musique
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Stevie Wonder - Des clés pour la vie

De la quatrième jusqu'au bac, j'ai passé cinq ans dans un lycée de campagne, à Belley (prononcer Beulê). J'y étais pensionnaire, c’est-à-dire que je quittais la maison le lundi matin à 7h30 et je rentrais le samedi vers 13h.

Être interne dans un lycée vous apprend la vie en communauté et vous mène à nouer de vraies relations.

En octobre 1978, bac en poche, je m'installe à Villeurbanne pour commencer ma période universitaire. Même si c'est un changement radical de vie, je garde le contact avec pas mal de mes copains/copines de lycée. Parmi tout ce petit monde, je compte deux amies :

- Marie, qui avait déménagé un an plus tôt pour Dijon et qui se retrouvait en terminale au lycée Carnot

- Christine qui faisait sa terminale à Belley

Nous avions gardé tous les trois une relation épistolaire suivie, un petit peu amers de nous voir moins souvent.

Au cours de l'hiver, on décide de se retrouver pour les vacances de Pâques suivantes. Les parents de Marie sont propriétaires d'une maison de famille dans un petit village non loin de Dijon. Elle nous propose donc que l'on y organise un séjour. Christine nous suggère qu'une de ses copines, Patricia, nous rejoigne. Pas de souci, bien entendu.

Christine et moi décidons de nous rendre à Dijon en stop. Nous partons donc par un beau matin (mon père avait dû nous déposer quelque part, sur une route qui circule). À cette époque, je me déplaçais pas mal en stop. Inutile de vous dire qu'avec Christine en première ligne pour tendre le pouce (je prenais soin de me placer en arrière-plan), notre moyenne kilométrique fut nettement plus élevée que lorsque je me déplaçais seul…

Nous sommes donc arrivés chez Marie dans l'aprème, on a récupéré Patricia à la gare et tous les quatre, heureux d'être ensemble, sommes partis pour la campagne en train.

Nous arrivons à la nuit tombante dans une maison bourgeoise glaciale qui sent le renfermé. Pas grave, nos cigarettes, de pleines théières et nos rires ont vite fait de réchauffer l'atmosphère.

On fait la connaissance de Patricia, qui ne manquait pas d'humour et dont le franc parler parfois proche de la vulgarité nous faisait bien marrer.

Marie était plus discrète, jusqu'au moment où elle dépassait un certain seuil et devenait relativement incontrôlable et complètement délurée.

Quant à Christine, c'est probablement une des personnes avec qui j'ai partagé le plus de fous rires dans ma vie.

Patricia avait de grands yeux de biche, Marie avait des yeux remplis de tendresse qui variaient du gris au vert selon les conditions météorologiques, et les immenses prunelles de Christine étaient d'un bleu acier remplies de rire et de joie de vivre. Vous imaginez je suppose l'état d'esprit qui fut le mien pendant ces quelques jours en compagnie de ces trois gazelles aux regards uniques.

Le soir, nos veillées étaient arrosées de thé au jasmin ou à la bergamote accompagné d'un alcool fort, au cours desquels nous fumions toutes sortes de cigarettes et écoutions toutes sortes de musiques. Au fur et à mesure que la soirée avançait, j'existais de moins en moins et mes trois copines se racontaient leurs histoires de filles, à mon plus grand enchantement.

De temps en temps, un copain ou une copine de Marie débarquait pour déjeuner avec nous. On allait ensuite passer l'après-midi à Dijon : un peu de ballade, un peu de shopping et une bière chez Béru, le troquet un peu zone situé dans une impasse proche de la rue de la Chouette.

Cette semaine-là, nous avons bénéficié d'une météo plus que clémente. Je me rappelle que nous déjeunions souvent dehors dans le jardin, au milieu des primevères qui commençaient à pointer.

Un matin après le petit déjeuner, Christine part faire un tour dehors et revient avec les yeux pétillants de celle qui a été touchée par la grâce divine : "J'ai une idée !" nous dit-elle, "On va cueillir des primevères, faire des bouquets et on ira les vendre demain à Dijon car c'est jour de marché. Avec l'argent gagné, on se paiera un resto !!!"

Évidemment, cette proposition nous met en joie. Nous bondissons sur nos pieds, nous précipitons sur les parterres de fleurs et commençons notre moisson. La fin de l'après-midi et la soirée sont consacrées à la confection de petits bouquets à l'aide de fil trouvé dans une boîte à couture.

Nous nous levons tôt le lendemain matin et prenons le train, accompagnés de notre précieuse cargaison. En termes de réussite commerciale, inutile de vous dire que mes amies eurent un succès nettement plus prononcé que moi. À la fin de la matinée, tout notre stock était vendu et nous n'eûmes que quelques francs à ajouter pour partager ce qui fut alors un de nos meilleurs festins, vu qu'il avait été financé par notre poésie, notre enthousiasme et noter joie de vivre.

Quelques semaines auparavant, Marie m'avait informé qu'elle venait de s'acheter "Songs in the key of life" de Stevie Wonder, sorti en 1976. "Il y a beaucoup de sensibilité dans sa musique", m'avait-elle écrit. À cette époque, j'étais plus captivé par les riffs de guitare électrique ou les envolées lyriques de synthétiseurs que par les cuivres et les rythmes de la soul music.

Du coup, parmi les musiques qui peuplaient nos soirées dans la campagne bourguignonne, ce double disque figurait en bonne place (je me souviens qu'on écoutait aussi "Gone to earth" de "Barclay James Harvest" et le premier et excellent album d'un groupe très peu connu : "Pavlov's dog"). Je vous avoue que j'étais au début assez réticent à ces 21 chansons. Et puis petit à petit il y eut un apprivoisement réciproque et je me mis vraiment à apprécier cet opus.

Je viens de le retrouver et de l'écouter à dose un peu soutenue : c'est un véritable enchantement. Il n'y a quasiment rien à jeter. Sorti juste avant la vague disco qui recouvrit le monde musical d'un flot d'immondices sonores, cette œuvre en a aidé beaucoup à survivre en attendant que le disco ne retourne dans les limbes de l'inconsistant.

Bien sûr, difficile d'en extraire une quintessence, vu la qualité de l'ensemble. On va cependant s'attarder sur trois splendeurs.

Pour commencer et préparer nos oreilles, c'est "As" et ses sept minutes qui vont nous faire prendre conscience de la puissance des chansons de l'album. Je l'ai dans les oreilles au moment où j'écris ces lignes, et je ne sais pas ce qu'il n'y a pas. C'est 100% de génie, tout simplement.

https://www.youtube.com/watch?v=KWhMyOs0pCQ

"Songs in the key of life" est une œuvre très variée au niveau instrumental. On y trouve des cuivres bien sûr, de la guitare, des violons et même de la harpe. Une illustration : "Pastime Paradise". Sur cette superbe mélodie, Stevie Wonder aborde le sujet de l'antéophilie qui caractérise les adeptes du "c'était mieux avant" :

They've been wasting most their time

Glorifying days long gone behind

They've been wasting most their days

In remembrance of ignorance oldest praise        

 

… Et je suis bien d'accord avec lui : c'est en se réfugiant dans le "c'était mieux avant" qu'au début on devient vieux et qu'à la fin on devient con.

https://www.youtube.com/watch?v=b0S4SiLxt1s

 

"Sir Duke" est la chanson qui, à mon humble avis, illustre le mieux ce qu'est la joie de vivre. Calez-vous la entre les oreilles au réveil, votre journée ne sera pas la même. Stevie Wonder y rend hommage à ses maîtres : Duke Ellington bien sûr, mais aussi Count Basie, Glenn Miller, Louis Armstrong (Satchmo), Ella Fitzgerald.

 

Music knows it is and always will

Be one of the things that life just won't quit

But here are some of music's pioneers

That time will not allow us to forget

For there's Basie, Miller, Satchmo

And the king of all Sir Duke

And with a voice like Ella's ringing out

There's no way the band can lose

 

On a compris le message : ne pas s'enfermer dans le soit disant paradis du passé tout en reconnaissant ce que nous ont apporté les pionniers. C'est effectivement une des clés de la vie.

C'est parti pour près de quatre minutes de bonheur (eh oui, ça existe parfois !) :

https://www.youtube.com/watch?v=s6fPN5aQVDI

Je dédie ces quelques lignes à mes trois gazelles qui vadrouillent quelque part sur la planète, avec une pensée spéciale pour Marie dont c'est l'anniversaire aujourd'hui.

9 décembre 2020

 

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