Adieu mon artiste
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Adieu mon artiste
Entre décembre 1978 et juin 2003, j’ai eu la chance de voir Peter Gabriel cinq fois sur scène.
Il y avait une constante lors de ses concerts : il finissait avec une chanson de son premier album solo, intitulée « Here comes the flood ». Cette chanson, puissamment orchestrée sur la version studio, il nous la chantait seul sur scène, accompagné par son piano.
Lors du dernier concert auquel nous avons assisté, lorsque les lumières de la salle s’éteignirent, annonçant le début du spectacle, je me posai l’habituelle question : par quelle chanson va-t-il débuter son show ? À ma grande surprise, il monta seul sur cette scène circulaire installée au milieu du public et s’installa devant son piano. Puis il nous dit, en français : « On reprend où on s’était arrêté », et commença les premières notes de « Here comes the flood », bousculant d’entrée la tradition qu’il avait instaurée depuis 25 ans…
Ma première réaction fut alors : « Zut, avec quel morceau nous dira-t-il adieu dans deux heures ? »
Et puis, comme d’habitude, la magie de son spectacle et la puissance de ses chansons nous emmenèrent bien loin du système solaire.
Après un ou deux rappels, les musiciens quittèrent la scène à l’exception de son fidèle et fantastique bassiste Tony Levin.
Peter Gabriel nous dit d’un ton grave : « This is a song for my father. It’s called Father & Son”.
Je n’avais jamais entendu cette chanson, mais elle m’émut d’entrée au plus haut point par sa mélodie, la simplicité de son orchestration et sa sincérité.
Peter Gabriel l’a écrite après avoir passé un moment avec son père à faire des exercices d’assouplissement du dos. Il raconte qu’il avait rarement eu cette proximité physique avec lui.
Le cœur de mon Papa vient de s’arrêter de battre, après un peu plus de 91 ans de bons et loyaux services. Papa est parti comme il avait vécu, en toute discrétion et entouré de gens qu’il aime et qui l’aiment.
Je viens de perdre mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest. Il va donc me falloir un peu de temps pour me reboussoler… Ceci dit, je peux me considérer chanceux d’avoir cheminé à ses côtés jusqu’à l’aube de mes soixante ans.
Pour la chanson, c’est ici :
https://www.youtube.com/watch?v=IMTJDShpfpc
I could hold back the tide
Je pourrais retenir la marée
With my dad by my side
Avec mon papa à mes côtés
Annolieu – 01 août 2020