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Episode 24 : Irréel

Episode 24 : Irréel

Publié le 25 avr. 2022 Mis à jour le 25 avr. 2022 Culture
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Episode 24 : Irréel

Difficile d’imaginer que sous ce paysage désolé puisse se cacher un endroit aussi merveilleux. Et pourtant, il était bien réel. Un putain d’oasis au milieu du désert ! Je n’en croyais pas mes yeux. Des plantes vertes à perte de vue : des palmiers, des fougères et bien d’autres que je n’étais pas fichu de reconnaître. Le tout baignant dans une humidité étouffante et une lumière chatoyante. Il ne manquait plus que le chant des oiseaux et des insectes pour parfaire le tableau. Mais à la place, résonnait le ronronnement des machines qui purifiaient l’air et produisaient cette brume tiède.

Une jeune femme postée devant la porte semblait nous attendre. Un corps athlétique superbement moulé dans un uniforme de kevlar, galons sur le béret et une arme au poignet. Elle nous observait avec une pointe d’arrogance et de défi dans le regard. De toute évidence, elle n’appréciait pas notre présence ici.

Notre hôte prit les devant et s’excuser pour l’attitude de cette nana déguisée en soldat :

– Veuillez pardonner, Aurora. Elle est très méfiante par nature et n’aime pas beaucoup les étrangers… il faut dire que cela fait des années que personne n’était venu nous rendre visite.

– Qui êtes-vous et qu’est-ce qu’on fout là ?

Léila et sa délicatesse… Mais pour une fois, j’étais totalement d’accord avec elle. Qui pouvait bien être ce personnage étrange qui se tenait devant nous ? De longs cheveux gris en bataille, les traits tirés par la fatigue, le teint blafard presque translucide, une blouse blanche couvrant son corps chétif… la caricature du scientifique fou qui n’était pas sorti de son labo depuis des semaines.

– Je me présente, je suis le créateur de Gattaca. Ryan Florigan.

Ryan Florigan. Ce nom ne me disait rien, mais sa voix ne m’était pas inconnue. Comment c’était possible, merde ?

– Foutaises ! Vous ne pouvez pas être Ryan Florigan, cracha Léila.

– Et pourquoi, je vous prie ?

Léila prit un air haineux et avança d’un pas vers Ryan.

– Tout simplement parce que Ryan Florigan était un scientifique hyper médiatisé, mort il y a un peu plus de trente ans. L’architecture du processeur utilisé pour l’intelligence des synthés est basée sur ses travaux.

Un silence menaçant s’imposa. Un silence qui ne dura pas plus de quelques secondes au cours desquelles personne n’osait plus bouger. Et soudain, le visage de ce soi-disant Ryan se crispa en un sourire étrange.

– Vous me semblez bien renseigner pour une simple flic de la surface… une synthé, c’est ça ?

Léila ne répondit pas. Elle restait sur la défensive, prête à attaquer au moindre geste inquiétant.

– Oui… c’est bien ça. Et vous avez accès aux ressources de votre IAC à cette profondeur ?

– Non ! Vous le savez parfaitement. Toutes mes liaisons sont brouillées depuis qu’on a foutu un pied dans votre putain de vaisseau. Maintenant, répondez à ma question ! Qui êtes-vous ?

La scène me paraissait totalement irréelle. Ryan et Léila se tournaient autour, chacun jaugeant son adversaire avant l’affrontement.

– Comme je vous l’ai dit. Je suis Ryan Florigan. Enfin… une version améliorée. Vous avez raison, Ryan Florigan est décédé il y a 32 ans exactement. Mais pas sans avoir réussi l’impossible : le transfert de pensée de l’homme vers la machine. Et me voilà !

J’étais dans un putain de cauchemar ! Je me trouvais six pieds sous terre, dans un jardin tropical artificiel, en compagnie de robots en tout genre. Fantastique !

Léila ne s’était pas détendue. Et moi, je restais comme un con, ne sachant quoi faire : me barrer le plus vite possible ou foncer dans le tas ? L’un comme l’autre me semblait fou et sans issue. Je n’avais aucune chance de survie à la surface et encore moins face à un synthé. Alors, je faisais profil bas, guettant la moindre ouverture.

Aurora prit alors la parole :

– Si vous restez sages, tout se passera bien. Je vais vous conduire à Monsieur le Maire. Il vous expliquera pourquoi vous êtes ici.

– Putain, non ! Et si on refuse de vous suivre ? C’est bon, on a été bien assez patient, jusque-là !

J’avais craqué. J’étais hors de moi, complétement saoulé par toutes ces conneries. On nous baladait depuis des heures. Passant de machine en machine sans que jamais personne ne réponde à nos questions. S’en était trop ! Si le maire voulait nous voir, qu’il bouge son cul !

Une explosion venant du fond du jardin nous fit tous sursauter. Une fumée épaisse envahit l’air, me faisant suffoquer. Tout se mit à tourner. Je ne voyais plus rien. Je finis par m’écrouler sur le sol.

Léila se précipita alors vers moi pour me mettre à l’abri dans le couloir. Et avant que l’air ne devienne toxique ici aussi, elle força la porte pour qu’elle se referme derrière nous.

– Putain, c’était quoi ça ? souffla ma coéquipière.

Mais impossible de lui répondre. J’étais déjà parti…

 

Texte de L.S.Martins (45 minutes chrono, sans relecture).

Image par GeorgeB2 de Pixabay : Futuriste Galaxie La - Image gratuite sur Pixabay

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