Ysak

Ysak se réveilla dans le noir, allongé sur le sol de sa prison, baignant dans son propre sang. Il tenta de se remémorer les interminables minutes qui avaient précédé sa chute, mais son esprit était confus. 

Il avait observé l'ancien Hiotis entrer d'un pas lent et menaçant dans sa cellule pour s'installer sur l'unique meuble, une antique chaise en bois. Il était là pour profiter du lamentable spectacle que son larbin comptait lui offrir. 

Diago était un expert en torture. Un maître dans l'art. Aucun des autres gardes n'était aussi doué que lui. Aucun n'avait été capable de lui faire aussi mal. Chaque coup était calculé, parfait. Aucune partie de son corps n'avait été épargnée. Il n'était plus qu'un tas de viande sanguinolent et douloureux. 

Pourtant, malgré la souffrance, Ysak se sentait particulièrement bien. Fort. Il n'était plus aussi faible qu'il y a quelques heures. Une énergie inhabituelle vibrait dans chacune de ces cellules, crépitait sur sa peau meurtrie. 

Il essaya alors de se relever pour inspecter l'étendue des dégâts et peut-être panser les blessures les plus graves. Mais un vertige l'obligea à prendre appui sur le mur pour ne pas s'effondrer sur le sol froid. Il se laissa lentement glisser contre les pierres saillantes et ferma les yeux.

Diago

Gordred n'avait rien remarqué. Il souriait à chaque coup assené, à chaque gémissement poussé. Diago pouvait l'entendre se gausser devant ce spectacle immonde qu'il était obligé de donner.

Diago se détestait. Il était le meilleur pour ca. La torture a toujours été un art qu'il maîtrisait parfaitement. Auparavant, il y aurait pris du plaisir. Il aurait pleinement savouré le bruit étouffé du choc de ses points sur ce corps mou. Il aurait jubilé devant la souffrance infligée par la seule force de ses mains puissantes. Il aurait apprécié la douce musique des plaintes et des sanglots de sa pitoyable victime.

À présent, tout cela le rendait malade. Pourtant, il n'avait pas faibli. Il n'avait pas hésité un seul instant pour protéger ce garçon. Il ne craignait pas pour sa vie, mais pour celle d'Ysak. Lui n'avait aucune valeur, mais le jeune homme à ses pieds représentait l'avenir.

Alors Diago avait fait ce qu'il avait à faire : il avait cédé à Ysak toute sa magie, jusqu'à la dernière goutte. Tout en le brisant, Diago avait profité de chaque coup pour lui insuffler un peu de son essence élémentaire.

À la fin de cette démonstration de force, Diago et Gordred avaient quitté la cellule laissant Ysak presque mort. À aucun moment, Gordred ne s'était douté du tour que lui avait joué son tortionnaire préféré. Ou, en tout cas, il n'avait rien laissé transparaître. Il avait simplement quitté la tour pour se rendre dans ses appartements. 

Diago, épuisé, espérait que le message était passé. Que la puissance qu'il avait délibérément donné à Ysak lui permettrait de s'échapper de ce cauchemar. Et à peine avait-il atteint la taverne à quelques rues de la prison qu'une EXPLOSION souffla la grande bibliothèque d'Ysaldore. 

Diago avait réussi. Ysak était libre.

Image créée par Cédric Gérard à l'aide de l'IA Midjourney. 
Texte de L. S. Martins (45 minutes sans relecture)