Episode 13 : Message
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Episode 13 : Message
Diago avait passé la vigilance des gardes. La fouille s'était déroulée sans encombre. Comme il l'avait prévu, les autres ne furent pas étonnés de voir tomber plusieurs as de sa manche. Ils en ont ri et se sont moqués de lui.
— Rappelle-moi de te vider les poches avant notre prochaine partie, lui avait dit celui en charge de l'inspection.
Diago s'était contenté d'un clin d'œil et d'un sourire malicieux avant de ramasser les cartes et de se diriger vers la cellule d'Ysak.
— Attends ! cria l'un des mages.
Diago se stoppa net. La lettre brûlait dans ses doigts, reprenant forme peu à peu. Il se hâta de la camoufler dans sa veste et se retourna, prenant un air penaud.
— Tiens, apporte lui son repas pendant que t'y es. Il n'a rien eu depuis ce matin.
On lui tendit un morceau de pain rassis et un verre d'eau sale qu'il réceptionna avec un air dégoûté.
— T'as rien d'autre ? Je me suis rien mis sous la dent depuis hier et j'espérai bien lui piquer sa bouffe, à ce morveux.
— Non, désolé. Il avait une pomme en plus, mais je l'ai déjà mangé !
— Merde ! Ça m'apprendra à être en retard... souffla Diago.
Les autres se mirent à rire. Le mage lui claqua une main dans le dos et le poussa vers les escaliers.
— Allez, ne fais pas trop attendre Gulrote. Il était déjà d'une humeur détestable avant de monter...
Diago monta deux à deux les marches et arriva en haut en quelques secondes à peine. Il se trouva nez à nez avec un géant au visage fermé. Il grogna des mots incompréhensibles à l'attention de Diago avant de partir.
Enfin seul, Diago se débarrassa du repas infâme qu'il avait dans les mains et chercha la carte dans sa veste, mais il était trop tard. Elle disparut dans un nuage de fumée. Il avait gaspillé trop de temps avec les gardes et n'avait pu réagir avant la destruction du message destiné à Ysak. Heureusement pour lui, il avait pris soin d'en apprendre le contenu par cœur. Le plus difficile restait à convaincre Ysak qu'il ne s'agissait pas d'un piège...
— Ysak... chuchota-t-il à travers les barreaux sombres de la porte.
Il perçut un mouvement dans la pénombre, mais ne reçut aucune réponse.
— Ysak ? J'ai un message pour toi... de la part des magiciens qui vivent dans les bois enchantés... continua Diago.
Le visage d'Ysak apparut alors devant lui. Il avait l'air épuisé et était très amaigri. Ses cheveux étaient collés sur son crâne, du sang séché couvrait la peau de son front. Il avait été battu. Par qui ? Gordred avait été clair : il était interdit de le toucher.
— Qu'est-ce que vous me voulez ? Encore un piège pour mieux me tabasser ? cracha Ysak.
Dans ses yeux, brillaient haine et peur. La tâche risquait d'être plus ardue que prévu. Voilà près de deux semaines qu'il avait été enfermé ici. Il voyait tous les jours un nouveau garde devant sa porte et visiblement, nombre d'entre eux s'était joué de lui. Jamais il ne croirait Diago. C'était peine perdue.
— Je ne suis pas là pour te faire du mal, le rassura Diago.
— Bien sûr ! Comme tous les autres ! J'ai arrêté de compter le nombre de fois qu'on m'a dit ça ! Chaque fois, c'est la même chose : vous ouvrez la porte, vous vous approchez doucement et lorsque vous me tenez, vous me secouez pour obtenir je ne sais quelle information. Sauf que je ne sais rien. Je ne connais aucun magicien. J'ignore tout de leur plan...
Ysak laissa échapper un cri étouffé, un sanglot sans larmes, qui révélait une détresse immense. Il disparut dans l'obscurité de sa cellule, laissant Diago seul et désemparé. Comment allait-il remplir sa mission ? Il ne pouvait pas prononcer les mots de Purios à voix haute. Il se savait écouter. Il pouvait sentir la magie dans les murs... Son unique espoir était de faire comme ses prédécesseurs : entrer et frapper le pauvre prisonnier tout en lui soufflant le message.
Il sortit le trousseau de clés et déverrouilla la lourde porte métallique. Le grincement fit sursauter Ysak qui se recroquevilla au fond, contre le sol immonde. Diago avança vers lui d'un pas résolu et attrapa le jeune garçon par le col.
— Fais comme si je te frappais. Cri et gémi...
Mais alors que Diago levait la main pour lui assener une grande gifle, la porte se claqua derrière lui et un rire grotesque résonna dans la minuscule pièce.
Texte de L. S. Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image créée par Cédric Gérard à l'aide de l'IA Midjourney.