Lui et Moi.
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Lui et Moi.
Il est l’Homme.
Dieu l’a créé le sixième jour, à son image ... début difficile : l’homme marchait à quatre pattes et ne parvenait pas à se redresser malgré les savants calculs divins. Victoire enfin ... mais il s’ennuyait, alors Dieu lui créa une compagne à partir de l’une de ses côtes ...
Je suis la Femme, chose de l’homme me dise les écrits anciens, mais cela reste si ce n’est une certitude un rêve pour mon compagnon. Je suis soumise, belle et silencieuse.... mais la réalité est bien différente !
Il est l’homme, le guerrier, le chasseur, père nourricier, sauveur et persécuteur. Il organise la vie, il invente la société ... lui, toujours au nom de Dieu, ou s’est-il affranchi ? Il est le maître, mais pour l’être il lui faut inventer les êtres inférieurs : les esclaves, les cerfs, les valets, les grouillots, les employés, les subalternes. La hiérarchie ne s’est pas faite le septième jour de la création, mais au fil des ans et des siècles... et Dieu, dans tout ça ?
J’ai cédé aux désirs de mon homme et maître, j’ai séduit pour ne pas tomber dans le troupeau des esclaves, des servantes, des répudiées... J’ai enfanté et pris en mains l’éducation de mes filles, et de mes fils. Ces derniers m’ont été enlevé souvent très jeunes afin que leur éducation soit virile donc parfaite. J’ai pleuré de ces séparations.
Il a guerroyé, festoyé, exécuté, honoré, adoubé, décapité, exterminé. Il est dictateur, bon roi, empereur, président, terrible et charmant, charmeur et cruel ... Il honore son épouse, flatte sa maîtresse, agrandit son harem, interdit la polygamie mais se l’autorise parfois.
J’écoute mon homme, mon maître et j’ose parfois une parole, puis une autre qui ressemble à un conseil. S’il ne hurle pas en m’intimant l’ordre de me taire, ou ne me frappe pas, je sais que mes mots le touchent, l’interpellent, ne seront pas oubliés. Je prends conscience de ma valeur et prends doucement de l’assurance, mais en secret. Je peins, j’écris de la musique, j’écris ... mais personne ne s’y intéresse. Peut-être un jour
Il invente, crée, découvre, enseigne aux garçons et aux filles de plus en plus nombreuses dans les écoles collèges lycées ... Il est admiré, connu et reconnu. Médaillé par ses pairs, honoré par la société entière. Monsieur, maître, professeur, ingénieur, auteur, ministre, sénateur, compositeur. Il est sur toutes les plus hautes marches et semble régner sans ombre pour l’éternité. Il séduit toujours, désire et obtient ce qu’il veut même des plus belles femmes, mais ...
Je suis le même cursus scolaire et universitaire que l’homme, j’aspire aux mêmes carrières. Je me marie et je travaille. Je suis plus absente : grossesse, congé maternité, absences pour maladie d’enfants ... mon salaire est moindre puisque je suis moins régulière, mais surtout que je suis femme ! Pourtant je ne lézarde pas : journée de travail, les enfants – devoirs, bains repas, coucher après une histoire- et lui rentre, je le sers, il se plonge dans son journal et moi dans l’évier. Je ne me plains car j’ai voulu cet emploi ... bien sûr son salaire suffisait ! Je milite, je revendique mes droits, déclare que mon corps m’appartient, que je n’aurai que des enfants désirés...
Lui aussi revendique ses droits, celui d’être père. Mais il ne perd pas sa supériorité musculaire. Il assouvit ses pulsions sans état d’âme, se tape sa secrétaire la conscience tranquille. Il crée des boutiques de mode pour hommes pour tous les budgets, il invente les cosmétiques masculins autre que la mousse à raser. Il apprivoise son côté féminin sans équivoque. Il invente même la parité, mais ne perd pas ses avantages financiers ... les gros salaires restent siens !
Je n’ai plus peur, je dénonce les violences sexuelles subies depuis la nuit des temps. Je clame haut et fort que cet inconnu, ce proche, ce père, mon mari m’a abusé, violé ! J’ose dire non. J’ai soufflé dans l’oreille d’un homme que la parité était la solution en politique. Mais j’ai encore du mal à m’infiltrer dans le milieu de la finance et m’octroyer à emploi semblable le même salaire. Certains bastions sont férocement protégés.
Il admet que la femme a des dons de créations artistiques. Il ressort des trésors de musique cachés, des peintures.. Il prend des congés parentaux et devient père au foyer. Frustré de ne pouvoir enfanter, il porte avec fierté son nouveau né et aurait tendance à prendre beaucoup de place, toute la place...
Je suis la femme et me demande si la parité est physiologiquement logique ou normal. Je suis féministe mais avant tout mère, et si notre société faisait fausse route et déséquilibrait et désorganisait ce que Dieu voulut ? Mais quelles sont les intentions de Dieu ?
Eve a trente ans, pense à son enfance à ses jeux ses joies, à ses grands-parents et parents.
Se rappelle de la place de chacun et pense à voix haute : « Une mère est femme, un père est homme, un enfant reste un enfant et n’a pas à porter les soucis des adultes ni ceux de la société ».
Texte et Photo: Marie-Jo Duquesne