Episode 59 : Retour au pays natal
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Episode 59 : Retour au pays natal
Comment j’avais pu cautionner un truc pareil ? Pire, comment j’avais pu en avoir eu l’idée ? C’était tout simplement impensable. Jamais je n’aurais accepté de détruire pour survivre. Me rabaisser au niveau de ces connards de la haute sphère, impossible. Et pourtant…
Après les confessions de Léila, je m’étais enfermé, à l’abri des regards. J’avais besoin de réfléchir. De comprendre. Et pour ça, une seule solution : fouiller le dark-web. Partir à la recherche du moindre indice qui aurait pu confirmer ou invalider toutes ces conneries. J’avais débranché la machine pour m’enfuir sur le réseau avec pour unique compagne une suite infinie de 1 et de 0.
Tout semblait concorder. La mort de Moridan fils. Ma création. Ma rébellion. Ma fuite. Ma relation avec Léila. Notre implication au sein de la résistance… et notre reprogrammation. La plupart des rapports me concernant avaient été censurés, mais il avait été facile de recouper les informations disponibles avec les gros titres des tabloïds et les documents administratifs obligatoires comme les actes de décès ou encore les actes de mise en service des synthés. J’étais la version 2.1 du fils de cet enfoiré de Moridan, conçu en 2361, mis hors service à la suite d’une défaillance en 2374 pour être reprogrammé et entrer en école de police.
Une défaillance… Quelle bande de cons ! J’avais eu le malheur de marcher sur les traces du vrai Moridan, fils. J’avais rejoint la résistance pour lutter contre ces monstres qui gouvernaient tous. Le tuer une première fois ne leur avait pas suffi. Il avait fallu qu’ils recommencent en me court-circuitant et en jouant avec mon cerveau pour que je devienne un bon petit soldat. Manque de pot pour eux, ça n’avait pas tout à fait marché. Je n’avais pas été le fils docile tant espéré. Mais sans l’intervention de Florigan, aurais-je fini en cavale avec Léila et Joe ? Il avait tout manigancé pour nous remettre ensemble et me discréditer. Pourquoi ? Simplement par vengeance ?
– Moridan !
Léila. Toujours Léila. Elle ne pouvait pas me laisser tranquille une seconde… C’était trop demandé d’avoir la paix quelques instants ?
– Moridan, putain ! Reviens ! On a de la visite !
Et merde… Je reprenais doucement conscience de mon corps. Je me sentais soudainement à l’étroit. Quelle sensation étrange.
– Enfin, putain. Moridan, ça fait plusieurs jours que tu ne réponds plus.
– T’exagères, ça fait quelques minutes à peine que je me suis là.
– Pas du tout. Et apparemment, tu n’as pas été très discret parce que la cavalerie est sur nos traces. Je les surveille depuis un moment via le réseau de satellites. Ils ont changé de direction il y a deux heures et foncent droit sur nous. Et, à cette vitesse, ils seront ici dans deux jours max.
– Et on va où cette fois ?
– Que dirais-tu de regagner la ville et de porter secours aux survivants des attaques des nuits dernières ?
– Revenir sur les lieux de nos crimes… on a pas le choix, j’imagine.
– Nop. Pendant ta crise, je nous ai dégoté un véhicule dans l’usine où j’ai changé d’enveloppe. On l’a transformé avec Joe pour t’éviter la combi. On attend plus que monsieur…
Super. Au moins, le voyage sera moins désagréable. Direction la ville. Retour au pays natal pour admirer les dégâts de ma bêtise.
Texte de L.S. Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par brands amon de Pixabay : Apocalypse Ville Ruines - Image gratuite sur Pixabay