Episode 49 : Balise GPS
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Episode 49 : Balise GPS
Alors c’était ça. Voilà à quoi ressemblait en réalité mon cerveau. Un putain de circuit imprimé ! Il n’y avait plus aucun doute. J’étais bel et bien un synthé.
– Vous voyez la connexion, juste là ? C’est elle qui est responsable…
Pendant que Joe s’émerveillait devant son chef d’œuvre technologique, j’essayais vainement de digérer l’information. J’avais pourtant eu tout le temps de l’intégrer, mais ce n’était pas pareil lorsque vous aviez une preuve plus que concrète juste devant les yeux. Je ne pouvais plus nier. Je ne pouvais que constater et faire avec.
– … c’est tout bonnement incroyable… vous ne trouvez pas, Moridan ?
Incroyable ? Il parlait du câblage réalisé il y a six ans dans ma tête, pas d’un tableau de maître ou d’une création de la nature. Pas de quoi s’extasier, non plus. Mais je ne dis rien. Je me contentai de faire un petit signe de tête.
– Bon, voyons voir maintenant où se trouve cette puce…
Il déplaça le gros bras métallique sur lequel il avait installé un projecteur et balaya mon corps de son faisceau. Sur l’écran, face à moi, apparaissait un corps composé d’un squelette de métal et de tissus humain.
– Ah ! La voilà ! La coquine est bien cachée… pas certain de pouvoir vous la retirer…
– Comment ça ?
– Vous voyez le point lumineux sur votre cœur ? C’est elle. Ils l’ont greffée dans le tissu.
– Le prenez pas mal, Joe, mais comment vous pouvez en être aussi sûr. C’est peut-être qu’une tâche.
– Non, pas de doute possible. C’est bien elle. Elle émet un signal constant sur la même fréquence que les anciens smartphones. Dire que je pensais ce système de satellites Galileo HS. C’est incroyable qu’après tant d’années ce réseau fonctionne encore…
– Ok. En gros, je suis une balise GPS ambulante et vous pouvez rien pour m’aider.
– Je n’ai pas dit ça, mon ami. Je peux essayer de vous la retirer. Mais je ne suis pas chirurgien. Je vais avoir besoin de me préparer. Il y a des livres sur l’anatomie humaine dans la bibliothèque. Je vais devoir les potasser pour comprendre le fonctionnement complexe de ce muscle avant de tenter quoi que ce soit. L’idéal serait que je puisse m’entraîner avant, mais…
– On va zapper les travaux pratiques, Joe ! J’ai perdu bien assez de temps, comme ça.
Je me rhabillai et laissai Joe en pleine réflexion. J’avais besoin d’une bonne douche et un grand verre d’alcool. J’avais besoin de me sentir humain…
Assis sur le carrelage froid de la salle de bain, l’eau brûlante réchauffant ma peau, je réfléchissais. Une vapeur suffocante avait envahi la pièce et mon esprit. Je ne savais plus quoi penser. Ni comment réagir. Jusque-là, c’était mon désir de justice qui me poussait à me battre et à résoudre ce sac de nœuds. Je voulais démasquer Florigan et faire tomber tous ses complices. Je voulais mettre un terme à son petit jeu sordide. Et je voulais retrouver ma coéquipière et mon boulot…, mais à présent, tout était différent. Et je commençais sérieusement à me demander si mon combat avait encore du sens.
Texte de L.S. Martins (25 minutes chrono, sans relecture).
D'après Image par Gerd Altmann de Pixabay : Circuit Imprimé Numérisation - Photo gratuite sur Pixabay