Episode 34 : Positions obscènes
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Episode 34 : Positions obscènes
Un putain de bunker soviétique ! Ce taré nous avait donné l’adresse d’un abri antiatomique datant des années 1950.
Léila s’occupait en lisant tout ce qui lui tombait sous la main. Mais moi, sans un satané décodeur, je ne comprenais pas un mot. Je passais mon temps à ressasser toute cette histoire, cherchant une issue…
Deux jours. Deux putains de journées interminables que nous étions enfermés là-dedans. Les seuls points positifs, c’étaient les rations hyper sèches mais mangeables et de pouvoir enfin dormir dans un lit au sec. Et après plusieurs heures à essayer de rallumer le générateur, j’avais même pu prendre une douche bouillante, me changer et nettoyer ma combi pour notre prochaine sortie. Mais nous ne pouvions pas relâcher notre attention. Nous avions tous les flics de la planète à nos traces et notre cachette était connue de celui qui nous avait mis dans cette galère. Il y avait peu de chances pour qu’il nous ait envoyés ici pour nous aider…
– À quoi tu penses, le bleu ?
Léila était réapparu dans mon champ de vision. Le bunker était pourtant grand, mais non, elle devait me coller au cul !
Elle se laissa tomber lourdement sur le fauteuil, juste en face de mon immense lit, sans dire un mot et me regarda fixement. Chose que je détestai. J’avais la sale impression qu’elle essayait de rentrer dans ma tête. Et avec les synthés, tout était envisageable !
– Quoi ? Qu’est-ce que tu me veux encore, Léila ?
– J’ai une petite surprise pour toi… je crois savoir pourquoi Florigan nous a conduits jusqu’ici.
– Je t’écoute…
– Non, je préfère te laisser la surprise ! Suis-moi…
Je n’avais rien de mieux à faire, alors je ne me fis pas prier. Je me levai et quittai le confort de ma suite pour bourgeois et la suivis dans le couloir direction les étages inférieurs. L’odeur qui y régnait était infecte, une odeur de renfermée qui piquait de plus en plus les yeux. Je regrettai presque ma combi…
Léila disparut dans l’un des appartements du niveau -4. Niveau dédié aux pauvres mecs qui s’échinaient jours et nuits pour faire tourner le bunker : cultiver fruits et légumes dans les serres du niveau -3 ; entretenir le système de régénération d’air et d’épuration d’eau ; maintenir en état de marche le générateur ; s’activer en cuisine ; servir les plus riches et garder l’endroit le plus propre possible.
Je ne voyais pas vraiment ce qu’il pouvait y avoir de si intéressant… Les modes d’emploi des machines à réparer pour que l’on puisse finir nos jours ici ? Sans moi ! Hors de question que je reste planqué ici.
– Bon, tu te grouilles un peu !
Léila avait sorti la tête pour voir où je me trouvais et me gueuler dessus. J’étais impatient de savoir ce qu’elle me réservait, mais fis exprès de trainer des pieds pour la faire enrager. Je pouvais l’entendre souffler à travers la fine cloison. Plus je m’approchais de l’appartement, plus j’avais envie de gerber. Ça sentait fort. Très fort. Mais j’étais incapable d’identifier l’origine de ce fumeux nauséabond.
J’entrai en apnée dans la pièce et ne fus pas déçu par ma surprise. Tous les meubles avaient été poussés vers le fond de l’unique pièce. Sur les murs des tableaux couverts de poussière. Sur le sol des bougies fondues, des ustensiles étranges couverts de sang séché et des bocaux qui contenaient des organes baignant dans un liquide jaunâtre. Sans oublier les quatre corps momifiés, figés dans des positions obscènes. Une mise en scène macabre et indécente !
Je me retournai vers Léila pour l’interroger du regard. Avec un immense sourire, elle s’écria :
– On vient de retrouver nos disparus !
Texte de L.S.Martins (35 minutes chrono, sans relecture).
Image par Даниил Некрасов de Pixabay : Bunker Archiver Les Documents - Photo gratuite sur Pixabay