Episode 33 : Direction le Sud-Ouest !
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Episode 33 : Direction le Sud-Ouest !
Six jours de marche sous un de ces cagnards qui vous chauffe à blanc et vous dessèche. Six jours à suer dans cette combi insupportable qui puait la mort… et tout ça pourquoi ? Pour répondre à l’appel de ce taré de Florigan. Quelle connerie !
– On y est presque, le bleu. Arrête de traîner des pieds et bouge ton cul…
– Fait chier, Léila. J’en ai ras le bol. On fait quoi exactement ? Florigan nous mène en bateau depuis des mois et nous comme des cons, on continue à lui obéir…
– On a plus vraiment le choix, aujourd’hui. Il nous tient par les couilles. On peut pas revenir au bureau la bouche en cœur, comme si rien ne c’était passé. On est recherché pour le génocide de toute une colonie… Tu sais ce qui nous attend si on remet les pieds là-bas sans la tête de Florigan !?
– Je sais…
Putain, elle avait une nouvelle fois raison et ça me rendait fou. Ce taré nous avait coincés juste pour le plaisir. Juste pour se marrer. Quel enfoiré ! Son jeu de piste nous avait fait prendre la direction du sud-ouest. Mais le positif de la situation, j’avais évité un séjour sans retour dans les badlands !
– Le brouillard n’est pas nocif. Tu peux enlever ta combi et respirer un peu, le bleu !
Enfin… je ne supportais plus mon odeur dans cette coquille synthétique. Heureusement, mon dernier repas était loin ̶ plus de vingt-quatre heures ̶ sinon j’y aurais laissé mes tripes ! J’arrachai sans grand soin mon casque pour avaler une putain de bouffée d’air frais. Ce que je regrettai aussitôt ! Je crachai mes poumons sous le regard hilare de Léila. Elle s’était bien foutue de ma gueule. Alors oui je ne risquais rien, mais ce parfum de merde et de cadavre en putréfaction était bien pire que ce que j’inhalais depuis des jours.
– Désolée, c’était trop tentant. Et puis j’me suis dit que ça pouvait pas être pire que ton odeur corporelle…
Elle était morte de rire. Fière de sa connerie… Et maintenant j’avais un goût immonde dans la bouche, les bronches en feu et un putain de mal de crâne. Tout ça parce que j’avais été assez con pour faire confiance à Léila ! Je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même…
Je me redressai, limitant mes inspirations au strict minimum, pour regarder tout autour de nous. Ce paysage aux couleurs improbables ne m’inspirait pas vraiment confiance. Entre la végétation épineuse aux allures hostiles et le silence assourdissant, je n’étais pas vraiment très à l’aise. Et avec le soleil qui se faisait la malle, l’humidité qui sortait du sol me glaçait les os. Sans oublier que je ne sentais plus mes pieds. De la vraie charpie dans ces putains de bottes !
– Bon, on a intérêt à trouver une bonne planque. La nuit va pas tarder à tomber et j’ai pas envie de savoir ce qui traîne ici dans le noir…
– T’es sûr, le bleu ? Il nous reste que deux kilomètres avant d’atteindre les coordonnées laissées par Florigan. Peut-être qu’on y trouvera un coin sympa pour se la couler douce…
– Ou encore un piège avec plein de cadavres, de monstres et d’emmerdes ! Non, laisse tomber pour aujourd’hui. J’en peux plus. Je ne suis pas d’attaque pour encore une de ses surprises…
Léila fit une moue de dédain et s’éloigna. Elle avait le don de me faire chier…, mais avant même que je ne lui reproche son attitude à la con, elle revint vers moi pour m’indiquer un bâtiment en ruine parfait pour une nuit tranquille.
On s’y installa après avoir pris le soin de barricader toutes les ouvertures et allumer un feu. Putain ce que c’était bon ! Pouvoir enlever cet emballage en plastique et buller en regardant les flammes danser. Un bonheur de bien courte durée quand Léila se pencha vers moi avec le dossier de l’affaire Florigan.
– Je n’ai pas osé t’en parler avant, mais…
– Quoi ? Crache le morceau, Léila !
– Le chef a coupé toute liaison avec moi. Mais pas sans me laisser un dernier message : les conclusions de l’enquête sont sans appel. On est recherché sur tout le continent pour les deux cents meurtres sur le vaisseau. Ils ont envoyé Rex et Hax dans un putain de chenil à la con. Et ils reprennent toutes les affaires sur lesquelles on a bossé ensemble. Ce qui implique qu’ils vont revoir le jugement de Gram, mais aussi celui de ton frère. Il te soupçonne dans la mort de ton beauf à présent…
Je restai sur le cul. Essayant de digérer ces nouvelles totalement absurdes. Moi ? Le tueur de mon beauf ? Et qu’est-ce que venait foutre Gram dans toute cette histoire ? Putain !
J’étais incapable de répondre quoi que ce soit. Il n’y avait rien à dire. Nous étions devenus l’ennemi public numéro 1 après avoir risqué nos vies à maintes reprises ! Putain de système corrompu ! Et on n’avait plus personne vers qui nous tourner. Le chef ne pouvait plus rien pour nous sans y laisser des plumes. Mon père ? Non, il devait être bien trop heureux de me voir dans cette merde sans nom. Après tout, j’avais refusé la main qu’il m’avait tendue après cette sale affaire de meurtre.
Après un bref silence, Léila ajouta d’un ton solennel :
– On est seul, maintenant…
C’était la première fois que je voyais ses yeux briller. Des larmes de tristesse et d’inquiétude pour ses deux colosses restés derrière nous lors de notre dernière mission. Elle avait préféré les laisser au chef pour éviter d’avoir à les équiper de système de protection. À présent, elle le regrette amèrement. Et je la comprenais. J’avais fini par m’attacher à eux et je ne supporterai pas qu’on leur fasse du mal à cause de ce Florigan.
Je me perdis dans mes pensées, essayant vainement de mettre de l’ordre dans cette cacophonie. Tout partait en vrille. Et pourquoi ? Pour divertir un cinglé ? J’avais dû être un sacré connard dans une autre vie pour avoir un karma aussi pourri !
Texte de L.S.Martins (50 minutes chrono, sans relecture).
Image par PHY6 Heavy Industries de Pixabay : Apocalypse Ruines Dystopie - Image gratuite sur Pixabay