The Party (Sally Potter, 2017)
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The Party (Sally Potter, 2017)
Une réunion à huis-clos qui tourne au règlement de comptes: "Festen (1998)" de Thomas VINTERBERG? "Carnage" (2011) de Roman POLANSKI? "Le Prénom (2011)" de Mathieu DELAPORTE et Alexandre de la PATELLIÈRE? "Juste la fin du monde" (2015) de Xavier DOLAN? Tous ces exemples pour montrer que ce dispositif d'origine théâtrale est souvent utilisé au cinéma notamment pour son efficacité dû au respect des unités de lieu, de temps et d'action. "The Party" de Sally POTTER, version noire et corrosive (et noir et blanc!) du film coloré et burlesque de Blake EDWARDS s'inscrit parfaitement dans cette lignée. Son cocktail à base de satire du milieu bobo british fonctionne à l'aide de personnages borderline frisant la caricature mais qui parviennent parfois à faire mouche. La mise en scène est plutôt inspirée, soulignant le contraste entre les apparences (le couple uni qui fête le triomphe politique de madame) et la réalité (la déréliction en direct d'un couple qui n'en est plus un avec la revanche du mari sur sa femme carriériste et adultère). Cette mise à nu contamine les autres personnages, contraints à leur tour d'aller "cracher au bassinet" (c'est l'image qui me vient à la vue des nombreuses scènes où un ou plusieurs d'entre eux s'enferment dans les toilettes pour y vomir ou s'y confesser, la poubelle de la cour servant à l'inverse à tenter de cacher le ressentiment). Cela pourrait être juste un torrent de fiel dans la lignée directe du spécialiste de la satire en huis-clos qu'est Roman POLANSKI, heureusement le film va plus loin que le masque grimaçant et tente d'atteindre la chair à l'image de la coupure au genou de Janet (Kristin SCOTT THOMAS). Son mari Bill (campé par un Timothy SPALL considérablement amaigri) n'ayant plus rien à perdre décide de faire voler en éclats les "Secrets et mensonges" (1996) comme dans le film de Mike LEIGH. C'est le seul personnage qui n'est pas agité du bocal parce qu'il est en paix avec lui-même. Mais son acte lui vaut d'en prendre plein la figure au sens propre. A l'inverse la palme du rire est remportée par l'impayable Gottfried, le "coach de vie" légèrement illuminé (et au destin prédestiné avec un prénom pareil!) qui fait tache au milieu de tous ces british (et joué génialement par le regretté Bruno GANZ qui pouvait briller dans tous les registres). Il faut le voir méditer au milieu de la bagarre générale, jouer les conseillers spirituels, s'improviser docteur universel, tenter de réconcilier l'amant et l'époux trompé ("Vous avez déjà un point commun" ah ah ah!) et même essayer de réveiller les morts! Sans parler des échanges avec son épouse à la langue aussi tranchante qu'un rasoir (Patricia CLARKSON). Le couple de lesbiennes et l'avocat dépressif ont moins de relief mais complètent l'étude de mœurs de ce petit milieu. En revanche et en dépit de ce qu'en a dit la presse, je suis moins convaincue par la satire politique du système britannique, celle-ci existant à travers des allusions mais restant périphérique à l'histoire ce qui est logique avec le choix de filmer un noyau en intérieur. Au final "The Party" est un film bien troussé, excellemment interprété, contenant de beaux moments mais dont la durée très courte et le rythme effréné ne permettent pas de dépasser le stade du très bon divertissement.