Un air de famille
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Un air de famille
Romy et les gâteaux secs, Pleure pas mon cœur (Georgia Valalik-Romy Valalik/Romy Valalik), Barclay, 1991.
Le morceau est à retrouver ici.
Sororité
La Romy en question, qui partage l’affiche avec les biscuits apéro, doit être la petite sœur de Georgia, chanteuse de Douce Violence croisée récemment dans ces pages (la semaine dernière en fait). Je n’en suis pas sûr à 100 %, mais il y a de fortes chances, étant donné qu’elles portent le même patronyme plutôt singulier de Valalik, et qu’elles ont écrit ensemble les deux morceaux de ce 45 tours. Il y a aussi une vague ressemblance au niveau des yeux et surtout de la bouche.
Quant aux gâteaux secs qui lui collent à la peau, aucune idée, si ce n’est que celui de gauche a un vague air du José d’Hélène et les garçons.
Douce Violence
Dans les années 80, Georgia Valalik et Pascal Besserve, le duo de Douce Violence, n’avaient enregistré que deux 45 tours (Raconte pas ta vie en 85 et Si on rêve de toi en 86). La petite frangine ira un peu plus loin, mais guère : un album CD (Romy et les gâteaux secs) sorti en 1991 accompagné du single ici présent, quelques plateaux télé. On note d’ailleurs le sticker « découverte Sacrée soirée » sur la pochette de mon exemplaire.
Romy et ses petits beurre ne rencontreront jamais vraiment le succès. Air connu.
Sur le morceau, on retrouve Pascal Besserve aux arrangements, à la guitare et aux chœurs (à quoi servent les crackers si ce n’est à donner soif?) et Georgia Valalik à l’écriture.
Parallélisme
Chacune des deux sœurs a les pieds bien ancrés dans son époque, milieu des années 80 pour l’une, début des années 90 pour l’autre, épousant les circonvolutions musicales, esthétiques et capillaires flottant dans l’air du temps, sans succès.
« Attends mon cœur, je dors encore
Je suis au chaud dans tes draps
Attends mon cœur, je rêve encore
D’ores et déjà je... »
Romy livre ici une chanson d’amour assez touchante qui est l’exacte inverse de Raconte pas ta vie : l’une ne voulait pas se coucher, l’autre veut traîner au lit. Autres temps, autres mœurs. Ou autre personnalité, peu importe.
Elle a une assez jolie voix, rappelant celle de Vanessa Paradis de la même époque, ou préfigurant celle d’une chanteuse de la fin des années 2000 appelée Charlie dont le plus grand succès est un duo avec Mauss, qui passait pas mal à la radio, intitulé Je recherche (« c’était juste une ombre... »), servi par un clip un peu street art.
Le son était léché, l’imagerie aussi, les paroles soignées et évocatrices :
« Pleure pas mon cœur
Dans ce décor
Je te recréé sans fin ».
Il y a de la mélancolie mais pas trop, surtout une sorte de retenue touchante, passant par le murmure.
Appellation contrôlée
Le groupe de Romy aurait dû cartonner, il avait tout pour en tout cas. C’est bien dommage. Peut-être qu’avec un autre nom… Celui-là, j’ai beau le tourner dans tous les sens, je n’arrive pas à me décider : est-ce qu’il est totalement claqué ou juste un peu concon ? Amusant ou débile ?
Ni l’un ni l’autre, probablement, juste coincé quelque part dans la tristesse de l’entre-deux, dans la tourmente métaphysique et bidesque, qui rend incapable de dire s’il est mauvais au point d’en être bon. Soit la définition même du bide.
Enfin ne soyons pas trop pessimistes : un album, un beau single et une soirée avec Jean-Pierre Foucault, ce n’est déjà pas si mal.