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Chapitre 72

Chapitre 72

Pubblicato 31 mag 2025 Aggiornato 31 mag 2025 New Romance
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Chapitre 72

Les mois s’enchaînaient, lents, cotonneux, faits de gestes minutieux et de silences partagés. Le matin, Samuel partait tôt. Il posait toujours un baiser au creux de mes cheveux, glissait une tasse de thé tiède sur la table de nuit, et murmurait quelques mots, les mêmes presque chaque jour — « Je reviens vite » — et cette constance dans ses gestes, cette régularité protectrice, avait fini par m’apaiser davantage que n’importe quelle promesse.


Je le regardais parfois s’habiller. Il s’efforçait d’être discret, mais ses mouvements avaient retrouvé une précision différente, moins tendue, plus ancrée. Il me laissait une odeur de café, de lessive, de lui. Et je restais là, seule, à écouter la porte se refermer, puis le monde au-dehors s’étirer sans moi.


Le temps avait changé. Le printemps s’installait lentement sur les rebords de fenêtre. Je voyais les feuilles danser derrière les carreaux. Et moi, j’attendais.


Mon ventre s’était arrondi au point que je peinais à voir mes pieds. Il devenait territoire. J’y posais mes mains par réflexe, plusieurs fois par jour, comme pour m’assurer que la vie s’y accrochait encore. Chaque mouvement me rassurait, chaque accalmie me glaçait. Mais au fil des jours, un rythme s’était installé. Ce bébé grandissait. Il tenait bon. Et moi aussi, à ma façon.


Les visites médicales devenaient moins alarmantes. On ne parlait plus de risque, mais de précaution. Les médecins souriaient davantage. Un d’eux m’avait même dit : « On approche de la ligne d’arrivée, et vous avez fait un parcours sans faute. »


J’avais souri poliment. Mais ce jour-là, en raccrochant l’appel vidéo, j’avais pleuré. Parce qu’enfin, quelqu’un avait mis des mots sur ce que je portais. Pas seulement un bébé. Mais une lutte. Une résistance.


Et puis, chaque soir, Samuel rentrait.


Avec lui, l’air changeait. Il ouvrait les fenêtres, me racontait les journées comme des contes. Il mimait Sophie, catastrophée d’avoir trop dosé le sucre dans une crème. Il imitait Steve tentant d’impressionner la brigade avec un flan au goût de chewing-gum. Il me disait les regards de Michael, les sourires discrets, les mots glissés à mon intention.


— Sophie dit que sans toi, personne ne dit non à ses idées. Et que du coup, ils ont goûté une ganache à la moutarde aujourd’hui.


— À la moutarde ? J’ai grimacé, les yeux ronds.


— J’ai dit qu’on l’attendait pour l’épreuve culinaire de l’absurde.


Je ris. Pour la première fois depuis des jours, un vrai rire, éclatant, profond, qui secoua même un peu mon ventre.


— Hé ! avait-il aussitôt dit, faussement inquiet, le regard rivé à mon ventre. Tu vas réveiller l’animal.


— Trop tard. Il tape déjà.


Il était venu poser sa main sur mon ventre, les yeux brillants. Ce geste, maintenant devenu presque rituel, était aussi une caresse offerte au futur. Une manière de dire : je suis là. Je vous tiens, tous les deux.


Et puis venait ce moment que je préférais entre tous : celui où il sortait son carnet. Un vieux carnet à la couverture noire, un peu gondolé, dont les pages étaient déjà remplies de croquis, de notes, de chiffres, de tâches de chocolat et d’huile de noix. C’était là que prenait forme la création qu’il présenterait aux Jeux Olympiques.


Mais à chaque page tournée, je savais que c’était aussi un peu la mienne.


Nous rêvions ensemble.


— Je pensais partir d’un sablé aux graines torréfiées, avait-il dit un soir. Quelque chose de rugueux, de brut, comme une base solide. Et dessus… une mousse au sarrasin. Un praliné presque amer.


— Et quelque chose d’acidulé, j’avais ajouté. Une touche vive. Du citron vert, peut-être. Ou un cœur à la framboise, avec un confit à peine sucré.


Il avait levé les yeux vers moi, son regard vert fendu d’or, amusé, tendre.


— Tu veux toujours m’emmener sur des terrains risqués, Paule.


Et là, j’avais soufflé, un sourire en coin :


— C’est pour ça que tu m’aimes un peu, avoue. Pour mes idées farfelues.


Aussitôt, j’avais baissé les yeux, un peu trop vite. Comme si mes propres mots m’avaient échappé. Comme si je n’avais pas voulu dire ça. J’avais ajouté, à mi-voix, faussement légère :


— Enfin… façon de parler.


Il n’avait pas souri tout de suite. Il m’avait regardée longuement, et dans ses yeux, quelque chose s’était mis à vibrer plus fort que d’habitude. Puis, sans détour, sans détourner le regard, il avait soufflé :


— Ce n’est pas pour ça que je t’aime, Paule.


Je n’ai pas bougé. Il a continué, d’une voix grave, maîtrisée, mais incroyablement nue :


— Je t’aime parce que tu es le seul endroit où je peux poser ma colère sans qu’elle me brûle. Parce que tu me regardes comme si j’étais plus que ce que je suis. Parce que même dans tes silences, tu fais de la place pour moi. Je t’aime parce que tu me connais jusqu’au bord, et que tu restes. Ce n’est pas un amour joli. Ce n’est pas un conte. C’est un amour ancré, viscéral, entier. Et je te le donne. Entier. Même les parties que j’ai appris à cacher.


Je l’ai regardé. Longtemps.


Puis j’ai simplement dit :


— Je t’aime aussi.


Droit dans les yeux. Ni plus. Ni moins.


Et dans ce silence-là, plus rien n’était à ajouter.


Le reste du soir, on a parlé de ganache montée, de glaçage miroir, de décor végétal en chocolat. Il voulait un effet de racines. De la terre. De la vie.


Et je savais qu’il parlait de nous.


Le lendemain, le médecin a appelé.


Il m’a parlé de ralentissement, de fatigue du bébé, de paramètres à la limite.


— Je pense qu’il est temps. On va déclencher. Rien d’alarmant. Juste… il faut y aller.


Je l’ai remercié. J’ai raccroché.


Et je suis restée là. À regarder l’appartement. À regarder ma vie. À sentir cette chose ancienne et nouvelle monter en moi.


Samuel


Quand elle m’a dit que c’était pour demain, j’ai posé mon carnet. Lentement. Je n’ai pas parlé. J’ai juste glissé ma main contre sa nuque, et je l’ai attirée contre moi.


Il n’y avait rien à dire.


Juste ce silence, là, entre nous.


Le soir, on a dîné dans le lit. Elle s’est endormie tôt. Je suis resté à la regarder dormir, longtemps. La main sur son ventre.


Et j’ai pensé : demain, on sera trois.


Paule


Il faisait encore nuit quand je me suis levée. Je tremblais sans raison. Samuel a refermé mes boutons. Il a mis nos affaires dans une petite valise. Puis il a pris ma main, et on a pris l’ascenseur.


Dans le taxi, je n’ai pas regardé dehors. Je fixais mes genoux. Mes mains jointes. Le froid. L’attente. Le vide avant le bond.


À l’hôpital, tout a été fluide. La chambre était claire, presque douce. Le drap sentait le propre.


Samuel m’a regardée, longtemps.


Et j’ai murmuré :


— Il… ou elle… va venir.


Il a répondu sans ciller :


— Et je serai là.


Je l’ai cru.


Et dans ce silence-là, j’ai su qu’on avait déjà franchi quelque chose.


Le plus grand passage de tous.

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